Ces projets utopiques
qui pourraient
devenir réalité

D’utilité publique ou sentimentaux, ces projets portés par des entrepreneurs, des passionnés ou des collectivités font rêver. Parfois un peu fous, certains pourraient pourtant bien se concrétiser. Quelle est la probabilité pour qu’ils aboutissent ? Nous nous sommes risqués au jeu des pronostics, qui ne présagent évidemment pas du futur.
Des navettes suspendues
construites dans l’ouest lyonnais

100 %
Elle a soufflé cette année cinq bougies et voit son avenir avec optimisme : la société Supraways, basée dans l’ouest lyonnais, continue son travail de construction et de promotion de son projet de transport par navette électrique suspendue. « C’est l’incarnation même de la transition écologique », s’enthousiasme Claude Escala, son président, louant son système de transport collectif propre, partagé et autonome : « Propulsé par l’énergie électrique solaire, il s’affranchit des contraintes de la route – puisqu’il passe au dessus – et peut aller partout. »
Optimisme avec la vague verte
Supraways est conçu comme un réseau extensible à l’envie, flexible techniquement, avec des stations en dérivation qui ne gênent donc pas le trafic. Les navettes de 3 tonnes peuvent emmener jusqu’à 9 personnes ou bien deux tonnes de fret : « Dans les villes, il y a beaucoup de contraintes au sol, Supraways pourrait aussi être un bon moyen pour la livraison de colis. »

Claude Escala, président de Supraways. @DR
Claude Escala, président de Supraways. @DR
La vague verte des dernières élections est accueillie avec optimisme par le président de la société, qui n’avait jusque-là pas pu promouvoir son projet auprès de l’ancienne équipe de la Métropole de Lyon. « Là où les contacts sont le plus avancés, c’est avec Saint-Quentin en Yvelines et Versailles Grand Parc. Nous devrions construire dans ce département notre centre d’essai et de démonstration. Nous serons prêts pour Paris 2024. La région des Hauts de France s’est montrée aussi très intéressée, nous avons déjà conduit là-bas trois études de faisabilité. » Dans notre région, la métropole de Grenoble a été approchée, « et on espère que Saint-Étienne et la Métropole de Lyon vont nous écouter. » Avec en ligne de mire la liaison entre les deux villes et la desserte des territoires qui les séparent.
Lever un verrou
Pour Supraways, la conjonction campagne électorale et la crise sanitaire de cette année n’a pas permis d’avancer aussi vite que souhaité, « mais maintenant, nous faisons feu de tout bois assure Claude Escala. BPI France et la Région Auvergne Rhône-Alpes nous apportent leur soutien et nous venons de lever un verrou technologique : nos véhicules pourront s’autoguider grâce à un aiguillage embarqué même à grande vitesse. »
Le dernier verrou ? Le prix ? Cela ne semble pas en être un : le km est annoncé à 20 millions d’euros pour un système à deux fois deux voies, autrement dit beaucoup moins cher que certains autres moyens de transport collectifs, comme le métro pour ne citer que lui. « Ce que nous proposons à la Métropole, c’est de faire une étude-diagnostic pour voir comment loger un Supraways qui viendrait compléter l’offre existante. » Une fois la décision d’un éventuel investissement dans le projet prise par l’autorité, quatre années peuvent suffire avant de voir évoluer les premières navettes.
Frédéric GUILLON

@Supraways
@Supraways

@Supraways
@Supraways
Un parc médiéval
dans le Beaujolais

25 %
Depuis plusieurs années, l’association Ternand Médiéval rêve de créer un parc de loisirs médiéval en vallée d’Azergues. Alors que les contours du projet se précisaient, coronavirus et politique l’ont mis sur pause.
Un saut dans le passé. C’est ce que Ternand Médiéval veut proposer avec une « motte castrale », implantée en Vallée d’Azergues sur un site de plusieurs hectares. « Nous souhaitons construire un château sur un dôme de terre et un village médiéval », confie Philippe Leroy, président de l’association qui organisait les journées médiévales de Ternand jusqu’en 2018. Un site a même été repéré : la forêt de la Flachère, à Légny. « Elle est en partie départementale, en partie communale ; il y a des chemins pour de gros véhicules, mais aussi des chemins pédestres, des étangs, un parking, l’électricité… », énumère Philippe Leroy.

Philippe Leroy, président de Ternand Médiéval. @Progrès/Laurène PERRUSSEL-MORIN
Philippe Leroy, président de Ternand Médiéval. @Progrès/Laurène PERRUSSEL-MORIN
Mais en pleine crise sanitaire, le projet reste au point mort. L’association, qui ne compte plus qu’une vingtaine d’adhérents contre plus de 100 il y a quelques années, tente de survivre malgré un loyer qui pèse sur sa trésorerie. Peu à peu, une partie du matériel acquis au fil des ans est vendue sur Internet pour renflouer les caisses.
« Nous ne voulons pas refaire
le Puy du Fou »
Pour autant, Philippe Leroy ne perd pas espoir : « Il faut que des élus soient partants et appuient l’idée : cela va créer de l’emploi et rapporter de l’argent. » D’autant plus que le projet serait réalisé en grande partie bénévolement. « La motte ne coûte pas cher : elle n’est constituée que de bois et des scieries du coin sont prêtes à nous aider », souligne le président, qui a réalisé une maquette pour expliquer le concept.

Différents ateliers, notamment un atelier cuir, sont organisés par l'association. @Progrès/Laurène PERRUSSEL-MORIN
Différents ateliers, notamment un atelier cuir, sont organisés par l'association. @Progrès/Laurène PERRUSSEL-MORIN
Les idées ne manquent pas pour animer ce village médiéval : location de vignes à des particuliers pour mettre en avant le savoir-faire de viticulteurs locaux, création d’ateliers autour du cuir, du bois ou encore de la forge avec des artisans locaux qui loueraient un emplacement à l’année, représentations organisées par l’association Ternand Médiéval, mais aussi par d’autres structures du même type. « Nous ne voulons pas refaire le Puy du Fou, mais, comme nous, ils sont partis de rien il y a 20 ans. »
Laurène PERRUSSEL-MORIN
A Villeurbanne,
un périphérique couvert

50 %
Cédric Van Styvendael, le maire de Villeurbanne, veut faire du projet de couverture du périphérique Laurent-Bonnevay, une des priorités de son mandat. À ses yeux, un moyen efficace de lutter contre la pollution sonore et visuelle.
Recouvrir le périphérique Laurent-Bonnevay à Villeurbanne, à hauteur de Cusset faisait partie des dossiers retenus par Cédric Van Styvendael lorsqu’il était en campagne pour les municipales à Villeurbanne. Un projet qu’il n’a pas laissé au fond du tiroir, rappelant en conférence de presse, le 17 septembre, qu’il continuera à le défendre « avec force et sérieux ».
« Une étude de programmation sera menée pendant ce mandat, assure-t-il, ce projet date d’une dizaine d’années et j’en ferai une des priorités. Je rediscuterai avec le président de la Métropole pour que l’on soit accompagné. Ce n’est pas une utopie ou une lubie comme je l’ai entendu parfois », l’édile faisant référence à Béatrice Vessiller, ex-candidate écologiste aux dernières municipales de Villeurbanne, aujourd’hui vice-présidente à La Métropole, très critique sur ce dossier.

Cédric Van Styvendael, le nouveau maire de Villeurbanne. @Progrès
Cédric Van Styvendael, le nouveau maire de Villeurbanne. @Progrès
Végétaliser mais aussi
construire des logements
Voilà pour l’aspect politique mais concrètement, comment se matérialisera cette réalisation, censée permettre, entre autres, de lutter contre la pollution routière et les nuisances sonores et de végétaliser un secteur bien urbanisé ? La zone Cusset-Bonnevay accueillant également des équipements importants, avec le pôle multimodal du Sytral, un centre nautique, un stade, l’Astroballe, sans oublier la centrale hydro électrique de Cusset, sur le canal de Jonage. Le maire n’écarte d’ailleurs pas la possibilité de bâtir des logements et des bureaux, « le financement passe aussi par la possibilité de construire sur cette ouverture du périphérique ».
S’inspirer de ce qu’a fait
la maire de Paris
Pour démontrer la faisabilité d’une telle réalisation à Villeurbanne, Cédric Van Styvendael s’appuie sur un projet mené avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, à la Porte des Lilas. Des jardins recouvrent les huit files du périphérique, des dalles ont été créées et accueillent des parcs et des terrains de sport. Ces projets prévoient de couvrir les espaces entre les ponts existants. Un rapport de la Mission d’information et d’évaluation du Conseil de Paris sur le devenir du périphérique parisien a été remis en mai 2019, à Anne Hidalgo. Il préconise 40 mesures pour transformer cette autoroute urbaine en boulevard urbain. D’autres exemples de transformation de ce type existent en Europe, comme à Madrid, où une voie verte recouvre le périph’.
«Il faut apaiser la circulation sur le périphérique et passer en boulevard urbain, c’est prévu, souligne le maire de Villeurbanne. Mais apaiser ne permet pas d’enjamber le trou que représente ce périphérique. Si on récupère la déclivité qui existe, ça reviendra à le recouvrir ».
Le maire parle d’une « enveloppe de 500 millions d’euros dans sa version réaliste » pour mener à bien ce projet.
Régis BARNES
Un téléphérique
pour relier
les quartiers de Tarare

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Dans le cadre d’un projet de réaménagement urbain qui prévoyait la conception d’un écoquartier, un téléphérique était envisagé pour relier différents quartiers de la ville. Plus de dix ans après, les chances de voir naître ce projet sur le territoire sont quasi nulles.
C’est un projet qui « avait dix ans d’avance » pour son instigateur, Thomas Chadoeuf-Hoebeke, premier magistrat de Tarare entre 2008 et 2014. « La ville de Tarare, deuxième plus grande ville du Nouveau Rhône, souffre d’un déficit d’image, notamment sur les entrées de ville », dit-il. Alors, pour lui redonner sa gloire d’antan, l’ancien édile avait misé sur un projet hors norme.
« Nous avons été traités de fous »
« Tarare est une ville motrice du secteur. L’idée était de reconstruire la ville sur la ville, et ce projet d’écoquartier était une première, c’était novateur. » L’un des points clés était de relier trois quartiers (la gare et l’hôpital, le centre-ville et la Plata) par un téléphérique. « Ça ne nous serait jamais venu à l’idée », confie Thomas Chadoeuf-Hoebeke. En effet, un concours avait été organisé, et c’est le projet du cabinet d’architecture Patrick Chavannes, à l’origine de la proposition de ce mode de transport original, qui a été retenu par la municipalité.
« Nous avons été traités de fou à l’époque », se souvient l’ancien édile. Pour mémoire, la démolition de la Plata comprenait une reconstruction sur le site, et « les habitants du nouveau quartier auraient pu se rendre plus facilement dans le centre-ville », selon l’ancien maire.

Le téléphérique devait relier la gare et l’hôpital, le centre-ville et La Plata. @Cabinet d’architecture P. Chavannes
Le téléphérique devait relier la gare et l’hôpital, le centre-ville et La Plata. @Cabinet d’architecture P. Chavannes
Et aujourd’hui ?
Mais en 2014, date du début des travaux, l’ancien édile est battu par le maire actuel Bruno Peylachon, et le Plan local d’urbanisme (PLU) a été révisé « pour vider le projet de son sens » tacle, amer, Thomas Chadoeuf-Hoebeke. Et martèle : « Quand on voit la requalification de la N7 aujourd’hui, avec un simple coup de peinture sur les façades, on voit que le maire manque cruellement d’ambition. »
Du côté de la Ville, on refuse de « revenir sur ce projet qui a plus de dix ans ». À la question de savoir si, un jour peut-être, les portes du téléphérique pourront s’ouvrir au public tararien, la réponse est formelle. « On adapte les types de transports à la population qui en a besoin, donc desservir un centre-ville depuis une colline où personne n’habite ne présente pas beaucoup d’intérêt. » Une chance quasi-nulle donc, pour un projet « qui aurait coûté 10 millions d’euros à la Ville », avec le soutien d’autres partenaires financiers, selon les chiffres de l’ancien maire.
V. H.

Un remonte vélo
dans les pentes de la Croix-Rousse et de Fourvière

60 %
Comment remonter les collines lyonnaises quand on est cycliste et bien incapable de rivaliser avec le maillot à pois du meilleur grimpeur ? À l’aide d’un remonte vélo. Idée maintes fois développée par des élus de tous les bords, elle pourrait prendre la forme, cette fois pour de vrai.
Le sujet n’est pas d’hier, il est clairement resté à l’état de vœu pieux, en tout cas à la Croix-Rousse, depuis la fin de la ficelle. Mais là, il pourrait bien revenir sur le tapis au moins pour deux raisons : l’explosion du trafic des vélos qui accroît presque de manière automatique les besoins. Et l’arrivée des élus écologistes à l’hôtel de ville qui pourrait bien accélérer le mouvement. L’intention a déjà été évoquée à multiples reprises, par des élus de tous bords. Candidat aux Municipales, l’actuel maire de Lyon, Grégory Doucet, avait annoncé la couleur en suggérant l’installation de remontes vélos sur les collines, « pour que le vélo soit accessible à toutes et à tous partout dans Lyon ».
À ce jour, la question semble plus avancée sur le 4e que sur le 5e arrondissement. Un secteur où, pour l’instant, les regards se tournent vers les abords de la gare Saint-Paul, indique l’adjointe au maire du 5e, Marielle Perrin, où un tunnel fermé depuis des années permet de rejoindre le sommet de Fourvière, pourrait abriter un remonte vélo. Peu importe la solution, lance Nicolas Frasie, co-président la Ville à Vélo, association qui propose d’embarquer les vélos dans les bus, les trams et les métros en dehors des heures de pointe. Le besoin est réel.
Un ascenseur sur rail
Embarquer les vélos sur les bus via un rack installé à l’avant ou à l’arrière des bus ? C’est une des solutions actuellement à l’étude. Ce n’est pas la seule, admet Jean-Christian Morin, adjoint au maire du 1er arrondissement en charge de la Mobilité. Ce que confirme le maire du 4e arrondissement, Rémi Zinck. L’idée serait d’installer sous une infrastructure déjà existante, le tunnel de la rue Terme, un ascenseur horizontal ou plutôt incliné, une sorte de grosse cabine qui s’élancerait sur des rails depuis le bas des Pentes jusqu’au boulevard de la Croix-Rousse. Une structure légère, sans opérateur, dont la vocation serait de transporter les cyclistes et leurs vélos, mais aussi des personnes à mobilité réduite ou des familles avec des poussettes, indique l’élu du 1er. Et même des touristes, imagine son collègue croix-roussien.
Cette idée de remonte vélo est défendue par les élus lyonnais. Le conseiller métropolitain de la circonscription Lyon-Centre Fabien Bagnon lui prête, aussi, une oreille très attentive. Sera-t-elle inscrite en bonne place dans les plans d’investissement futurs de la collectivité ? Et ainsi perdre son statut de simple Arlésienne…
Aline DURET