150 ans de maires
à la tête de Lons-le-Saunier
12 maires
En 150 ans, à peu près, 12 maires se sont succédé, soit une moyenne de 12,5 années par maire.
Ce qui équivaut à environ deux mandats chacun. Certains ont eu une présence plus brève, d’autres beaucoup plus longue comme le sortant, Jacques Pélissard avec 5 mandats d’une durée de 31 ans.
Camille Prost a été maire durant 22 ans.
La brièveté des notices exclue la possibilité de l’exhaustivité des réalisations de chacun des édiles. Nous avons seulement essayé d’en citer les principales et les plus pérennes. Par ailleurs, l’évolution de l’organisation des communes avec les communautés de communes puis désormais pour Lons avec ECLA dans la répartition des compétences, rend difficile l’attribution de tel ou tel projet à la commune d’implantation, même si sa participation financière reste la plus importante.
Camille Prost: maire en deux temps
Camille Prost aura profondément marqué l’image de la ville. Né à Lons le 30 juin 1834, il poursuivit l’activité bancaire de son père et développant sa banque joua un rôle important dans l’activité économique du Jura. Il devint d’ailleurs premier censeur lors de la création de la succursale de la Banque de France dans le département. Il sera également le premier président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (1885-1892 puis 1899-1901). Il sera par ailleurs conseiller général (canton d’Orgelet) et président de la Société d’Emulation.
Devenu maire en 1874 à quarante ans, il le reste jusqu’en 1884, puis de nouveau de 1888 à 1900. Il décède en mai 1901 à Cannes, des obsèques solennelles furent célébrées à l’église des Cordeliers.
Une avenue porte son nom, qui longe le parc dont il fut à l’origine, suivant personnellement l’aménagement au jour le jour, avec l’installation de l’établissement thermal (inauguré en 1893 et réalisé par Henri Grenat) et le premier casino jeux. Sous son mandat fut construit le lycée de filles (aujourd’hui le collège Briand) en 1896, lança la restauration du théâtre 1891), furent érigées les statues de Rouget de Lisle (inaugurée le 14 juillet 1882) et le Monument du Souvenir Français (1895) sans oublier l’agrandissement de l’hôpital en 1897. Il est aussi à l’origine de l’agrandissement territorial de la ville de Lons-le-Saunier.
Louis Rousseau: créateur du lycée de filles
Né le 24 Octobre 1827 à Saint-Amour, Louis Cyprien Rousseau s’établit comme architecte avant 1860 à Lons-le-Saunier. Il devient conseiller municipal en 1882 et remplace le maire Camille Prost à partir de mai 1884 jusqu’à la fin du mandat en mai 1888. Il est alors réélu simple conseiller, Camille Prost ayant repris le poste de maire. En tant qu’architecte départemental c’est lui qui a conçu le lycée de jeunes filles avenue Briand (aujourd’hui collège Briand).
Il décède le 24 Avril 1906. Une rue porte son nom.
Edmond Chapuis: un médecin constructeur
Succédant à Camille Prost, Edmond Chapuis est né à Lons-le-Saunier le 15 Décembre 1855. Médecin, il est élu au conseil dès 1884 et devient adjoint. Il sera le premier magistrat aux élections de 1900 et le restera jusqu’en 1912. Il sera aussi élu conseiller général de 1898 à 1912, deviendra député en 1906, réélu en 1910 et 1914 (radical).
Avec la guerre, il est désigné pour diriger le service de santé à Lons qui accueille notamment les blessés. Il décède le 18 décembre 1915.
On lui doit la construction de la Poste centrale, de 1910 à 1912, auparavant située rue Tamisier et il sera le premier maire de Lons à disposer d’une ligne téléphonique ! Sous son mandat et dans le même temps sera réalisé l’immeuble de la Caisse d’Epargne, ainsi que les premières constructions du quartier des Mouillères. Après l’incendie du théâtre en 1901, il lancera la reconstruction, achevée en 1903.
A noter que tous ces grands travaux ont été entrepris par Henri Grenat, entrepreneur de travaux publics. Une rue porte son nom depuis 1924.
Louis Legrand: maire pendant la Grande Guerre
Natif d’Ornans où il voit le jour le 7 Mai 1864, Louis, Jean, Claude Legrand s’était établi Pharmacien à Lons. Adjoint dans la municipalité d’Edmond Chapuis, il devient maire en 1912. Poste qu’il quittera en décembre 1919.
Compte tenu des circonstances de la guerre, il ne put guère réaliser de grands projets mais eut la lourde charge d’annoncer aux familles les « Morts pour la Patrie ». Ce qu’il faisait ceint de son écharpe tricolore et coiffé de son haut de forme noir. À noter aussi qu’il arrachait les dents dans son officine. Avant la guerre, il fut conseiller d’arrondissement de Lons. Décédé le 22 Juin 1925, il est inhumé à Doucier.
Jules Lebrun: maire et auteur dramatique
Parisien d’origine où il naît le 6 Avril 1874, Jules Lebrun s’installe comme avocat stagiaire à Lons vers 1900. Il deviendra bâtonnier, passera magistrat (juge de paix suppléant et président du tribunal de Baume-les-Dames) et redeviendra avocat. L’écriture le titille et il publiera divers ouvrages, auteur dramatique amateur sous le pseudonyme d’O. Fabieneus. Elu maire en 1919 (radical modéré) il le restera jusqu’en 1929.
Pendant son mandat, en 1922, fut édifié le monument aux morts (qu’il ne put inaugurer étant malade). Mais le 26 Mai 1923 il eut l’honneur d’accueillir le président de la République Alexandre Millerand pour l’inauguration du Pavillon Pasteur à l’hôpital de Lons à l’occasion des festivités du centenaire de la naissance du grand savant. Un médaillon commémoratif y fut scellé. Ce bâtiment a été démoli à la fin des années 80. Il décède à Lons le 21 avril 1955.
Edouard Guénon: son nom pour le parc
Il est né à Bourg-en-Bresse le 23 Décembre 1867. Négociant, il exerça deux mandats de maire. Adjoint de Jules Lebrun, il le suppléa lors de la grandiose inauguration du Monument aux Morts de la Grande Guerre en 1922, puis lui succéda en 1929. Réélu en mai 1935, il démissionna en Juin 1936, bien que radical, alors que son parti était membre du Front Populaire qui venait de remporter les élections générales. Il redeviendra premier adjoint de Louis Mareschal en 1942.
Il décède à Lons le 3 Octobre 1952. Le parc des Bains porte son nom, même s’il ne joua aucun rôle dans sa réalisation puisque c'est Camille Prost qui a lancé sa réalisation.
Charles Censelme: le mandat écourté
S’il était né le 19 Octobre 1878 en Haute-Saône, Charles, Joseph, Henri Cencelme était d’origine jurassienne. Il fit d’ailleurs ses études secondaires au lycée à Lons et son maire fut adjoint au maire de Lons.
Durant la guerre de 14/18, son comportement courageux lui permit d’obtenir la Croix de Guerre. Il était Officier de la Légion d'Hon’eur.
Ses études le conduisirent à devenir ingénieur agricole et se révéla un animateur précieux de la Société de viticulture du Jura. Elu sénateur en 1932 (radical-socialiste) il se montra un ardent défenseur de la viticulture. Adjoint d’Edouard Guénon, il devint maire à la démission de celui-ci en 1936, mais devait décéder quelques mois plus tard le 7 Août 1937.
Il était également conseiller général du chef-lieu.
Louis Mareschal: maire sous l'occupation
Comptable puis expert-comptable et syndic de faillite, Louis Henri Mareschal était né le 12 Mars 1887. Auteur d’une belle guerre en 1914/1918, il obtient la Croix de Guerre, la Médaille Militaire, est élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur. Il devient après le conflit président départemental des anciens combattants.
Elu conseiller municipal et adjoint du maire Edouard Guénon en 1935, il devient maire à la démission de celui-ci en Juillet 1937, et est confirmé par l’Etat Français en 1941 à l’issue du mandat. Il est démis de ses fonctions en 1944, dès le 25 Août, par le Comité de libération du Jura. Il décède le 10 Février 1971.
Pendant les années de guerre et d’occupation il est responsable du Secours national. Sous son mandat, en 1942, sont lancés les premiers travaux de couverture de la Vallière. Ils seront interrompus en 1944.
Paul Seguin: les grands travaux d'après guerre
Originaire de Messia où il naît le 9 Novembre 1885, Paul Seguin fut désigné maire par le Comité de libération de la ville le 26 Août 1944, confirmé quelques jours plus tard officiellement par les autorités. Employé de commerce puis négociant en spiritueux, il dirigea la ville pendant plus de 20 ans, jusqu’en 1965, âgé de près de 80 ans. Il s’attacha à gérer la ville dans cette période délicate de la reconstruction et sut achever de grands travaux déjà engagés puis lancer la modernisation de la commune tout en se montrant économe des deniers publics. Il n’hésitait pas aussi à monter sur les planches au théâtre pour animer ou faire le Père Noël.
On retiendra naturellement la poursuite et l’achèvement de la couverture de la Vallière (il est à gauche sur la photo) et du Solvan (en 1955/1965 réalisée par l’entreprise Tonetti), le lancement du projet de la Marjorie et de la zone industrielle, la création de nouveaux quartiers périphériques tels Les Toupes, la construction de l’immeuble de la Sécurité Sociale avenue Briand etc.
Il fut aussi conseiller général de Lons de 1945 à son décès survenu le 15 Juin 1967, sénateur (radical) de 1955 à 1959 et officier de la Légion d’Honneur. Une avenue porte son nom.
René Feït: à l'heure des 30 glorieuses
Lyonnais d’origine, où il naît le 22 Octobre 1920, René Feït arrive à Lons en 1959. Chirurgien, gynécologue, il exerce à la Clinique du Jura. Il entre dans la municipalité de Paul Seguin dès l’année de son arrivée et devient son adjoint. Il lui succédera en 1965. Réélu en 1972, il sera battu en 1977, siégeant un mandat en leader de l’opposition.
Sous ses deux mandats, un grand nombre de réalisations sera mené à bien. Ce sera la concrétisation du quartier de la Marjorie (qu’il baptisera de ce nom), de la zone industrielle, de la piscine municipale et des centres sportifs, de la rocade permettant de contourner le centre de la ville, du Centre Social, des Hameaux du Solvan, des abattoirs hors de la ville, des Pendants , le réaménagement du Parc des Bains etc. De nombreux immeubles furent également construits durant cette période.
Conseiller général de 1967 à 1981, Député (Républicain Indépendant puis UDF) de 1967 à 1981, il manifesta son opposition à la Loi Veil sur l’avortement en faisant écouter les battements du cœur d’un fœtus à la tribune de l’assemblée.
Il décède le 7 avril 2003 à Lons. Le centre social porte son nom.
Henri Auger: l'accent sur l'habitat
Les hasards de la vie ont fait traversés la France à Henri Auger, puisqu’il naît le 8 Juillet 1926 à Rochefort-sur-Mer, dans les Charentes Maritimes, dans une famille d’instituteur. Lui aussi se destine à l’enseignement, fait hypokhâgnes Paris à Louis-le-Grand en 1944, mais échoue au concours d’entrée de l’Ecole Normale Supérieure. Il devient lecteur de français dans la zone française d’occupation après la guerre et se marie à Offenbourg en 1947. Licencié, titulaire du CAPES, il devient professeur d’allemand dans différents lycées de Poitiers et arrive à Lons au début des années 1960.
Membre du Parti Communiste depuis 1944, il occupe diverses fonctions au sein de cette organisation, présent aussi sur les listes lors des municipales. La dissension au sein des sortants en 1977 lui permet d’être élu maire à la tête d’une liste d’union de la gauche, ouverte à certains centristes. Il sera réélu en 1983, mais la fracture avec les socialistes en 1989 le laissera élu minoritaire.
Sous ses deux mandats, l’accent fut notamment mis sur l’habitat avec des constructions HLM, des programmes d’amélioration de l’habitat qui vit l’aménagement du quartier de la Comédie, de la rue Regard, la réalisation et l’extension de la cuisine municipale et de son restaurant en zone industrielle etc.
L’incendie de la salle des fêtes le 23 Janvier 1983 conduit la municipalité à réaliser d’une part Juraparc et d’autre part le Carrefour de la Communication. Les anciens abattoirs sont quant à eux réhabilités en salle de spectacle « Le Bœuf sur le Toit », allusion à la sculpture qui orne l’entrée.
Henri Auger sera aussi toujours attentif à la qualité des relations avec la ville jumelée d’Offenbourg. En 1989, il plantera un « arbre de la Liberté » pour le bicentenaire de la Révolution, au carrefour de la place du 19 Mars 1962. Il sera aussi conseil général de 1973 à 1982.
Jacques Pélissard: le record avec 5 mandats
Le record détenu par Jacques Pélissard sera sans doute difficile à battre avec 31 années de mandat en 5 élections.
S’il est né le 19 Mars 1946 à Lyon, Jacques Pélissard possède des racines jurassiennes. C’est pourquoi lorsqu’il voulut se lancer en politique, cet avocat (depuis 1968) vint s’installer dans le département. D’abord proche des Républicains Indépendants, il prit néanmoins l’option RPR. Après une première expérience au conseil municipal de Poligny, il se lança à Lons battant le sortant communiste, le 25 mars 1989. Il fut ensuite réélu souvent dès le premier tour.
Au cours de ses mandats, Jacques Pélissard s’attacha non seulement de ne pas augmenter les impôts mais aussi de faire diminuer la pression fiscale. Dès sa première élection il est confronté au départ du 60 RI, qui laisse vide les casernes,… et de plusieurs centaines de personnes.
Pendant ses trente années de premier magistrat, seront réalisés l’Hôtel du département, la nouvelle gendarmerie, la médiathèque, le renouveau de la place de la Liberté, le nouveau centre nautique, la reconstruction de Juraparc touché par un incendie, le centre archéologique René Rémond, les salles de sports au quartier des Rochettes et des Péroseys, le déménagement de la mairie avec regroupement des services dans un même lieu, une maison médicale et des maisons de retraite etc.
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, licencié en lettres, siégeant au Conseil économique et social de 1979 à 1981, Jacques Pélissard fut député de 1993 à 2017, toujours réélu (groupes RPR, UMP, LR). Il fut aussi président de l’Association des maires de France de 2004 à 2014. Il est chevalier de la Légion d’Honneur.