Adoptions illégales

au Sri Lanka

Archives Le Progrès

Un vaste trafic d'enfants à l’insu des familles adoptives

Selon les sources, entre les années 70 et 90, entre 11 000 et 14 000 enfants sri-lankais ont été confiés à l’adoption internationale, dont environ 1500 en France. L’existence d’un trafic a été reconnu par le gouvernement du Sri Lanka en 2017, et dévoilé par un documentaire de Zembla en Hollande. Au Quai d’Orsay, on explique que les adoptions reposaient sur « un système privé » avec des « intermédiaires locaux », bien avant la convention de La Haye de 1993 qui encadre depuis les adoptions à l’étranger.

Les autorités tempèrent aussi en assurant que « quelques unes des adoptions n’étaient pas régulières, et d’autres régulières ». En 2018, « le scandale des Bébés volés du Sri lanka » a été diffusé par la télévision suisse. En mai 2019, sur France 2, Envoyé spécial a aussi programmé un sujet sur « Les enfants vendus au Sri Lanka ». Toutes ces émissions dénoncent un réseau bien organisé.

Volés à la maternité ou vendus pour quelques roupies par des familles pauvres et fragiles, avec la complicité de recruteurs, des bébés intégraient ensuite le circuit classique de l’adoption, enrichissant au passage des intermédiaires sans scrupules. Avant l’apparentement, les actes étaient falsifiés (fausses identités, faux consentement...)

Des femmes « actrices » étaient payées pour jouer le rôle des mères. C’est ce qui rend aujourd’hui si difficile la recherche de certaines familles biologiques.

La Ponote d'origine sri-lankaise, Céline Breysse, a participé au reportage d'Envoyé spécial pour France 2. Son souhait : permettre à des adoptés du Sri Lanka qui le souhaitent de connaître les conditions de leur adoption et retrouver leurs origines.

La Ponote d'origine sri-lankaise, Céline Breysse, a participé au reportage d'Envoyé spécial pour France 2. Son souhait : permettre à des adoptés du Sri Lanka qui le souhaitent de connaître les conditions de leur adoption et retrouver leurs origines.

Adoptions illégales au Sri Lanka :

une Ponote aide ceux qui veulent connaître leurs origines

GIF Météo France

Céline Breysse ne se présente pas en lanceuse d’alerte. Encore moins comme une femme en colère ayant choisi de mener un combat. C’est tout le contraire. La Ponote se veut bienveillante pour permettre à des adoptés du Sri Lanka qui le souhaitent de connaître les conditions de leur adoption et retrouver leurs origines.

Céline Breysse ne se présente pas en lanceuse d’alerte. Encore moins comme une femme en colère ayant choisi de mener un combat. C’est tout le contraire. La Ponote se veut bienveillante pour permettre à des adoptés du Sri Lanka qui le souhaitent de connaître les conditions de leur adoption et retrouver leurs origines.

« L'accès aux origines est un droit en France. Il faut mettre en place des moyens humains, logistiques et financiers, et un soutien psychologique, pour le faire respecter d'autant plus quand les pratiques illicites ont eu lieu »
Céline Breysse

Céline Breysse a été adoptée en 1982 au Sri Lanka à l’âge de deux mois et demi par un couple de Haute-Loire. Elle a aujourd’hui 37 ans. Elle est éducatrice spécialisée, et mère de deux enfants.

C'est un chantier colossal qui a débuté partout dans le monde pour permettre à des familles biologiques et des personnes adoptées au Sri Lanka, certaines issues d’un trafic, de se retrouver. Pour parcourir ce chemin semé d’embûches, Céline Breysse a développé un réseau d’aide.

Comment avez-vous découvert l’existence d’un important trafic d’enfants adoptés au Sri Lanka dans les années 70-80 ?

« J’ai été adoptée en 1982 à l’âge de deux mois et demi par un couple bienveillant et aimant. Ce qui ne m’a pas empêché de vouloir connaître mes origines. J’ai d’abord fait des recherches qui n’ont pas abouti en 2001 et 2010. Et puis en 2017, j’ai découvert sur internet un reportage de Zembla diffusée en Hollande, et plusieurs liens qui dévoilaient des pratiques illicites dans le cadre des adoptions au Sri Lanka »

Au Sri Lanka, Andrew Silva se charge des recherches et des vérifications avant d’organiser une rencontre entre les mères biologiques et les adoptés du monde entier.

Au Sri Lanka, Andrew Silva se charge des recherches et des vérifications avant d’organiser une rencontre entre les mères biologiques et les adoptés du monde entier.

Vous vous dîtes alors que c’est ce qui explique les premières réticences de l’administration à vous communiquer des informations ?

« Je ne savais pas si c’était mon histoire mais la personne citée dans le documentaire hollandais était celle qui s’était occupée de mon adoption. J’ai donc voulu en savoir plus. J’ai informé le gouvernement. Et puis j’ai contacté Andrew Silva, un Sri lankais bénévole, qui depuis les années 2000 aident les familles à se retrouver. Il a réussi, en deux mois de recherches intensives, à identifier ma mère biologique. Je suis donc partie en mai 2018 pour la rencontrer».

Aujourd’hui, vous soutenez des adoptés sri-lankais en quête de leurs origines. De quelle manière ?

« Il y a deux ans, j’ai créé un groupe facebook pour expliquer à ceux qui ont entamé des recherches pourquoi parfois elles n’aboutissaient pas. J’ai d’abord diffusé des articles de presse parus à l’étranger.

Depuis que j’ai retrouvé ma famille grâce à Andrew Silva, nous formons un binôme bénévole: lui au Sri Lanka en lien avec des mères biologiques qui recherchent leurs enfants partis à l’adoption; moi en France avec des adoptés dans la même quête.

Sur cette page, je publie les noms des mères biologiques et les adoptés peuvent consulter ces informations. Je suis aussi en lien avec d’autres personnes actives dans différents pays. Ce groupe facebook, qui compte 450 adhérents de 15 nationalités différentes, est aussi un lieu d’échanges.»

Au Sri Lanka, la démarche pour organiser des retrouvailles entre mères biologiques et enfants partis à l'adoption internationale commence à être connue grâce à l'action de terrain d'Andrew Silva (à droite) et la Ponote Céline Breysse (à gauche).

Au Sri Lanka, la démarche pour organiser des retrouvailles entre mères biologiques et enfants partis à l'adoption internationale commence à être connue grâce à l'action de terrain d'Andrew Silva (à droite) et la Ponote Céline Breysse (à gauche).

Céline Breysse (à droite) travaille main dans la main avec Andrew Silva. Au Sri Lanka, il se charge des recherches et des vérifications avant d’organiser une rencontre entre les mères biologiques et les adoptés du monde entier.

Céline Breysse (à droite) travaille main dans la main avec Andrew Silva. Au Sri Lanka, il se charge des recherches et des vérifications avant d’organiser une rencontre entre les mères biologiques et les adoptés du monde entier.

Le test ADN reste la meilleure solution pour être sûr de ne pas se tromper ?

« Avant de partir rencontrer ma mère biologique : j’ai demandé un test ADN. Une procédure illégale en France. Mais je n’avais pas d’autres choix pour vérifier qu’il n’y avait pas d’erreur.

Le test ADN est utile quand on a retrouvé la personne ; mais aussi en phase de recherches. Le kit ADN qu’on achète sur internet, en espérant qu’un jour il matche, est parfois le dernier recours.

Une solidarité s’est mise en place afin de permettre à des mères d’y avoir accès gratuitement ».

C'est un chantier colossal qui a débuté partout dans le monde pour permettre à des familles biologiques et des enfants adoptés au Sri Lanka, essentiellement dans les années 80, de se retrouver.

C'est un chantier colossal qui a débuté partout dans le monde pour permettre à des familles biologiques et des enfants adoptés au Sri Lanka, essentiellement dans les années 80, de se retrouver.

Propos recueillis par Isabelle DEVOOS

Good morning Nilanthi !

En quête d'un éditeur

Céline Breysse recherche un éditeur pour publier Good morning Nilanthi !, un livre autobiographique qu'elle a écrit entre 2017 et 2018, lorsqu’elle a découvert le trafic jusqu’à son retour du Sri Lanka après avoir rencontré sa famille biologique.

« Cette écriture était d’abord un exutoire. Mon ami sri lankais Andrew Silva m’a incité à publier. L’argent pourrait servir à aider les mères biologiques là-bas, et éventuellement financer les tests ADN si rien n’est mis en place ».  

Pour contacter Céline Breysse

https://www.facebook.com/groups/814671212249023/