Brigitte Macron inaugure
la Maison de répit :

« C'est inédit en France ! »

Accompagnée par Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, Brigitte Macron était à Tassin, mardi matin. Elles ont inauguré ensemble la première Maison de répit de France.

Cet établissement innovant offre un lieu pour permettre aux personnes malades ou en situation de handicap et, surtout, à leurs aidants, de se ressourcer.

De nombreuses personnalités politiques
et du
monde économique

D’ordinaire tranquille, l’avenue du 11-Novembre a connu mardi matin une certaine agitation. Gendarmes et policiers au coin des rues, caméras et grosse berlines noires ont troublé un temps l’habituelle quiétude des lieux.

Mais c’était pour la bonne cause. Au 43 de l’avenue était inaugurée la Maison de répit, premier établissement de ce type en France.

Et pour un retentissement médiatique maximum, rien de mieux que des invités de marque : Brigitte Macron a en effet effectué le déplacement, accompagnée par Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

Également présentes de nombreuses personnalités politiques et du monde économique... Gérard Collomb (maire de Lyon), Etienne Blanc (candidat à la mairie de Lyon), David Kimelfeld (président de la Métropole et candidat à la mairie de Lyon), pour ne citer qu’eux, ou bien encore Alain Mérieux (président fondateur du groupe pharmaceutique bioMérieux) et Bruno Bonnell (député LREM de Villeurbanne).

« Ceux qui croient que c’est impossible sont priés de ne pas gêner ceux qui essaient »

Pas un long fleuve tranquille

Tout ce beau monde a pu goûter aux charmes du parc de l’ancienne propriété Mérieux dite de « Champromis » en attendant que la première dame et la secrétaire d’État aient fini de visiter les lieux, guidées par Henri de Rohan-Chabot, délégué général de la fondation France-Répit.

Puis, se sont succédé à la tribune les présidents des fondations France-Répit et OVE, co-gestionnaires de l’établissement, et d’autres personnalités. Alain Mérieux, d’abord, présent dès l’origine du projet, ne s’est pas privé de rappeler que la création de cette maison n’avait pas été un long fleuve tranquille.

Gérard Collomb, David Kimelfeld, Etienne Blanc ont enchaîné : l’un rappelant l’émotion qui l’étreignait « au souvenir du lancement de l’association il y a six ans dans les salons de l’hôtel de ville », l’autre portant la parole de la Métropole pour « remercier Alain Mérieux […] et l’Agence régionale de santé pour leur engagement », tandis que le troisième, citant l’abbé Pierre, louait notamment, au nom de la Région, l’engagement d’Henri de Rohan-Chabot : « Ceux qui croient que c’est impossible sont priés de ne pas gêner ceux qui essaient. »

« Venir ici nous permet de rompre notre isolement, de souffler un peu tout en sachant qu’on s’occupe bien de notre parent »

La note émotionnelle était donnée par Nathalie et Raphaëlle, toutes deux ayant un proche en situation de handicap et bénéficiant à ce titre du soutien de la maison de répit : « Venir ici nous permet de rompre notre isolement, de souffler un peu tout en sachant qu’on s’occupe bien de notre parent. »

Sophie Cluzel et Brigitte Macron ont ensuite pris la parole : « Nous sommes avec les aidants et nous allons tout faire pour les aider d’avantage. Le répit est un droit. Cette maison est exceptionnelle et elle va se reproduire » a assuré cette dernière. « Vous pouvez compter sur l’engagement du gouvernement », a ajouté Sophie Cluzel.

Pas de ruban à couper cette fois mais à la place la plantation d’un rosier en guise de geste inaugural.

Un rosier portant une variété spécialement créée pour l’occasion : la rose Jeanne cœur, en hommage à la fille d’Henri de Rohan-Chabot.

« Un lieu convivial et familial »

« Il ne s’agissait pas de créer un énième centre pour les personnes handicapées ou les malades, mais de créer un lieu convivial et familial : la porte d’entrée est la personne qui accompagne.

Le maintien à domicile génère de nombreuses problématiques, les aidants s’épuisent et n’osent pas confier leur malade à d’autres », affirme Henri de Rohan-Chabot.

Un crédit de 30 jours par an

La maison comprend cinq chambres pédiatriques, dix pour les adultes et cinq autres plus un studio pour les aidants, un espace de bien-être et des espaces de vie comme une cuisine, un petit salon ou une salle de jeux.

Elle s’adresse à toutes les familles de la métropole s’occupant d’un malade, ou d’une personne porteuse de handicap, de moins de 60 ans.

Le « crédit temps » auquel elles ont droit est de 30 jours par an, fractionnable au choix. Les aidants peuvent amener leur malade ou rester avec eux, ce que beaucoup ont fait lors de leur premier séjour.

Un projet né il y a sept ans

Porté par la Fondation France-Répit créée en 2012 par le projet fou d’un médecin oncologue et d’un entrepreneur, Henri de Rohan-Chabot, la Maison de répit a ouvert ses portes en octobre 2018 dans un magnifique parc à Tassin.

« Tout est bien qui finit bien », avouait Henri de Rohan-Chabot lors de l’ouverture de la maison en octobre 2018. Et pourtant, quel parcours du combattant… En 2015 les obstacles semblaient à peu près tous levés pour la réalisation de ce projet.

Le lieu était trouvé : un grand terrain à Saint-Genis-les-Ollières, sur le plateau de Méginand. Las… de nombreux recours de riverains, inquiets d’un accroissement de la circulation ont eu raison de la future construction qui aurait dû ouvrir fin 2016.

Meublée « comme une maison de famille »

C’est Alain Mérieux qui fut le bon samaritain : ayant entendu parler de la Maison, il propose alors une propriété à Tassin, ancien siège de Biomérieux située avenue du 11-Novembre.

Le magnifique parc de un hectare et la maison pouvant abriter la Fondation font l’unanimité, ainsi que l’enthousiasme de la mairie à porter le projet. De nombreuses réunions publiques sont organisées pour les habitants du quartier, dont l’accueil est très favorable.

Les travaux commencent au printemps 2017 pour une ouverture prévue mi-2018 : située sur l’ancien parking de la propriété, la maison d’une surface de 1600 m² s’élève sur deux niveaux, plus un sous-sol, et le parc est entièrement préservé. Une galeriste, Nathalie Rives, s’occupe de la meubler « comme une maison de famille ».

« C’est absolument inédit en France »

Une trentaine de salariés y travaillent : une équipe d’hébergement, une équipe de soins, et aussi une équipe mobile de répit, avec un médecin, un infirmier, une assistante sociale ou un psychologue. Avant le séjour, cette équipe mobile se rend au domicile des patients pour comprendre les besoins. Après le séjour, elle va garder un lien avec les familles.

« C’est absolument inédit en France », précise Henri de Rohan-Chabot. Une soixantaine de bénévoles assurent également le fonctionnement de l’établissement.

Comme un air de campagne municipale ?

Après l’inauguration, une nuée de journalistes s’est précipitée vers la première dame. Au cœur des interrogations : un éventuel soutien de la Macronie à Gérard Collomb pour les municipales.

« Ne me faites pas çà, parce que sinon je vais être assignée à résidence jusqu'à la fin des élections municipales », sourit Brigitte Macron au micro de France 3 Région. Au milieu des rivaux Kimefield et Collomb, elle préfère tempérer : « Ce n'est pas politique, je vous le garantis, parce que ce qui sera bien pour Lyon, c'est ce que les Lyonnais diront. »

« Gérard, parle-t-on politique ensemble ? »

La veille, elle dînait pourtant avec le maire de Lyon, avec qui elle avoue avoir « pas mal de secrets ». Des secrets politiques ? Jamais : « Gérard, parle-t-on politique ensemble ? », demande-t-elle au maire, derrière elle. « Pas du tout, nous avons parlé gastronomie », s’amuse l’interrogé.

Toutefois, le bref passage rhodanien de Brigitte Macron s’inscrit dans un tour de France qui, analysé au peigne fin, prend des allures de campagne municipale. Quelques jours plus tôt, elle se rendait déjà à Marseille, déjeunant avec le maire sortant Jean-Claude Gaudin (LR) et Martine Vassale, présidente LR de la métropole et du département, candidate aux municipales.

« Il ne faut pas y voir un message politique »

Là encore, elle assurait n’endosser aucun rôle politique, même aux côtés du député La République en marque (LREM) de la circonscription, Saïd Ahamada. « Il ne faut pas y voir un message politique », certifie, pour RTL, celui qui se présente pourtant à la mairie de Marseille.

Un itinéraire ponctué de villes stratégiques pour la Macronie qui, maquillé derrière les enjeux sociaux chers à la première dame, prend la forme d’une campagne à peine dissimulée, un an avant les Municipales.