Crash du mont Cordon:
10 ans déjà

Le 20 juin 2009,un hélicoptère s'écrase à Brégnier-Cordon dans l'Ain.
A son bord, le pilote et ses six passagers meurent sur le coup.

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

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Ce 20 juin 2009, dans le cadre de son trentième anniversaire, le parc d'attractions Walibi des Avenières (Isère) offre à ses salariés des baptêmes de l'air. Les vols sont assurés par la société Azur Hélicoptère.

Vers 18h45, un pilote décolle pour assurer le dernière baptême de la journée.
Il prend la direction du mont de Cordon, près de Belley (Ain).

Six passagers sont à bord. Mais l'hélicoptère ne reviendra jamais.

Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

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Peu après 19 heures, l'engin chute en heurtant la cime des arbres. L'Ecureuil AS-350-B2 s'écrase dans un champ, au lieu-dit La Rochette, à Brégnier-Cordon. Un village de l'Ain qui borde l'Isère.

C'est l'accident d'hélicoptère le plus meurtrier de la première décennie des années 2000.

Bilan : 7 morts, le pilote et six passagers, âgés de 20 à 37 ans.

Qui sont les victimes?

Le pilote, Anthony Morin, était un Lyonnais de 24 ans, employé de la compagnie aérienne Azur Hélicoptère implantée à l'aéroport de Bron (Rhône).

Ses six passagers, eux, étaient Isérois et salariés du parc d'attractions Walibi des Avenières, en Isère.

Parmi eux, Rémy Collomb, 20 ans; Mélanie Frick, 20 ans; Cindy Ferrouillet, 34 ans; Corinne Hrycow, 34 ans; Stéphane Jacquot, 38 ans; et Afif Jedda, 38 ans.

Le baptême de l'air de l'horreur

Ce devait être un moment inoubliable,
un simple baptême de l’air de quelques minutes.
Mais le vol a tourné au drame.

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

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Ce jour là, les six passagers de l'hélicoptère profitent d'un baptême de l'air offert par leur employeur, Walibi.

L'engin décolle du parc d'attractions. Il s'écrase sept kilomètres plus loin et vingt minutes plus tard. Le crash survient dans une zone escarpée et inhabitée.

Des débris de l'hélicoptère sur le lieu de l'accident. Photo Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Des débris de l'hélicoptère sur le lieu de l'accident. Photo Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Des débris de l'hélicoptère sur le lieu de l'accident. Photo Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

«L'hélice ne tournait plus. L'avion est tombé d'un coup, à la verticale, brutalement. Nous avons entendu un grand fracas et nous avons appelé les pompiers» rapporte un témoin du drame.

Alertés rapidement, les secours arrivent en nombre.

A bord d'une quinzaine de camions, une cinquantaine de pompiers de l'Ain, de l'Isère et de la Savoie appuyés par autant de gendarmes, tentent de porter secours aux victimes.

En vain.

La procureure de Belley confirme le drame

Très vite, le secteur du crash est bouclé par plusieurs dizaines de gendarmes. Un médecin légiste est dépêché de Belley pour faire les premières constatations.

Pendant ce temps, le Samu de l'Isère met en place une cellule d'aide médico-psychologique pour les familles des victimes.
Et les pompiers de l'Ain font de même à Murs-et-Geligneux.

Infographie Le Progrès

Infographie Le Progrès

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L'état de l'hélicoptère témoigne de la violence du choc. Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

L'état de l'hélicoptère témoigne de la violence du choc. Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

L'état de l'hélicoptère témoigne de la violence du choc. Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

La Une du Progrès du dimanche 21 juin 2009 s'ouvre sur le récit du drame. Photo Le Progrès/ DR

La Une du Progrès du dimanche 21 juin 2009 s'ouvre sur le récit du drame. Photo Le Progrès/ DR

La Une du Progrès du dimanche 21 juin 2009 s'ouvre sur le récit du drame. Photo Le Progrès/ DR

Le récit des témoins sous le choc

Deux cellules psychologiques sont ouvertes pour les familles, les proches et les salariés du parc Walibi durement éprouvés.

Une cellule psychologique est mise rapidement mis à disposition. Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

Une cellule psychologique est mise rapidement mis à disposition. Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

Une cellule psychologique est mise rapidement mis à disposition. Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

Quelques heures après le drame, le capitaine Frédéric Bertin, officier au Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS) de l'Ain rapporte : "Un témoin a donné l'alerte. Il a vu cet hélicoptère bleu et blanc voler à basse altitude avant de le perdre de vue puis a entendu une détonation et senti une forte odeur de kérosène".

Illustration Le Progrès/ Vincent SARTORIO

Illustration Le Progrès/ Vincent SARTORIO

Illustration Le Progrès/ Vincent SARTORIO

"Ici, tout le monde est sous le choc. Je connais bien certaines familles (…) Pourquoi eux ? Pourquoi pas eux ? C’est vraiment trop dur", explique Gilbert Mergoud, maire de la commune iséroise des Avenières en 2009.

Gilbert Mergoud, maire de la commune iséroise des Avenières en 2009. Photo Le Progrès/ Marc DAZY

Gilbert Mergoud, maire de la commune iséroise des Avenières en 2009. Photo Le Progrès/ Marc DAZY

Gilbert Mergoud, maire de la commune iséroise des Avenières en 2009. Photo Le Progrès/ Marc DAZY

"(Les familles) sont sidérées par la brutalité du crash. Six victimes appartiennent à la même communauté en tant qu’employés du parc d’attractions. L’onde de choc est d’autant plus violente", témoigne le docteur Patrice Baro, médecin psychiatre responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique du Samu de l’Isère.

Le docteur Patrice Baro. Archives Le Progrès/ Marc DAZY

Le docteur Patrice Baro. Archives Le Progrès/ Marc DAZY

Le docteur Patrice Baro. Archives Le Progrès/ Marc DAZY

"L’hélicoptère a effectué un premier virage. Au deuxième, on l’a vu piquer du nez brusquement, puis disparaître en silence, comme si le moteur s’était arrêté. On n’a pas entendu d’explosion ni vu de fumée. C’est épouvantable. Sept morts… On ne peut pas y croire", rapporte, émue, Marie-France Bourron, conseillère municipale à Brégnier-Cordon, témoin oculaire du crash.

Marie-France Bourron,  conseillère municipale à Brégnier-Cordon dans l'Ain, en 2009. Photo Le Progrès/ Marc DAZY

Marie-France Bourron, conseillère municipale à Brégnier-Cordon dans l'Ain, en 2009. Photo Le Progrès/ Marc DAZY

Marie-France Bourron, conseillère municipale à Brégnier-Cordon dans l'Ain, en 2009. Photo Le Progrès/ Marc DAZY

Dominique Bussereau, secrétaire d’État
chargé des transports arrive sur les lieux

Le secrétaire d'Etat fait la revue des sapeurs-pompiers qui ont participé aux recherches sur le mont Cordon. Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Le secrétaire d'Etat fait la revue des sapeurs-pompiers qui ont participé aux recherches sur le mont Cordon. Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Le secrétaire d'Etat fait la revue des sapeurs-pompiers qui ont participé aux recherches sur le mont Cordon. Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Au lendemain du drame, Dominique Bussereau arrive dans la petite commune de l'Ain. Le drame a un impact national.

Il remercie les sapeurs-pompiers qui ont pris part aux recherches.

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Comme le rappelle Dominique Bussereau, c'est en 2009, "le plus grave accident de ce type depuis dix ans".

Présent à la mairie de Brégnier-Cordon, accompagné du directeur général de l'aviation civile (DGAC), Patrick Gandil, le secrétaire d'Etat confirme le lourd bilan : quatre hommes, dont le pilote né en 1986, et trois femmes.

Le secrétaire d'Etat Dominique Bussereau est arrivé de Paris. Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

L'émotion puis l'hommage

Les familles et proches des victimes entament
un long travail de deuil.

La douleur des familles des victimes. Photo le progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

La douleur des familles des victimes. Photo Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

La douleur des familles des victimes. Photo Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Dans la petite commune des Avenières, nombreux sont les habitants à connaître un ou plusieurs familles des victimes. Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Dans la petite commune des Avenières, nombreux sont les habitants à connaître un ou plusieurs familles des victimes. Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Dans la petite commune des Avenières, nombreux sont les habitants à connaître un ou plusieurs familles des victimes. Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

photo AFP/ Jean-Philippe KSIAZEK

Deux jours après le drame, les proches se sont recueillis devant les portraits des victimes alignés côte à côte sur des chevalets. photo AFP/ Jean-Philippe KSIAZEK

Deux jours après le drame, les proches se sont recueillis devant les portraits des victimes alignés côte à côte sur des chevalets. photo AFP/ Jean-Philippe KSIAZEK

Photo d'archives Jean Francois SOUCHET/LE DAUPHINE LIBERE

Photo d'archives Jean Francois SOUCHET/LE DAUPHINE LIBERE

Photo d'archives Jean Francois SOUCHET/LE DAUPHINE LIBERE

Deux jours après le drame, les familles et les salariés du parc de loisirs Walibi (fermé trois jours) rendent hommage aux victimes.

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Un millier de personnes participent à une courte cérémonie organisée dans le gymnase des Avenières (38).

Les proches se recueillent devant les portraits des victimes, alignés côte à côte sur des chevalets.

Puis, le samedi 27 juin, soit une semaine après le crash, une messe est organisée en l’église des Avenières. Une centaine de personnes y participent. "Afif, Anthony, Corinne, Cyndie, Mélanie, Rémy, Stéphane nous ont quittés brusquement. Ça devait être la virée du bonheur, que l’on s’offre un soir entre amis et collègues, parce qu’on est bien ensemble et que la lumière est belle à la veille de l’été", déclarent les membres de la communauté chrétienne.

Un douloureux anniversaire

L'hommage se renouvelle l'année suivante, pour un douloureux anniversaire.
Une centaine de personnes se réunit, loin des regards, dans un square du souvenir spécialement aménagé et où six mûriers de Chine ont été plantés.

Photo PQR

Photo PQR

Photo PQR

Une marche silencieuse est aussi organisée sur le sentier des Anges.
C'est un long chemin escarpé qui mène au sommet du mont Cordon, bordant le Rhône. Un chemin baptisé en hommage aux six victimes iséroises.

Certains participants en profitent aussi pour faire un arrêt en sous-bois, devant la première stèle gravée dans un rocher. Puis, quelques mètres plus haut, dans une clairière, à l’endroit même du crash.
Là, une deuxième stèle a été érigée.

Un bref message est lu avec émotion, conclu par ces mots : "On vous aime pour toujours".

Deux enquêtes

Elles démarrent à la découverte du crash.
L'une est judiciaire et pénale, l'autre est administrative.

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Archives Le Progrès/ Jean-Marc COLLIGNON

Dès la découverte du drame, la procureure de Belley de l'époque, Marie-Gabrielle Ratel ouvre une enquête judiciaire qu'elle confie à la gendarmerie des transports aériens et au groupement de gendarmerie de l’Ain.

Parallèlement, le Bureau d’enquête et d’analyses mène une seconde enquête, administrative celle-ci, pour vérifier les procédures de vol, l’entretien de l’appareil ou détecter les éventuelles anomalies.

Illustration Le Progrès/ Pierre AUGROS

Illustration Le Progrès/ Pierre AUGROS

Illustration Le Progrès/ Pierre AUGROS

Le jour du crash, le pilote a volé toute la journée pour assurer les baptêmes de l’air offerts par Walibi à ses employés.
Lorsque l’engin s’est crashé, il assurait le dernier baptême de la journée. Le mini-parcours de 7 minutes qu’il empruntait n’avait aucun secret pour lui : il le connaissait parfaitement.

"C'est la première fois qu'on est touché par un tel drame. On est tous dans la douleur", déclarait par téléphone Michel de Rohozinski,  gérant de la société Azur Hélicoptère. Installée à l'aéroport Lyon-Bron, cette dernière assure aussi des vols à Nice, à Cannes -où se trouve son siège-, et  à Paris.

La société Azur Hélicoptère, sur l'aéroport de Lyon-Bron. Archives Le Progrès/ Richard MOUILLAUD

La société Azur Hélicoptère, sur l'aéroport de Lyon-Bron. Archives Le Progrès/ Richard MOUILLAUD

La société Azur Hélicoptère, sur l'aéroport de Lyon-Bron. Archives Le Progrès/ Richard MOUILLAUD

"Le pilote était un ami et un instructeur, il n'était pas fatigué quand l'accident est survenu et l'appareil dans lequel il volait était révisé et en vol de croisière complètement standard", soulignait le responsable.

Les conditions météorologiques dans le secteur de Brégnier-Cordon étaient "bonnes" samedi en fin d'après-midi. Elles offraient une bonne visibilité et des conditions de vent "normales" ajoutait le gérant qui s'est rendu en hélicoptère sur les lieux du drame une demi-heure après le crash.

Plusieurs hypothèses évoquées

- La météo? Le secteur était dégagé, le ciel était bleu. Le temps était un peu venté mais pas de quoi déstabiliser un hélicoptère.

- Le poids des passagers? Sept dans l’hélicoptère, n’est-ce pas trop? "Une simple surcharge aurait posé problème au décollage. Là, l’appareil était déjà en vol", expliquait Patrick Gandil, directeur général de l’aviation civile.

- Un malaise du pilote? L’hypothèse est envisagée mais l’autopsie du pilote permet de l’écarter.

- La panne? De nombreux témoins ont déclaré ne pas avoir entendu le bruit du moteur lorsque l’hélicoptère piquait du nez. Pourtant, l’enquête montrera que le réservoir de l’engin était à moitié plein lors du drame.

- L’erreur de pilotage? Cette hypothèse parait la plus probable. Et ce, même si le pilote était réputé pour sa maîtrise qui lui avait valu le grade d’instructeur à seulement 24 ans.

Pour déterminer les circonstances exactes du crash, deux ingénieurs rejoignent les gendarmes et les experts du Bureau d’enquête et d’analyses.

Photo d'archives AFP/Jean-Pierre CLATOT

Photo d'archives AFP/Jean-Pierre CLATOT

Photo d'archives AFP/Jean-Pierre CLATOT

Les restes de l'hélicoptère sont évacués pour être analysés. Ils sont acheminés vers un hangar de Bron, dans la périphérie lyonnaise, où ils sont placés sous scellés.

Le but : analyser le moteur, le tableau de bord et le boitier d’alarme. Il n'y a pas de boite noire dans un hélicoptère de ce type qui vole dans une zone qui n'est pas considérée à risque.

Petit à petit, au fur et à mesure de l'enquête, l’étau se resserre pour ne faire surgir plus que deux hypothèses : la panne ou l’erreur de pilotage.

Il faudra attendre trois ans d’investigations pour en savoir plus.

Le procès de l'imprudence

En octobre 2012 à Bourg-en-Bresse, 33 parties civiles représentant les sept victimes du crash viennent chercher des réponses au tribunal.

photo Le Progrès/Laurent THEVENOT

photo Le Progrès/Laurent THEVENOT

photo Le Progrès/Laurent THEVENOT

Mis en examen un an après le drame pour homicide involontaire par manquement à une obligation de sécurité ou de prudence, le gérant de la société Azur Hélicoptère comparait devant le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse.

Il doit répondre des erreurs commises par le pilote, décédé lors du crash.

En effet, les investigations ont pointé du doigt plusieurs dysfonctionnements, comme la mauvaise répartition du poids des passagers dans l'appareil. Mais surtout des fautes de pilotage.

En octobre 2012 s'ouvre le procès

Une Le Progrès du 9 octobre 2012. Photo Le Progrès

Une Le Progrès du 9 octobre 2012. Photo Le Progrès

Une Le Progrès du 9 octobre 2012. Photo Le Progrès

Le 9 octobre 2012, au lancement du procès qui durera deux jours, un expert qualifie de « violentes » les manœuvres du jeune pilote.

Les débats juridiques, parfois techniques, en vue d’établir une responsabilité pénale, sont finalement supplantés par l’émotion et la force des vidéos projetées en appui des conclusions de l’expertise judiciaire.

Accablants pour le pilote, Anthony Morin, éprouvants pour les proches des victimes, ces films de quelques minutes confirment les conclusions de l’enquête menée par la gendarmerie des transports aériens (BGTA).

Les vidéos dévoilent les manœuvres périlleuses du pilote. Des manœuvres qui ont déstabilisé l’aéronef et entraîné une perte d’altitude.

"Pour faire peur aux passagers, le pilote se dirigeait vers la falaise et réalisait une manœuvre d’évitement au dernier moment, en balançant l’appareil à droite, puis à gauche. A presque 200 km/h, effet garanti », rapporte au procès Hubert Arnould, expert aéronautique.

Le pilote était-il suffisamment encadré?

Il est reproché à la société Azur Hélicoptère de ne pas avoir respecté les dispositions de deux arrêtés préfectoraux : la société n’a pas délégué, sur place, un directeur de vol expérimenté devant rester au sol pour l’embarquement des passagers. Ce dernier aurait pu "recadrer" le pilote.

Sur les bancs des victimes, une trentaine de personnes attendent des réponses.

"À l’origine d’un accident de ce type, il n’y a jamais une seule cause, souligne le président du tribunal. Ce sont plusieurs événements qui provoquent la catastrophe. Dans ce cas, le pilote s’est laissé aller à des choses qu’il n’aurait pas dû faire, sans doute parce qu’il n’était pas suffisamment encadré."

"On met un gamin de 23 ans aux commandes d’un hélico, mais s’il y avait eu des contrôles plus précis sur les vols, ce drame ne se serait peut-être pas produit."
Ce sont les mots d’Alizée Morin, la sœur du pilote, lorsqu’elle s’est avancée à la barre.

30 mois de prison requis

Au deuxième et dernier jour de procès, le parquet livre ses réquisitions : une peine de 30 mois de prison avec sursis et 20.000 € d’amende pour le gérant de l’entreprise, Michel De Rohozinski, 42 ans.
Ainsi que 100.000 € d’amende pour la société Azur Hélicoptère.

Les avocats de la défense plaident la relaxe du gérant et de la société, en contestant le lien entre le non-respect de l’arrêté préfectoral imposant la présence d’un directeur de vol sur place le jour des faits et la survenance de l’accident, directement imputable aux "fautes caractérisées" du jeune pilote.

La décision de justice est mise en délibéré.

Maitres Busy, Dreyfus et Perbet, avocats des parties civiles. Archives Le Progrès/ Vincent LANIER
Le palais de justice de Bourg-en-Bresse. Photo Le Progrès/ Laurent THEVENOT
En octobre 2012 s'ouvre le procès, une nouvelle épreuve pour les familles des victimes. Photo le Progrès/ Laurent THEVENOT

La société condamnée,
le patron relaxé

Un mois et dix jours plus tard, le 21 novembre 2012, le tribunal rend son délibéré .

Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

Photo Le Progrès/Jean-Marc COLLIGNON

Le gérant d'Azur Hélicoptère, Michel De Rohozinski, est relaxé tandis que sa société est condamnée à une peine d’amende de 80.000 € dont 45.000 € avec sursis.

A la Une du Progrès du 22 novembre 2012. Photo Le Progrès

A la Une du Progrès du 22 novembre 2012. Photo Le Progrès

A la Une du Progrès du 22 novembre 2012. Photo Le Progrès

"Fondamentalement ça ne change rien, ça ne ramènera personne mais c’est frustrant. Ça prouve qu’on peut être patron et ne pas appliquer les arrêtés préfectoraux, et ne pas gérer ses employés", regrette Daniel Collomb, parent d’une victime.

Comment surmonter un tel drame?
"
Je ne me bats pas, je me combats, pour me surveiller, pour ne plus hurler, ne plus taper. Je me reproche de rire. J’ai envie de partir, de temps en temps, aller les rejoindre pour leur dire “Je t’aime” une dernière fois, ce qu’on n’a pas pu faire", ajoute un autre parent.

Article Le Progrès, 22 novembre 2012.

Article Le Progrès, 22 novembre 2012.

Article Le Progrès, 22 novembre 2012.

Depuis, d'autres accidents aéronautiques
sont survenus dans l'Ain

  • 21 août 2018 : l'avion de deux pilotes expérimentés s'écrase à Corlier
Photo Le Progrès/ Laurent THEVENOT

Photo Le Progrès/ Laurent THEVENOT

Photo Le Progrès/ Laurent THEVENOT

Deux pilotes expérimentés originaires de Saône-et-Loire périssent dans l'accident. Leur Robin DR400, utilisé pour le tourisme, s'écrase en bas de la piste de l'altiport de Corlier en milieu d'après-midi. Les conditions climatiques étaient bonnes, et le vent normal. Une enquête est ouverte pour déterminer les causes exactes de l’accident.

  • 25 juin 2017: nouvel accident à Corlier, deux blessés
Photo Le Progrès/ Guy DOMAIN

Photo Le Progrès/ Guy DOMAIN

Photo Le Progrès/ Guy DOMAIN

Vers midi, un avion de tourisme tente de décoller et percute la butte qui entoure le terre-plein d’atterrissage, se disloquant en grande partie sous le choc. Alertés, les pompiers d’Hauteville ont mis près de trente minutes à désincarcérer les deux pilotes qui arrivaient d’Annecy (Haute-Savoie). Quelques heures après le crash, les deux hommes ont été déclarés légèrement blessés.

  • 20 juin 2017: un "miracle" au dessus de la commune de Farges

Deux passagers -un instructeur aguerri et son élève- partis de Genève à bord d’un avion de tourisme de quatre places se crashent dans les sapins de la commune de Farges. Les deux hommes ne sont "que" blessés. Une partie de l’appareil est restée accrochée à des sapins, ce qui leur a probablement sauvé la vie. L’autre partie est venue s’écraser au sol. Une quarantaine de pompiers et une quinzaine de gendarmes ont travaillé d’arrache-pied de minuit à 5 heures, d’abord pour localiser l’épave, puis pour secourir au plus vite les deux victimes.

  • 18 juillet 2015: accident d'ULM à Jasseron, deux morts

Sur la piste d’atterrissage de Terre des Hommes, à Jasseron, un bruit sec et une importante fumée noire. Le petit ULM biplace vient de s’écraser au décollage, en bout de piste. Le pilote et propriétaire de l’avion, 66 ans, et son passager, 43 ans, sont déclarés décédés. Une panne moteur de l’appareil est en cause.

  • 18 août 2013: l’hélicoptère se crashe à l’atterrissage à Jasseron,
    les deux passagers indemnes
Photo le Progrès/ Laurent THEVENOT

Photo le Progrès/ Laurent THEVENOT

Photo le Progrès/ Laurent THEVENOT

Ils ont eu la chance de leur vie. Choqués, mais indemnes, sortis eux-mêmes de l’appareil juste après le crash, les deux passagers, un couple d’Alsaciens, n’ont même pas été évacués par les secours, après que leur hélicoptère de location s’est écrasé à l’atterrissage à l’aérodrome Terre des Hommes de Bourg-Jasseron.

  • 9 juin 2011: crash d'un hélicoptère à l'aérodrome de Jasseron-Bourg
Photo Le Progrès/ Sébastien GROBERT

Photo Le Progrès/ Sébastien GROBERT

Photo Le Progrès/ Sébastien GROBERT

A bord, un instructeur est sérieusement touché, l’élève souffre de blessures légères. Le crash s’est produit à basse altitude, deux, trois ou quatre mètres au maximum.

Photo Le Progrès/ Jean-Pierre BALFIN