Ces incivilités qui coûtent cher aux communes

Dépôt sauvage de déchets, tags sur les murs… les communes du Jura sont souvent victimes d’incivilités...

Les élus locaux doivent apporter des solutions, en mettant par exemple en place des caméras vidéosurveillance. État des lieux dans quatre communes du département, pour lesquelles ces actes coûtent cher…

Les salles omnisports, à Champagnole. Photo Progrès/Vincent MOIRE

Les salles omnisports, à Champagnole. Photo Progrès/Vincent MOIRE

Les salles omnisports, à Champagnole. Photo Progrès/Vincent MOIRE

À Champagnole, des incivilités
« surtout dans les salles omnisports »

Bien que la commune ne constate pas de grosses dégradations dans la Ville, elle déplore le nombre d’incursions dans les salles omnisports, pour dérober du matériel, par exemple. Ces actes agacent la mairie et les associations, et ils représentent tout de même un coût.

Des incursions dans les salles omnisports

Des dégradations dans la Ville de Champagnole, il y en a peu, cependant, la commune regrette les incursions dans les salles omnisports. « C’est inadmissible, ce n’est pas croyable d’agir de la sorte », réagit Guy Saillard, maire de Champagnole. La Ville explique qu’il s’agit là des principales incivilités : en l’occurrence, des individus qui entrent par effraction dans ces lieux, « détruisent la serrure, et font des dégâts dans la salle », ajoute l’édile. « Cela peut parfois être des vols de ballons. Mais à l’arrivée, cela coûte des dizaines d’euros », regrette le maire.

Gardiennage au cimetière

D’autre part, pour éviter des incivilités au cimetière, constatées ces derniers temps, la Ville prévoit la mise en place d’un système de gardiennage. Un employé municipal aura à charge d’ouvrir et de fermer les portes du lieu de recueillement, pour ainsi éviter des vols ou des dégradations. Il logera dans la maison du cimetière, qui sera rénovée. Bien qu’il soit difficile de donner un chiffre exact, toutes incivilités cumulées sur une année, coûte « entre 5 000 et 10 000 € », précise Guy Saillard.

Un vol insolite en 2015

C’était un vol pour le moins insolite. La statue de la Jeune fille à la conque, qui trônait dans la ville de Champagnole, avait été dérobée en 2015. La commune avait, à l’époque, porté plainte à la gendarmerie. Après plusieurs recherches, il avait été constaté qu’une vente aux enchères avec une statue semblable avait été effectuée. Le vendeur avait été localisé en Floride, aux États-Unis, et la sculpture aurait été vendue 13 000 €. Était-ce qu’une simple copie ? Toujours est-il que ces nouveaux éléments avaient été transmis à la gendarmerie, et le dossier transféré à une cellule spécialisée dans le vol des objets d’art, à Paris. Depuis, cette fameuse statue n’a jamais été revue à Champagnole, et le dossier reste au point mort.

V. M.

Le service SOS encombrants, initié par Éric Di Domizio, directeur de la régie de quartier, est étendu à l’ensemble  de la ville. Photo Progrès/Mathilde GARNIER

Le service SOS encombrants, initié par Éric Di Domizio, directeur de la régie de quartier, est étendu à l’ensemble de la ville. Photo Progrès/Mathilde GARNIER

Le service SOS encombrants, initié par Éric Di Domizio, directeur de la régie de quartier, est étendu à l’ensemble de la ville. Photo Progrès/Mathilde GARNIER

À Dole, un service novateur veut venir à bout des encombrants

Le dépôt sauvage de déchets, dont les encombrants, est l’incivilité qui coûte le plus cher à la Ville de Dole. Pour réduire cette pollution, la régie de quartier des Mesnils-Pasteur a imaginé un service à domicile, basé sur la solidarité. La Ville de Dole consacre 50 000 euros par an à ses agents pour ramasser et nettoyer les lieux où des déchets sauvages ont été laissés. Nombreux sont ceux qui, par flemme ou par incapacité, abandonnent téléviseur, machine à laver ou vieux fauteuil dans les anciens lieux de dépose : rue Marquiset, à la cité John-Kennedy, au rond-point Le Poiset et même… Dans la forêt. « Une vingtaine de points volontaires étaient ramassés mais on a constaté, avec la Ville, qu’il y avait pas mal d’incivilités », explique Eric Di Domizio, directeur de la régie de quartier Les Mesnils Pasteur. En effet, plages horaires, lieux, ou objets déposés : les habitants ont du mal à respecter les règles. « Il y a aussi eu une recrudescence des incivilités des personnes venues de l’extérieur, surtout des entreprises », s’agace le directeur, originaire des Mesnils Pasteur. De plus, pour ramasser les encombrants, la Ville passait parfois par deux prestataires l’association de lutte contre le gaspillage (ALCG).

Enlèvement à domicile

En 2018, la régie de quartier lance “SOS encombrants”, un service d’enlèvement à domicile. « La plupart des gens appellent parce qu’ils ne peuvent pas les emmener à la déchèterie », note Eric Di Domizio. Et ça a marché. « En six mois, on a fait plus de 100 interventions. » Si bien que, depuis le 1er janvier 2020, le service a été étendu à l’ensemble de la ville, remplaçant le point d’apport volontaire une fois par mois. Pour 5 euros, quatre à six salariés de la régie de quartier se déplacent chez les Dolois et emportent leurs monstres. « Puis, on passe à l’ALCG avant d’aller au SITCOM, c’est une économie circulaire », souligne le directeur. L’action est conduite sur un an et pourrait être déployée sur la région lédonienne, en lien avec Office public de l’habitat (OPH) du Jura. Le temps jugera de sa pertinence.

M. G

À Lons-le-Saunier, « les caméras de vidéosurveillance sont dissuasives »

Rue Traversière, la ville avait imaginé faire peindre une fresque à des enfants pour éviter que cette petite rue entre les rues des Cordeliers et Perrin ne soient plus couvertes de tags. Photo Progrès/Renaud LAMBOLEZ

Rue Traversière, la ville avait imaginé faire peindre une fresque à des enfants pour éviter que cette petite rue entre les rues des Cordeliers et Perrin ne soient plus couvertes de tags. Photo Progrès/Renaud LAMBOLEZ

Rue Traversière, la ville avait imaginé faire peindre une fresque à des enfants pour éviter que cette petite rue entre les rues des Cordeliers et Perrin ne soient plus couvertes de tags. Photo Progrès/Renaud LAMBOLEZ

« Nous n’avons pas d’estimation de ce que cela peut coûter à la ville. » Lons-le-Saunier semble relativement épargné par les incivilités. Il y a bien eu quelques vols de fleurs sur le pont neuf et des problèmes sporadiques de déchets entreposés n’importe comment dans les rues des quartiers Marjorie et Mouillères ces derniers mois, « mais le phénomène n’est pas récurrent », assure Jacques Pélissard, le maire de Lons-le-Saunier. La Ville n’a pas de chiffres sur ce que peuvent représenter ces petits faits de délinquance.

« Nous sommes davantage confrontés aux tags et au vidage des extincteurs dans les parkings souterrains Richebourg et de la Comédie, reprend Jacques Pélissard. Mais ce n’est pas fréquent. Nous avons 117 caméras de vidéosurveillance et cela est dissuasif. De plus, nous portons systématiquement plainte quand des bâtiments publics sont touchés. Et quand les auteurs des tags sont identifiés, ils sont ensuite souvent condamnés à des travaux d’intérêt général. »

Une stratégie pour lutter contre les tags

La Ville a aussi mis en place une autre stratégie pour lutter contre les tags : commander des fresques murales aux enfants des écoles sur les transformateurs électriques par exemple, ou à des artistes de street art comme vers le passage derrière l’église des Cordeliers. « On imaginait le faire rue Traversière où il existe encore de vieux tags. Mais cela n’a jamais pu se faire. J’espère que cela va pouvoir se faire un jour. »

R.  L.

Avec l’installation de caméras, la mairie n’est plus taguée.  Photo Progrès/Bruno DAVID

Avec l’installation de caméras, la mairie n’est plus taguée.  Photo Progrès/Bruno DAVID

Avec l’installation de caméras, la mairie n’est plus taguée.  Photo Progrès/Bruno DAVID

À Bans, la vidéosurveillance installée pour plus de sécurité

Bans, commune de 200 habitants, est certainement le plus petit village du Jura à posséder une vidéosurveillance. Dans le même temps sur son territoire, il existe une zone artisanale et commerciale de plus de 75 hectares avec de nombreux commerces. Le maire Guy Villet, qui ne sera pas candidat aux prochaines élections, explique ce choix : « La commune a subi diverses dégradations avec des tags sur les murs de la mairie restaurée il y a trois ans. Plusieurs commerces de la zone commerciale ont été victimes de tentatives ou de vols, certains à plusieurs reprises, la situation ne pouvait plus durer. » La commune a dépensé environ 10 000 € pour l’installation de sept caméras dernière génération : « C’est un peu plus cher que prévu, mais nous avons fait installer des caméras qui sont équipées contre le vandalisme », précise le maire. Pour ce qui est du coût des travaux des incivilités, « c’est l’employé communal qui a repeint. Heureusement, sinon avec une entreprise, la note aurait vite été conséquente et à la charge du contribuable. »

L’installation des caméras semble avoir été bénéfique : « Nous n’avons plus constaté d’incivilité dans le village. Dans la zone, c’est la même chose. » Un fait a été élucidé avec des personnes qui se rendaient en dehors des horaires à la déchetterie de Mont-sous-Vaudrey. Elles ont été identifiées, puisque la zone commerciale de Bans est limitrophe avec la commune de Mont-sous-Vaudrey. Un autre cas est en cours d’élucidation. Concernant le transit des poids lourds interdits dans le village, il a disparu : « Tout est mis en place à chaque entrée de la commune, les usagers sont avertis qu’une vidéosurveillance est installée dans la commune. »