LE Progrès :
depuis 160 ans avec vous
Ce 12 décembre 2019, le quotidien régional fête son 160e anniversaire.
Une belle longévité aux côtés des lecteurs.
Quatre pages grand format, imprimées à plat. Le prix ? 15 centimes. La réclame est à 1 franc la ligne, l’annonce à 25 centimes.
Nous sommes le 12 décembre 1859 : c'est la naissance du Progrès.
Sous la lumière vacillante des becs de gaz, Jean-François Chanoine sourit aux anges : sur la charrette à bras qu’il tire s’empilent les mille exemplaires de la feuille qu’il s’apprête à vendre aux Lyonnais.
Au 19e siècle, les hommes de métier pensaient que les journaux qui durent sont ceux qui naissent en hiver.
Trois hommes à l'origine du Progrès
Le maître-imprimeur Jean-François Chanoine, l'autodidacte Eugène Beyssac et le journaliste Frédéric Morin.
Chanoine apporte le matériel, les fonds et surtout sa réputation en caution auprès des autorités. Beyssac se charge, quant à lui, de trouver des rédacteurs, à commencer par Morin qui élabore le projet éditorial du Progrès.
Les fondateurs du journal ne manquent pas d’ambition
Les trois fondateurs ne manquent pas d'ambition qu’ils détaillent dans un double éditorial en Une. Le rédacteur en chef, Jean-Baptiste Béraud, propose dans son « Manifeste » d’éclairer le peuple, en utilisant le journal « pour initier à la vie intellectuelle ceux qui lui sont restés étrangers jusqu’ici, ou pour la rendre plus active chez ceux qui ont le bonheur d’en jouir ».
De son côté, le propriétaire-gérant, Jean-François Chanoine, laisse lire avec clarté dans son « Prospectus » que le nouveau-né serait nettement républicain.
Les rubriques du Progrès de 1859
Dans son premier numéro, Le Progrès traite l’actualité nationale (Lyon et Paris) et internationale.
Les nouvelles des bourses lyonnaise et parisienne sont complétées par une séquence financière. Une chronique locale trouve déjà sa place dans le journal.
Les faits divers sont également publiés dans les colonnes du nouveau quotidien.
La culture est présente à travers le programme des spectacles de la ville, une rubrique littéraire et le premier épisode du feuilleton du Progrès, signé Gustave Aimard.
Une évolution tourmentée
En 1863, Le Progrès est devenu, en France et hors de France, une feuille réputée. Le journal poursuit une évolution tourmentée.
Le tirage augmente régulièrement : il passe à 2 111 exemplaires en 1865 et à 5 333 en novembre 1869. Ces hausses importantes indiquent le glissement vers les couches populaires. En 1870, Le Progrès est devenu un quotidien régional. La politique de démocratisation pour toucher un public plus large et assurer une solide implantation locale est engagée.
En 1871, la chute de l’Empire est une véritable aubaine pour Le Progrès, la sympathie du ''peuple'' et celle des autorités nouvelles sont au rendez-vous. Il tire à 10 000 exemplaires, talonnant ainsi son concurrent,
Le Salut Public.
Léon Delaroche rachète
le titre en 1880
Agent de change et homme d’affaires parisien, il tâte d'abord du journalisme en tant que rédacteur financier au Petit Parisien et comme administrateur de La Lanterne.
Une fois à la tête du journal, Léon Delaroche se révélera être un parfait chef d’entreprise.
Léon Delaroche réduit par exemple les frais en supprimant une des deux éditions quotidiennes du Progrès, presque identiques. Il abaisse le prix de vente de 15 à 10 centimes, puis à 5 centimes, proposant ainsi un tarif accessible aux masses populaires.
Le tirage dépasse les 100 000 exemplaires à la fin du 19e siècle, installant durablement Le Progrès comme "LE" journal des Lyonnais.
Son audace se traduit par des méthodes originales. Léon Delaroche conçoit son journal en dehors de tout contexte politique.
L’ancien journal d’opinion devient un grand quotidien d’information.
Mais Le Progrès ne cesse pas de faire de la politique pour autant, en témoignent les futures interdictions à paraître. Et dans les faits, Delaroche ancre son journal dans la mouvance radicale-socialiste.
En 1895, déménagement de la rédaction rue Impériale, actelle rue de la République
Léon Delaroche compte attirer un grand nombre de nouveaux lecteurs par des rubriques plus complètes, plus nombreuses et plus variées. De 1880 à 1890, Léon Delaroche investit l’essentiel de ses gains dans le matériel industriel.
L’imprimerie s’installe à l’arrière du bâtiment donnant rue Bellecordière à Lyon.
La multiplication des éditions locales
Léon Delaroche est le fondateur du Progrès dans sa formule moderne : populaire et d’un accès direct, il façonne le quotidien pour en faire un journal proche de la vie réelle. Il multiplie les éditions locales.
En 1885, le journal acquiert un fil télégraphique reliant Paris à ses bureaux. La publication augmente régulièrement, passant de 75 000 exemplaires en 1882, à 110 000 en 1887. Elle grimpe à 150 000 en 1893.
Sa diffusion est bientôt supérieure à celle de tous ses concurrents réunis.
Au nom de la liberté
Le 11 novembre 1897, Léon Delaroche décède sans enfant. Sa veuve reprend la direction du journal, mais disparaît peu de temps après, en 1903. Son neveu homonyme, Léon II Delaroche (1887-1940), jeune diplômé de l’école centrale, poursuit l’œuvre de son oncle avec son frère, Henri Delaroche (?-1936), médecin devenu journaliste.
La pagination passe à six pages en 1905, puis à huit pages en 1914. Entre-temps, le journal lance en 1907 une rubrique féminine qui paraît tous les samedis. En août 1908, Le Progrès publie pour la première fois des bandes dessinées.
En 1913, le quotidien tire à 200 000 exemplaires.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, la censure (militaire, cette fois) refait surface. Le Progrès est contraint de réduire sa pagination à deux feuilles, puis à une seule.
Durant l’entre-deux-guerres, Le Progrès améliore sa diffusion dans les départements ruraux de la région et augmente son tirage qui dépasse les 260 000 exemplaires en 1939.
À la mort de Léon II Delaroche, en avril 1940, son gendre Emile Brémond devient directeur.
Le 19 juin 1940, lorsque Lyon est occupée par les Allemands, Le Progrès publie de longs extraits de l’appel du général de Gaulle. Afin de conserver au titre son indépendance, Emile Brémond replie la direction, la rédaction et l’état- major à Montpellier, où Le Progrès est tiré sur les presses du journal local Le Petit Méridional.
Le saviez-vous?
Le Progrès est l’un des deux seuls journaux français à avoir publié des extraits de l’appel à la résistance lancé le 18 juin 1940 par le général de Gaulle.
Le second titre à avoir osé le faire est Le Petit Dauphinois, à Grenoble.
11 novembre 1942, Le Progrès se saborde
De grandes figures du quotidien lyonnais sont associées au sabordage du titre. C'est au péril de leur vie qu'ils ont défendu une information libre et porteuse d'espoir.
On sait du Progrès ce choix assumé de se saborder le 11 novembre 1942, alors que les Allemands envahissent la zone libre. Vichy exige une fois encore la publication d’un texte de propagande mettant en cause les Américains. Le Progrès refuse de céder à la censure et préfère se saborder.
Les propriétaires, Émile et Hélène Brémond, à l’origine de cette décision rémunéreront les salariés sur les fonds propres du journal pendant les 22 mois de sa non-parution.
Associant l’honneur du journalisme à un grand humanisme, les Brémond utilisent les réserves du journal pour rémunérer le personnel pendant plus de douze mois. De quoi se retourner, s’investir dans la Résistance, tout en échappant au Service du travail obligatoire (STO).
Avant même cet acte de rébellion, le titre s’est déjà joué de la censure et une grande partie de l’équipe du Progrès est dans la Résistance.
À chaque étape de la production, il y a les hommes et les femmes de l’ombre. Ces sténotypistes qui assurent en douce la frappe d’un journal clandestin ; ces ouvriers qui "tombent du plomb" pour des feuilles des mouvements de résistance ; cet employé à l’atelier de photogravure qui fabrique de fausses cartes d’identité et de police ; cet autre aux abonnements qui loge Henri Frenay, chef du mouvement Combat… Rémi Roure, Henri Amoretti, Jean Pain, Victor Vellat… Impossible ici de les citer tous tant Le Progrès fut un refuge et un repaire pour bien des consciences.
Ils ont combattu pour défendre l'information
Chacun fit sa part, même si tous n’eurent pas de rôles aussi décisifs qu’Yves Farge, journaliste rubrique politique étrangère, qui rejoint le mouvement Franc-Tireur avec son ami et confrère Georges Altmann, dit Chabot.
Yves FARGE : Yves Farge a déjà un long passé de militant et de libertaire quand il entre au Progrès, en 1938, où il est responsable de la rubrique de politique étrangère. Le journaliste rejoint la Résistance dès 1941.
Jean Moulin confiera à l’un des fondateurs du mouvement Libération l’organisation militaire du massif du Vercors ; en 1944, De Gaulle le nommera premier commissaire de la République de la région Rhône-Alpes libérée.
René LEYNAUD : né le 24 août 1910 dans le quartier de Vaise, à Lyon, dans une famille d’origine ardéchoise, René Leynaud rentre au Progrès tout en poursuivant ses études de droit. Lors de sa mobilisation, en 1939, il participe aux combats en Lorraine, en Belgique, ainsi qu’à la bataille de Dunkerque. C’est en 1942 qu’il entre en clandestinité sous le nom de Clair.
René Leynaud devient responsable du service de renseignement du réseau Combat, où il se lie d’amitié avec Albert Camus, membre du même mouvement. En parallèle, il assure la direction locale du Comité national des journalistes clandestins.
Avec l’imprimeur André Bollier, dit Velin, il crée les journaux Combat et La Marseillaise. Il a 34 ans lorsqu’il est arrêté par la Milice, le 16 mai 1944, place Bellecour, en possession de documents compromettants. Transféré au fort Montluc, René Leynaud est ensuite fusillé le 13 juin dans un bois, à Villeneuve, dans l’Ain.
Une rue de la Croix-Rousse porte son nom.
Marcel-Gabriel RIVIÈRE : journaliste sportif, puis grand reporter au Progrès, Marcel-Gabriel Rivière est mobilisé comme sous-officier chasseur alpin au 27e BCA en 1939.
De retour à Lyon, il entre dans la Résistance en tant que chef des groupes francs dans le mouvement Combat, puis au sein des MUR (Mouvements unis de la Résistance). Arrêté en 1943, il est déporté à Dachau et ne rentrera qu’à la Libération, en 1945. Marcel-Gabriel Rivière reprend alors sa brillante carrière de journaliste.
Il réintègre Le Progrès pour en devenir chef de la rédaction.
Ils ne sont pas revenus des camps
Lucien Gonnetan, Jean Deloy, Jean Maunier, Victor Vellat. Marcel Fuchez revient, mais décède peu après. Francisque Vacher, Paul Jaillet, le docteur Jean Nasica, ancien pigiste de la sportive, sont tombés les armes à la main. Jean Pain, correspondant à Grenoble, a été sauvagement assassiné par la Milice. René Leynaud, Louis Boineau et Augustin Habaru ont été fusillés par les Allemands.
Presse clandestine
Les journalistes du Progrès fournissent abondamment la presse résistante : André Sauger, Pierre Courtade, Aimé Sapin, Francis Ponge fondent, écrivent et dirigent journaux et bulletins.
La reparution du journal en 1944
Le 3 septembre 1944, Lyon est libérée.
Grâce à son sabordage courageux, le quotidien est autorisé à reparaître, une exception dans le paysage lyonnais.
Le 8 septembre 1944, Le Progrès sort son numéro 330.038 : le précédent était daté du 12 novembre 1942. Dans son éditorial, le journal explique aux lecteurs les circonstances du sabordage.
« Le Progrès a tenu jusqu’à la Libération. Avec la liberté reconquise, Le Progrès reprend sa place et se remet au service de la liberté », promet le journal.
Parmi les survivants de l’équipe désormais emmenée par Marcel-Gabriel Rivière, un grand nombre a acquis le droit à la reconnaissance de la patrie. Certains nouveaux venus aussi : ainsi Renée Jolivot, résistante et déportée, intègre la rédaction. Alors qu’on ne parle pas encore de solidarité, elle crée une nouvelle rubrique, la Chaîne de Bonté, dans un pays exsangue.
Le 3 mai 1960, elle reçoit la légion d’honneur des mains d’Alban Vistel, compagnon de la Libération, dans les bureaux du Progrès.
Le courage est dans tous les camps mais il n’est justifié que lorsqu’il est employé pour la défense des valeurs humaines.
Le temps des innovations 1945-2019
Du plomb au numérique, Le Progrès franchit bien des évolutions, intègre les innovations, jusqu’à la révolution numérique d’aujourd’hui.
En 70 ans, Le Progrès a connu des évolutions sans précédent.
Celles des techniques d’impression, de la photographie, de l’informatisation, portées par des hommes et des femmes attachés à leur métier et à leur titre.
Inlassablement, jour après jour, des générations de journalistes, rotativistes, responsables de ventes, de publicité, d’événement… se sont attaché la fidélité de générations qui ont fait la région depuis 160 ans.
Ils ont franchi avec les dirigeants les étapes de la modernité : rappelons le basculement du plomb à la photocomposition à la fin des années 70, Chassieu abritant depuis 2004 la nouvelle imprimerie.
L’objectif reste celui des premières équipes : sortir à l’heure.
L’histoire continue aussi sur le web…
LES ANNéES 50
Malgré les difficultés économiques, l’extraordinaire ferveur dont est entouré le titre est telle, qu’on se livre parfois à un véritable marché noir pour se procurer Le Progrès. En 1946, le tirage atteint 150 000 exemplaires en 10 éditions.
Beaucoup des concurrents du Progrès nés à la Libération n’ont pas duré. En ces années cinquante, le quotidien régional se détache et met à profit les années d’après-guerre pour exploser littéralement.
On compte 275 000 exemplaires en 1950 avec 17 éditions, 310 000 en 1954 avec 22 éditions. Le responsable de la promotion n’affirme-t-il pas que « chaque jour, un Progrès entre dans tous les foyers » ? Le titre dispose du papier nécessaire pour publier articles et reportages photographiques, au service d’une actualité exigeante.
Sur la route, dans les airs
Les rédacteurs et photographes se déplacent parfois en deux-roues.
Plus exceptionnel : cet avion, stationné sur l’aérodrome de Bron jusque dans les années 70 et piloté par Henri Dardaine et Alexandre Daurès. Il sert indifféremment au service de la rédaction, notamment pour couvrir les faits divers, comme l’incendie à la raffinerie de Feyzin en janvier 1966, ou de la promotion pour lancer dans le Midi les éditions "Vacances". Le Progrès fait gagner des baptêmes de l'air à son bord à se plus fidèles lecteurs.
Les hommes, les équipes, les mentalités ont changé. Il faut reconstruire ou bâtir, dans tous les domaines, à Lyon comme ailleurs. C’est Marcel-Gabriel Rivière qui emmène une rédaction où se distinguent de nouveaux talents : le critique Jean-Jacques Lerrant, Pierre Mérindol, né Gaston Didier.
Le sport, la culture intéressent de plus en plus les lecteurs. Quant aux lectrices, elles ont retrouvé depuis 1949 leur rubrique « Vie féminine » avec, outre la mode, la beauté, la cuisine et la maison, une chronique de Marcelle Ségal invitant les femmes à une certaine prise de conscience dans tous les domaines. C’est à partir de la même époque que seront évoquées toutes les victoires obtenues et les difficultés qu’elles ont suscitées : qu’il s’agisse des aspirations juridiques, sociales, professionnelles ou sexuelles des femmes, en un mot leur libération.
En mars 1953, c’est le lancement du Progrès Dimanche.
En octobre 1959 apparaît Le Progrès Soir, journal jeune, dynamique, largement illustré, complété par l’édition Sprint sur laquelle se jettent les sportifs et qui tire à 25 000 exemplaires. Il est vendu à la criée. À travers ses titres, Le Progrès répond à l’appétit de vivre et d’information de ses lecteurs dont 74 % ont moins de 55 ans.
LES ANNéES 60
Le Progrès a su mettre à profit les années d’après-guerre pour combler les derniers fossés qui le séparent de ses concurrents de la capitale.
De 1954 à 1958, le tirage augmente constamment.
En 1959, c’est un solide centenaire. En 1954, on compte 44 éditions différentes (33 à Lyon et 11 à Saint-Étienne où il consolide sa position avec le rachat de La Tribune de Saint-Étienne en octobre 1963), pour un tirage de 450 000 exemplaires.
Autant dire que l’intérêt de ses annonceurs va de pair avec celui de ses lecteurs. D’ailleurs, voici ce qu’on peut lire dans un document de la régie publicitaire de l’époque, Régie-Presse, en 1964 : « Les lecteurs du Progrès sont réguliers, 84 % le lisent tous les jours ; ils sont fidèles, 77 % ne lisent aucun autre quotidien ; ils sont satisfaits à 75 % de leur journal et ils sont sérieux : chaque famille consacre au moins deux heures à sa lecture, principalement le soir. » Un portrait-robot qui fait du quotidien régional un support de publicité idéal.
Depuis l’après-guerre, les annonceurs communiquent sur leur image et leur notoriété dans une logique de « reconstruction ». Ils mettront bientôt en avant leurs prix et leurs promotions dans une logique de « bonnes affaires ».
Il se passe toujours quelque chose dans le hall du Progrès, rue de la «Ré».
Au fil des décennies, on vient y lire les dernières nouvelles écrites sur le tableau noir, on y suit les grands événements sur les écrans de télévision, on s’y presse pour acclamer les vedettes qui signent des autographes ou les sportifs qui saluent la foule depuis le balcon !
Bref, pour les lecteurs, c’est l’âme de la maison Progrès où se retrouvent toutes les générations. Un grand rendez-vous lyonnais aujourd’hui disparu.
LES ANNéES 70/80, la fin du plomb et une imprimerie à chassieu
Chargée de souvenirs, ceux de l’odeur du plomb fondu, de l’encre et du pétrole, la vieille imprimerie de la rue de la République n’est plus : seule reste une rotative d’où sortira encore quelques années Le Progrès Soir. L’essentiel se passe désormais à Chassieu, dans la banlieue de Lyon, où l’on construit de nouveaux locaux industriels.
Avec ce déménagement, c’est une page qui se tourne pour le titre, mais aussi pour ce quartier du centre-ville : aux abords de l’immeuble du Progrès, où se concentraient l’imprimerie, l’expédition et la rédaction lyonnaise, qui demeure sur place, c’était une animation quasi 24 heures sur 24.
En 1967, le centre d’impression ultramoderne de Chassieu prend le relais. D’abord avec le plomb. Puis le titre est l’un des tout premiers quotidiens français à employer les procédés les plus avancés dans le domaine de la photocomposition, c’est-à-dire la composition électronique.
Autour des "marbres", plus de typographes en tablier de cuir jonglant avec des lignes de plomb. Ils sont devenus des techniciens qui travaillent en blouse claire avec des ciseaux. Les linotypes ont disparu et, avec elles, la composition mécanique. Les grosses machines sont rem- placées par des terminaux d’ordinateurs sur lesquels se concentrent des opérateurs de PAO.
Restent, bien sûr, les salles de rédaction où s’élabore le journal.
À Lyon, Le Progrès soutient les grands projets d’urbanisation, du tunnel sous Fourvière à la tour du Crédit Lyonnais. Le quotidien est aussi un journal de faits divers, servis par de grands reporters qui couvrent de belles affaires : celles du gang des Lyonnais, de la disparition d’Yves Marin-Laflèche, de l’assassinat du juge Renaud… Le titre s’associe à des confrères d’autres médias pour des opérations spéciales.
Dans les années 80, Le Progrès doit faire face à la farouche, mais stimulante concurrence de six quotidiens à Lyon ! Après des années de lutte avec Lyon Matin, les deux journaux finissent par s’unir en un mariage de raison. C’est qu’entre-temps, les deux groupes ont été repris par Robert Hersant, qui réorganise la vie de couple. Laissé exsangue par le flamboyant Jean-Charles Lignel, l’héritier des Brémond, Le Progrès établit de nouvelles bases en installant des directions départementales et des agences locales dans les six départements où il est toujours diffusé aujourd’hui : le Rhône, la Loire, l’Ain, la Haute-Loire, Nord-Isère et le Jura, avec le rachat des Dépêches en février 1980.
1989 est l'année du déménagement historique pour la rédaction lyonnaise : en rejoignant le 12 rue de la Charité, elle quitte définitivement l’immeuble du Progrès au 85 rue de la République d’où elle couvrait l’actualité depuis 94 ans.
LES ANNéES 90/2000, les débuts du site internet
À l'exception des précurseurs du web, on ne s'en rend pas encore vraiment compte, mais la révolution numérique est en route.
Le site internet du Progrès est mis en ligne en 1996, à l'occasion de la tenue du G7 à Lyon, un événement politique suivi de près par le titre. Destiné aussi bien aux journalistes étrangers qu’au grand public, le serveur www.leprogres.fr est organisé en plusieurs rubriques, dont un fonds documentaire sur Lyon et la région dans différents domaines, une rubrique pratique et des dossiers sur le G7.
Cette date de naissance en fait l’un des pionniers du net : à l’époque, peu de supports avaient osé se lancer dans l’aventure. Le site est entièrement refait en janvier 1999, puis tout dernièrement en novembre 2019.
Le site s’affiche sur le web, sur les tablettes et aujourd'hui sur mobiles avec des applications. Il totalise aujourd'hui 752 000 visites par jour soient 2,7 millions de pages vues.
En complémentarité des éditions imprimées, leprogres.fr produit de l’information en continu tout au long de la journée, de 6 heures à 23 h30, 7 jours sur 7.
L’année 2001 est marquée par un nouveau déménagement : le 2 mai, Le Progrès quitte la rue de la Charité et s’installe 52-54, rue Servient, à l’angle de la rue Vendôme. La rédaction lyonnaise, la publicité, les petites annonces et la billetterie des spectacles quittent la Presqu’île où Le Progrès était installé depuis 1859.
Premier changement de format en 2004
Les années 2000 sont celles des grandes évolutions rédactionnelles. En particulier 2004, riche en événements. Le 2 mai, c’est un journal rénové qui est dans les kiosques. Qu’a-t-il de différent ? Son format est réduit de 25 %, se calant sur d’autres titres comme Le Figaro : de 58 cm de haut et 41 de large, on passe à 50 cm sur 37. La couleur est davantage présente.
La pagination peut grimper jusqu’à 64 pages. La mise en page est plus claire avec une hiérarchisation des informations plus exigeante. Les rubriques « Sports » et « Temps libre » sont renforcées avec le lancement de suppléments hebdomadaires. Le titre, rajeuni, sort grâce aux deux rotatives entièrement robotisées installées dans un centre d’impression futuriste.
Ils ont travaillé au Progrès
Bernard Clavel En 1946, le Jurassien, futur Prix Goncourt 1968, s’installe en famille dans une maison à Vernaison près de Lyon. Ce sont les débuts avec l’écriture, activité qui a encore du mal à nourrir la famille. Le Progrès assure donc un salaire de secrétaire de rédaction à Bernard Clavel qui réécrit chaque soir les informations reçues des correspondants de l’Ardèche (le quotidien ayant alors une édition dans le département). Plus tard le quotidien publiera en feuilleton son second roman Vorgines, édité ensuite sous le titre Pirates du Rhône.
Bernard Pivot Bernard Pivot né à Lyon en 1935. À la fin des années 50, celui qui sera l’un des plus célèbres critiques littéraires est stagiaire au Progrès puis rejoint, en tant que journaliste, son service économie.
Laurence Ferrari Originaire d'Aix-les-Bains, en Savoie, elle s’inscrit dans les années 80 au sein d’une école d’attaché(e) de presse à Lyon. Elle fait un stage aux service des informations générales du Progrès, avant de poursuivre des études de journalisme à la Sorbonne et la carrière télévisuelle que l’on sait. Laurence Ferrari est actuellement journaliste sur CNews.
Ils sont les plumes et le coup de crayon du journal
Le Progrès ce sont des dizaines et des dizaines de signatures. Parmi elles, plusieurs sont incontournables.
Le Progrès, c'est évidemment Pierre Mérindol. C'est aussi le responsable des bureaux parisiens du Progrès de 1968 à 1972, puis grand reporter Bernard Frangin, le critique d'art Jean-Jacques Lerrant ou encore plus près de nous, le grand reporter et éditorialiste Jean-Philippe Mestre.
C'est aussi un coup de crayon et un rendez-vous de lecture, aujourd'hui chaque dimanche.
Alain Dubouillon est le dessinateur et caricaturiste attitré du quotidien Le Progrès, où il commente l'actualité depuis les années 70.
Le Progrès aujourd'hui
Depuis son nouveau siège de Confluence, Le Progrès continue
de s'adapter aux nouvelles pratiques de lecture.
Aujourd'hui, le quotidien a pris le virage du digital.
Depuis 12 ans, Le Progrès s'est installé au 4, rue Paul-Montrochet, dans le 2e arrondissement de Lyon, à la Confluence. Conçu par l’agence d’architecture Xanadu pour le promoteur lyonnais Cardinal, le siège du Progrès fait partie des pionniers du nouveau quartier lyonnais. Les trois monolithes qui le composent sont reliés entre eux par des passerelles. Plus de 4 000 plaques d’aluminium perforé, faisant écho aux conteneurs du port Edouard-Herriot, recouvrent sa façade.
Direction générale, régie publicitaire, services des ventes et de la valorisation des marques, ainsi que les services administratifs sont rassemblés sur ce site depuis décembre 2007.
Le Progrès devient tabloïd en 2011
C’est là que naît le nouveau Progrès, le mercredi 5 octobre 2011 sous le n° 50 235. Ainsi, après 152 ans d’existence, le journal référent de Lyon et sa région passe au petit format.
Les différentes améliorations apportées visent à faciliter l’accès à l’information : un format réduit de moitié, plus pratique ; une actualité internationale et locale traitée sur 64 pages toutes en couleurs ; un cahier quotidien d’informations et de services ; des suppléments réguliers.
On peut s’abonner à ce nouveau Progrès sur Internet : sur la toile, l’abonnement existe depuis février 2010.
Le Progrès change de logos
Le 12 décembre 2007, Le Progrès change de logos. Le graphisme général des lettres reste inchangé, mais l’espace entre celles-ci est réduit, appuyant l’élan du titre vers la modernité.
En fond de logo, le bleu, symbolique de l’univers médiatique, est la plus profonde des couleurs. Le blanc des lettres, la plus pure des couleurs, symbolise la transparence, vertu cardinale de l’information. Enfin, un trait rouge souligne ce logo, terminant cet ensemble énonciateur de l’identité républicaine, pluraliste et humaniste du titre.
Aujourd'hui, Le Progrès c’est avant tout trois marques : Le Progrès, leprogres.fr et CNews Lyon Plus, trois médias puissants. C’est aussi un ensemble d’activités liées à l’édition avec la production de hors-séries, suppléments d’actualité, livres…
Le site et l'appli mobile leprogres.fr génèrent près de 752 000 visites par jour soient 2,7 millions de pages vues. Un visiteur reste en moyenne 2,20 minutes sur le site. Le profil des internautes ? Ils ont à 43 % entre 25 et 44 ans. Concernant les réseaux sociaux, la page principale possède près de 230 000 fans, mais les communautés locales se regroupent également autour de 27 pages géolocalisées
(Données d’audiences septembre 2019)
À qui appartient Le Progrès ?
En 2009, le Crédit Mutuel prend le contrôle d’EBRA (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes), groupe de presse qui comprend, aussi, Le Dauphiné Libéré, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Bien Public, Vosges Matin, L'Est républicain, Le Républicain lorrain, Les Dernières nouvelles d'Alsace et L'Alsace.
EBRA, c’est plus de 4 millions de lecteurs chaque jour. À sa tête, Philippe Carli.
Pierre Fanneau est le directeur général du Progrès, Xavier Antoyé son rédacteur en chef.
Les enjeux de demain
En novembre 2019, en même temps que la célébration de ses 160 ans, l'aventure continue avec une stratégie numérique forte.
« On arrête pas Le Progrès », martelait une publicité des années 80. C’est la réalité depuis 160 ans !
Rare titre de la presse quotidienne régionale à afficher une telle longévité, Le Progrès a franchi bien des évolutions, intégré les innovations, jusqu’à la révolution numérique d’aujourd’hui.
En novembre 2019, en même temps que la célébration de ses 160 ans, l'aventure continue avec une stratégie numérique forte.
En plus des éditions papier, toutes les équipes locales et départementales sont mobilisées pour proposer le plus vite possible des informations et des contenus sur le web.
A ses débuts, Le Progrès n’a qu’une seule édition, tirée à un millier d’exemplaires diffusés à Lyon. On mesure le chemin parcouru.
La rédaction du Rhône souffle les bougies en vidéo
Toujours présent, notre quotidien est aujourd’hui implanté sur tout le Rhône, l’Ain, le Jura, la Loire et la Haute-Loire, ses dix-sept éditions assurant une information au plus près des territoires.
Dans les coulisses de la rédaction de la Loire (vidéo)
Combien êtes-vous à nous lire chaque jour ?
Pour le papier, 794 000 en semaine, 996 000 le dimanche. Ajoutons les 218 000 lecteurs du gratuit "maison" CNEWS Lyon Plus, diffusé à Lyon et sur la proche couronne.
Quant au web, le site leprogres.fr et l’appli mobile enregistrent 752 000 visites quotidiennes, ce qui représente 2,7 millions de pages vues.
Et concernant les réseaux sociaux, la page principale possède près de 230 000 fans, les communautés locales se retrouvant également autour d’une trentaine de pages géolocalisées .
(Données d'audience septembre 2019).