Il y a 80 ans naissait la colonie des enfants d'Izieu
C’est un havre de paix adossé aux montagnes du Bugey. Un lieu baigné de lumière surplombant le Rhône, aux confins des départements de l’Ain, de l’Isère, de la Savoie et du Rhône.
Au bout de la sinueuse route des vignes, au détour de deux ultimes lacets, se dresse, face au massif de la Chartreuse, la paisible maison d’Izieu. Une bâtisse aux allures de maison de famille idéale, érigée dans un écrin de verdure préservé où résonnent encore les rires des enfants de la colonie d’Izieu qui, à l’été 1943, se lavaient dans l'eau de la fontaine (datée de 1869), théâtralisaient leurs aventures sur le perron de leur foyer d’accueil ou bien équeutaient, en groupe, les haricots sur la grande terrasse…
Les lieux maquillent encore aujourd'hui une obscure clarté, une beauté terrifiante. Le 6 avril 1944, 44 enfants et 7 adultes juifs furent déportés par la Gestapo. 42 enfants et 5 adultes ont été gazés à Auschwitz-Bikernau. Deux adolescents et le directeur de la maison furent, eux, fusillés en Estonie. L’un des terribles épisodes de l’occupation allemande dans le département.
Onze mois plus tôt, en mai 1943, Sabine Zlatin et son mari Miron créaient la colonie d’Izieu ("la colonie des enfants réfugiés de l'hérault") en zone italienne (la persécution antisémite y était moindre qu'en zone allemande) avec l’espoir de faire passer ces enfants en Suisse. Au total, 105 enfants, âgés de 4 à 17 ans, passeront par la maison d’Izieu.
Mais en septembre 1943, les Allemands pénètrent à Belley au moment où les Italiens se retirent de la guerre. Quelques mois plus tard, en février 1944, la Gestapo perquisitionne les locaux de l’Ugif (Union générale des Israélites de France) à Chambéry et découvre l’existence de cette colonie…
Sabine Zlatin,
la Dame d'Izieu
Elle était absente quand les soldats allemands ont raflé les 44 enfants juifs de la colonie d’Izieu, le 6 avril 1944. Un télégramme l’a avertie de la terrible nouvelle. Sabine Zlatin est rentrée aussi sec de Montpellier où elle effectuait des démarches administratives. Parmi les disparus, déportés et tués, son mari Miron, 40 ans, avec qui elle avait ouvert ce lieu d’accueil et de protection, en mai 1943.
Sabine Zlatin est née à Varsovie, en Pologne, en 1907. La jeune femme, qui voulait faire les Beaux-arts, devient finalement infirmière.
Avec Miron, ils sont naturalisés Français en 1939. Membre de l’OSE (Œuvre de secours aux enfants), association juive, Sabine Zlatin se spécialise rapidement dans la sortie des enfants. C’est ainsi qu’elle et Miron quittent la région de Montpellier où ils se sont établis quand les mesures de déportation commencent.
Sabine Zlatin est morte à Paris en 1996.
Pierre-Marcel Wiltzer,
le soutien et protecteur
Sous-préfet de Belley (d'octobre 1942 à mars 1944), Pierre-Marcel Wiltzer (né le 14 avril 1910 à Sarreguemines en Moselle), est contacté au printemps 1943 par la préfecture de l'Hérault pour aider Sabine Zlatin à trouver un refuge en zone d'occupation italienne à des enfants juifs sortis des camps d'internement. Secondé par Marie-Antoinette Cojean, secrétaire générale de la sous-préfecture, il facilite l'installation de la colonie d'Izieu et veille sur son quotidien. En 1988, il devient président de l'association pour la création du "Musée-mémorial des enfants d'Izieu" jusqu'en 1995. Il décède le 1er mars 1999 à Paris.
Gabrielle Perrier, l'institutrice
Gabrielle Tardy (née Perrier, 1922-2009) est nommée institutrice à la colonie d'Izieu d'octobre 1943 au 5 avril 1944, date à laquelle elle rentre dans sa famille pour les vacances de Pâques.
"Cinq jours seulement, mesure exceptionnelle et draconienne cette année-là témoignait l'institutrice dans "Mémoires de la Dame d'Izieu" de Sabine Zlatin (Gallimard, 1992). Mme Zlatin s'était absentée pour quelques jours. Gaiement j'enfourchais mon vélo le mercredi soir 5 avril après la classe, accompagnée de nombreux : "Au revoir Mademoiselle et bonnes vacances!" Le lendemain, je me rendis à Belley, la ville voisine de Colomieu, pour faire des courses. J'aperçus une jeune fille d'Izieu, une amie, et m'avançais joyeusement vers elle. C'est alors que, incrédule d'abord, puis atterrée, j'entendis ces mots : "Mais tu ne sais donc pas? Les Allemands sont venus ce matin à Izieu et ont emmené toute la colonie ! Des soldats sont encore là-bas qui gardent la maison." Trois jours plus tard, je retournais à Lélinaz. M. et Mme Particoz, les fermiers voisins, et leur employé Julien Favet, avaient assisté, terrorisés et impuissants, au drame. En pleurs ils me racontèrent: l'arrivée subite des voitures allemandes et de deux gros camions, la rapidité avec laquelle personnel et enfants furent jetés dans les véhicules, leurs cris d'épouvante puis, au départ, le chant de défi :"Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine!".
« Gabrielle Perrier, jeune belleysane, a bien travaillé quand on voit ce qu’écrivaient les élèves dans leurs lettres, développe Dominique Vidaud, directeur de la maison d'Izieu. Elle a répondu à l’attente de Sabine Zlatin de permettre aux enfants de devenir de futurs citoyens français, de s’approprier la langue et les valeurs de notre pays. »
Léa Feldblum, la seule rescapée
Léa Feldblum, seule rescapée de cette rafle, est décédée en 1989 à Tel-Aviv. Encadrante de la maison d’Izieu, elle avait 25 ans au moment où les 44 enfants et 7 adultes sont emprisonnés du 6 au 7 avril 1944 à la prison Montluc à Lyon.
Au procès Barbie en 1987, Léa Feldblum, témoigne : « Les enfants, on les a mis par terre et nous, les grandes personnes, avec les mains attachées en haut sur le mur. » Elle précise que les adultes et les plus grands ont été interrogés, mais pas les enfants.
Convoyée en train au camp de Drancy le 7 avril 1944, Léa Feldblum est dans un compartiment avec les plus petits. Elle voit passer sur le quai les adolescents Théo Reis et Arnold Hirsch menottés. Enfants et adultes entrent au camp de Drancy le 8 avril 1944. Léa Feldblum, munie de faux papiers au nom de Marie-Louise Decoste, révèle son identité juive. Elle veut rester auprès des enfants. Tous sont déportés par différents convois entre avril et juin 1944. Le 13 avril 1944, 34 des enfants d’Izieu et 4 des éducateurs sont déportés de Drancy vers Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 71.
Après trois jours d’un trajet aux conditions inhumaines, ils arrivent sur la Judenrampe, où l’on procède à la « sélection ». Les enfants sont dirigés vers les chambres à gaz. Léa Feldblum est dirigée vers un kommando de travail et entre au camp d’Auschwitz-Birkenau. Elle porte sur l’avant-bras le matricule 78620 et sert de « cobaye » aux médecins nazis pour des expérimentations médicales. Elle est en vie lorsque le camp est libéré en janvier 1945.
Ses parents périrent en France durant la guerre et son frère et sa sœur furent déportés de Drancy à Auschwitz, où ils furent assassinés.
Léa Feldblum est revenue témoigner en France pour le procès Barbie en 1987. Elle est morte en 1989 à Tel Aviv où elle vivait depuis 1947.
Samuel Pintel: mémoires d'une famille déportée
Sur la photo ci-dessus, Madame Pintel assise, pose avec son fils (3 ans) chez le photographe. Mention manuscrite au verso: "Le 24/11/40 . A mon cher mari et mon cher papa."
Destinée à être envoyée à Jacob, le père de Samuel, cette photo ne lui parviendra jamais.
Engagé dans l'armée française en 1939, le père de Samuel est fait prisonnier le 6 juin 1940 et détenu en captivité en Allemagne au stalag VIIB situé près de Memming. Sa mère sera raflée le 16 novembre 1943, à l'hôtel des Marquisats à Annecy.
Podcast 1 : Samuel Pintel échappe à une première rafle avant d’arriver à Izieu
Par sa condition de femme de prisonnier de guerre, elle est épargnée et est internée au camp annexe parisien Lévitan avant d'être déportée à son tour au camp de Bergen-Belsen en juillet 1944. Après la guerre, ses deux parents reviendront sains et saufs des lieux où ils seront retenus en captivité.
De son côté, Samuel Pintel arrive à Izieu deux jours après cette rafle, le 18 novembre 1943. « Je suis pris en charge par le directeur de la colonie, Miron Zlatin, venu spécialement avec son vélo et sa cariole. Il récupère un autre enfant et nous remonte à Izieu, soit 45 km, en franchissant le col de l’Epine (1 000 mètres) », se souvient encore Samuel Pintel, âgé de 6 ans à l'époque.
Podcast 2 : pourquoi Samuel garde un très mauvais souvenir de son passage à Izieu
Arrivé à Izieu au début de l'hiver, il a passé beaucoup de temps dans la maison, partageant de nombreuses activités manuelles (pliage de papiers, dessins) avec les autres enfants. « J’étais fils unique à l’époque donc j’ai découvert une multitude de jeux. »
Podcast 3 : que faisaient les enfants à Izieu ?
Samuel Pintel a su bien plus tard qu’il avait séjourné à Izieu. Il se rappelait seulement que la maison était située près de Chambéry. « Je l’ai découvert lors du procès Barbie en 1987, en reconnaissant les lieux lors des différentes émissions. » Samuel est retourné pour la première fois sur les lieux, deux ans plus tard. Il reste l’une des dernières mémoires d’Izieu.
Visite virtuelle : découvrez la maison et le musée d'Izieu
L'extérieur, la salle de classe, le réfectoire, mais aussi le musée et les salles accueillant la grande exposition, voici un aperçu de ce que vous pouvez voir à Izieu, grâce à nos images 360° ci-dessous. Il suffit de cliquer et faire pivoter l'image. Bonne visite !
Le premier mémorial, inauguré en 1994 par le président Mitterrand, était centré surtout sur la maison. « Sur le poids très sensible du lieu, les lettres, les dessins et photos des enfants. L’expo était minimaliste », concède Dominique Vidaud, directeur de la maison d’Izieu.
En 2015, une nouvelle exposition a vu le jour, avec une extension considérable des bâtiments pour accueillir les archives, le centre de documentation et les trois grandes salles pédagogiques, fréquentées par près de 14 000 élèves par an. « Nous avons investi dans des outils numériques très intéressants mais nous ne voulions pas que ce soit un gadget mais bien une autre manière de transmettre des contenus intéressants. »
La maison d'Izieu à 75 ans d'intervalle
Devoir de mémoire,
devoir de comprendre
Le 8 mars 1988, au lendemain du procès Barbie, une association se constitue autour de Sabine Zlatin et Pierre-Marcel Wiltzer pour la création du « Musée-mémorial d’Izieu ». Grâce à une souscription nationale, l’association achète en juillet 1990 la maison qui avait accueilli la colonie. Un comité scientifique regroupant des personnalités scientifiques et institutionnelles reconnues est créé afin de transformer la maison en un lieu de mémoire vivant, ouvert à tous. L’historienne Anne Grynberg est chargée de la conception du projet muséographique.
En 1992, François Mitterrand, président de la République, sensibilisé par différentes personnes concernées ou touchées par cette histoire, inscrit ce projet au programme des Grands Travaux. L’État se saisit ainsi de cette mémoire.
Le 24 avril 1994, le président de la République inaugure le « Musée-mémorial des enfants d’Izieu », qui deviendra en 2000 « Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés ».
Par décret présidentiel du 3 février 1993, la Maison d’Izieu est désignée par la République comme l’un des trois lieux de la mémoire nationale (avec le Vélodrome d’Hiver et l’ancien camp d’internement de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques) où sont organisées des cérémonies officielles lors de la « journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite « gouvernement de l’État français » (1940-1944). »
Désormais 75 ans après ce terrible épisode de l’Histoire, la Maison d’Izieu continue de rendre hommage à ses enfants. Mais pas que. Son rôle est aussi d’éduquer et d’apprendre à identifier toutes les formes d’intolérance et de discrimination. En décryptant les crimes et les génocides marquants des dernières décennies.
Serge Klarsfeld :
« J’ai le sentiment du devoir accompli »
L’avocat et historien assistera mercredi 6 avril, avec son épouse Beate, à la cérémonie en hommage des victimes de la rafle du 6 avril 1944. Tous les deux ont œuvré une grande partie de leur vie pour que le donneur d’ordre de cette arrestation, Klaus Barbie, soit jugé et condamné.
Serge Klarsfeld, avec votre épouse Beate, vous serez présent mercredi à la Maison d’Izieu, un lieu qui vous est cher.
« Izieu, nous sommes venus une bonne cinquantaine de fois ces dernières décennies. Je ressens toujours une profonde émotion. Le paysage ici est extrêmement paisible et impressionnant du fait du relief, d’un côté il y a la montagne, de l’autre le panorama sur le fleuve. Et ce côté paisible est contrebalancé par la tragédie qui s’est déroulée le 6 avril 1944 (lire par ailleurs). Il y a donc une sorte de conflit d’émotions. »
Que ressentez-vous lorsque vous revenez ici ?
« J’ai le sentiment du devoir accompli. Avec Beate, nous avons contribué au retour de Klaus Barbie sur le lieu de son crime, pour qu’il y ait un jugement et une condamnation. Et nous avons aussi œuvré pour que la mémoire des enfants ne sombre pas dans l’oubli. Qu’elle soit abritée dans un mémorial qui devienne un centre d’instruction civique, notamment pour tous les jeunes, que quand ils viennent ici, ils en retirent vraiment quelque chose. »
Depuis trois décennies, la Maison d’Izieu a énormément évolué…
« Nous avons fait notre possible pour que la maison ne soit pas vendue à des particuliers, nous avons fait notre possible pour que les lieux deviennent un mémorial national et que l’État prenne en charge cette maison et toutes les annexes qui étaient nécessaires. Nous avons usé de notre influence et de notre rôle dans l’affaire Barbie pour que cela devienne un véritable centre. Il est essentiel que les enfants viennent ici, ils reçoivent une leçon d’engagement, pour les valeurs de liberté, de justice, d’égalité et combattre les extrêmes qui conduisent les peuples vers les crises et les drames comme celui qu’on a connu. »
Notamment dans le cadre de l’affaire Barbie, vous avez fait beaucoup de recherches et de voyages pour collecter de nombreux documents en rapport avec les enfants ayant vécu ici.
« J’ai effectivement réuni beaucoup de documents sur chacun des enfants. Je suis allé un peu partout dans le monde afin de rencontrer les familles et pouvoir reconstituer le parcours de chacun d’entre eux. J’ai ainsi pu me documenter, mettre un visage et une histoire sur chaque nom, avoir leur date et lieu de naissance, leur itinéraire, apprendre pourquoi ces enfants étaient à Izieu, comment ils y avaient vécu puis le sort qui les a attendus, leur date de décès. Les familles étaient éparpillées au Brésil, en Australie, en Israël, aux États-Unis, en Belgique… Il fallait avoir envie de faire tout ça. Et avec tout cela, j’ai pu écrire Les Enfants d’Izieu. »
Vous conservez tout cela dans vos archives. Vous arrive-t-il de prêter des documents ?
« J’ai confié tous les documents qui concernent les enfants d’Izieu au centre (depuis 2020 pour inventaire, NDLR), j’ai donné tout ce que j’avais. Quand on récolte de pareils documents, ce n’est pas pour les garder, on ne va pas les exposer chez soi comme un tableau. Là, ça appartient au patrimoine de l’Humanité. Il est naturel que je les donne. Cela concerne Izieu, cela ne peut pas revenir à d’autres. Il y a quand même quelques documents, qui concernent le petit Georgy Halpern, qui sont à Londres car je les avais retrouvés là-bas. Une partie a été donnée au musée de la Shoah, situé à l’Imperial war museum. J’étais content car la Reine d’Angleterre a vu ces documents, elle a été émue et elle m’a remercié. Mais j’avais encore assez de documents à rapporter. »
Vous évoquez Georgy Halpern. Des dessins, photos et lettres que vous prêtez seront présentés dans l’exposition qui débutera le 9 juillet. Comment les avez-vous retrouvés à Londres ?
« Beate a été en contact avec les parents de Georgy, ils étaient en Israël, ils n’arrivaient pas à croire à la mort de leur fils. Ils échangeaient beaucoup avec lui, ils avaient beaucoup de lettres, de photos. Sachant cela, je me suis attaché à ne pas perdre leur trace. Quand ils sont décédés, le frère de la maman a hérité des documents, il habitait Londres. Je suis allé le voir, tout était dans une boîte, il n’en faisait rien de spécial. Le monsieur était âgé, on risquait de tout voir partir un jour à la poubelle. J’étais régulièrement en contact avec le concierge de l’immeuble, pour prendre des nouvelles. Un jour, il me dit que l’appartement est en train d’être repeint. Et en effet, le peintre a trouvé la boîte avec les lettres, les dessins, dans un placard. Si on n’avait pas suivi cette boîte à la trace, elle aurait été perdue. »
Avez-vous des regrets, des choses que vous auriez aimé faire différemment ?
« Je n’ai pas de regret particulier, si ce n’est que la Shoah a bien eu lieu et que des millions de juifs ont été exterminés et réduits au néant. Par nos actions, on a essayé de faire notre possible, malgré les obstacles. On a risqué notre vie, on a été l’objet d’attentats. Non, on n’a pas de regret, on a fait le maximum qu’on a pu. Il y a peu d’événements dans l’histoire de l’Humanité qui sont aussi bien documentés que la Shoah, et nous avons été des agents de cette mobilisation pour la documentation de cette page d’histoire tragique. La France et l’Allemagne ont joué un grand rôle, nous en sommes très reconnaissants. »
Quand vous voyez ce qui se passe actuellement en Ukraine, quel est votre sentiment ?
« On regrette la cruauté des dirigeants, la cruauté de Poutine et des dirigeants ukrainiens. Des deux côtés, il y a un nationalisme exacerbé qui, comme d’habitude, provoque des morts pour pas grand-chose. Durant presque quatre-vingts ans, on a bénéficié d’une période de paix. Après de longues périodes de calme, je suis historien de formation, c’est cyclique, cela entraîne des pulsions de violence, c’est ainsi dans l’histoire de l’Humanité. L’Homme n’a pas beaucoup changé en 10 000 ou 20 000 ans. La violence revient malheureusement en Europe aussi, c’est grave, il faut une diplomatie extrêmement active et cela n’a pas été le cas. La France, l’Europe occidentale va payer le prix de cette crise car elle est en grande partie dépendante. Si elle n’est pas aidée, l’Ukraine paiera le prix. Et la Russie paiera le prix par son isolement. C’est la guerre froide qui se réinstalle. C’est triste de voir cela à nouveau. L’Ukraine a d’ailleurs déjà été terre martyre durant la Seconde Guerre mondiale. L’Europe est inquiète, doit-elle se réarmer ou être vassal des États-Unis ? Dans le monde, je constate qu’il y a de plus en plus de démocraties contre le populisme. »
Propos recueillis par Gaëlle Riche, 3 avril 2022