Ces coins qui font le plein de touristes l’été :

paradis pour les uns, enfer pour les autres

(c) Jean-Marc MAUCOTEL

(c) Philippe JUSTE

Grand Parc de Miribel-Jonage :
point de rencontre de l’agglo lyonnaise

À 12 kilomètres du centre-ville, un espace de 2 200 hectares, mis à disposition des habitants de l’agglomération lyonnaise et aindinoise. C’est le Grand Parc de Miribel-Jonage : avec ses trois plages gratuites (le Morlet, le Fontanil et la Baraka) et l’Atol', base de loisirs payante, le Grand Parc est un des sites “eau et nature” les plus fréquentés de la Métropole.

« Tout le monde peut y trouver ce qu’il cherche »
Damien Prost-Romand, directeur du développement de la Sepagal

Ces derniers jours, le parc comptabilise quotidiennement 30.000 à 40.000  personnes, (2 000 estivants à la plage de l’Atol' le samedi 29 juin). Les 350 hectares de plans d’eau (250 ha pour le seul lac des Eaux bleues) sont évidemment le premier motif de visite en ces temps de canicule, avec une eau à 28 °C, qui reste agréable lorsque l’air est à 40 °C ! Le second motif de séjour est la fraîcheur, tous les espaces de baignade étant entourés d’arbres.

Le parc de Miribel-Jonage est une grande forêt de 820 hectares, qui offre un exceptionnel havre de verdure et de dépaysement. Et si la base de loisirs ou les plages semblent trop peuplées, il suffit de s’en éloigner de 2 ou 3 kilomètres vers l’est, à pied ou à vélo, pour se retrouver dans des spots sauvages. « Tout le monde peut y trouver ce qu’il cherche : tranquilité, espaces naturels, points d’eau… », détaille Damien Prost-Romand, directeur du développement de la Société publique locale (SPL) Sepagal, société chargée de la gestion du lieu.

La sécurité renforcée l’été

Pour gérer ces pics d’affluence, la Sepagal augmente les effectifs pendant la haute saison : de 70 salariés, ce sont 110  à 120 personnes qui se répartissent la surveillance, l’entretien et l’animation de la zone. La sécurité est aussi renforcée, d’un côté via les agents supplémentaires recrutés, de l’autre par le renforcement du dispositif du Grand Parc, composé de la sécurité civile et policière, qui elle, dépend du commissariat de Vaulx-en-Velin.

Parmi leurs missions, «  on compte environ 90  % d’actes de médiation (comprendre, par exemple, les barbecues sauvages sur la plage) résolues sur l’instant », pour quelques rares interventions plus sérieuses. Comme, par exemple, la noyade du 28 juin dernier, où plus de 50  personnes ont été mobilisées afin de tenter de sauver, en vain, l’adolescent à la plage du Morlet. Pour mieux coordonner les forces, « tout le monde est sur le même canal radio. En cas d’urgence, tout le monde peut intervenir », complète Damien Prost-Romand. Et d’ajouter : « Il y a beaucoup de fantasmes au sujet des incivilités au Grand Parc. Le taux de faits de délinquance est faible. »

Le tourisme étranger en hausse

« Les chiffres du tourisme étranger augmentent depuis deux ou trois ans », annonce Damien Prost-Romand. En effet, « grâce à la ViaRhôna, on s’est positionnés comme lieu de halte », avec le concours de l’office de tourisme Only Lyon. Et la Sepagal a agi en conséquence, en prévoyant des blocs à vélos pour les touristes. « Aussi, le guide du Routard nous a attribué deux macarons. » Si la fréquentation globale ne se trouve pas impactée par la hausse de touristes, « les chiffres de l’Atol grimpent depuis 2015, avec l’aménagement de la plage de sable  ».

De notre correspondante locale,
Monique DESGOUTTES-ROUBY
avec Victoria HAVARD

5,5

C’est le chiffre, en millions d’euros, du budget de fonctionnement du Grand Parc Miribel-Jonage, propriété du Syndicat mixte pour l’aménagement de l’île de Miribel-Jonage (Symalim), géré par la société publique locale (SPL) Segapal (Gestion des espaces publics du Rhône amont). À cette somme, s’ajoutent 1,5 million d’euros dédiés à l’investissement.

(c) Manon PERRIN

(c) Manon PERRIN

(c) Maxime JEGAT

(c) Maxime JEGAT

(c) Nicolas FORQUET

(c) Nicolas FORQUET

(c) Photo Thérèse LEMAITRE

(c) Photo Thérèse LEMAITRE

(c) Thérèse LEMAITRE

(c) Thérèse LEMAITRE

(c) Thérèse LEMAITRE

(c) Thérèse LEMAITRE

Le Beaujolais, terre de passage des étrangers

Le Beaujolais, terre de vignobles, dispose de toutes les cartes pour attirer les touristes étrangers. Une situation idéale entre la mer du Nord et la Méditerranée, des paysages vallonnés et poétiques, de bons vins, une gastronomie, des animations conviviales, des châteaux à visiter, ainsi qu’une nature à arpenter à pied ou à vélo. Si le tourisme étranger se développe, le phénomène est moins rapide que chez nos voisins Bourguignons ou dans la vallée du Rhône : les touristes étrangers en Beaujolais, ce n’est sûrement pas l’enfer, mais plutôt un bon coup de pouce au territoire, à condition de se trouver sur son chemin !

| Une clientèle de luxe…

Les grandes structures de luxe, le château de Bagnols ou celui de Pizay, accueillent depuis longtemps une bonne clientèle étrangère. Pour les structures plus modestes, la fréquentation est inégalement répartie sur le territoire beaujolais.

| … Et une clientèle nature

Fleurie, avec son camping international, constitue la porte d’entrée principale de la clientèle étrangère des particuliers. L’Office du tourisme du village accueille 50 % d’étrangers pendant la saison. « Ce sont essentiellement des visiteurs d’Europe qui Nord qui transitent une, deux, voire trois nuits au camping ou dans les nombreux gîtes du nord Beaujolais, explique Géraldine Carry-Dumoulin, conseillère en séjour sur plusieurs antennes touristiques du secteur. Des Belges, Néerlandais, Allemands, Anglais, qui font une halte beaujolaise sur la route du sud. Ils demandent des circuits de randonnée, des adresses de dégustations de vin, de restaurant. Nous les adressons là où nous savons que l’accueil en anglais sera possible, ce qui n’est pas le cas partout. » Elle ajoute : « La création du Géopark et son label de l’Unesco, ont entraîné l’arrivée d’un nouveau type de clientèle, très proche de la nature, qui connaît le concept souvent mieux que les locaux. Ces touristes-là orientent leurs visites sur les géosites, comme Brouilly par exemple. »

« Transformer leur halte en séjour »

« Tout l’enjeu du nouvel office du tourisme du Beaujolais est de faire en sorte que les étrangers allongent leur halte en Beaujolais, voire transforment leur halte en séjour, explique Martial Iteprat, directeur marketing de l’Office de tourisme du Beaujolais. Nous essayons de leur faire découvrir des packages hors des sentiers battus. »

De notre correspondante locale, Marie-Pierre JANDEAU

Les croisiéristes américains,
« une clientèle aisée »

Depuis deux ans, ils débarquent du bateau de croisière, amarré à Lyon ou à Mâcon, et ce trois fois par semaine pour deux circuits, à Beaujeu, et à Fleurie. Avec 30 à 50  visiteurs par bus, on peut parler de “manne” là où ils s’arrêtent. À la Maison des terroirs de Beaujeu, la clientèle américaine assure à elle seule 20  % du chiffre d’affaires annuel et 30  % de la fréquentation. «  C’est une clientèle aisée, explique une hôtesse . Ils se promènent dans le village, s’arrêtent prendre un café, manger un croissant ou faire quelques courses à la pharmacie. » Le problème ? Tout doit être bouclé en 45  minutes . Ensuite, ils s’en vont vers le château des Ravatys à Saint-Lager, Varennes à Quincié, Nervers à Odenas, ou encore la Chapelle de Vâtre à Jullié. Et retour au bateau.

(c) Photo Marie-Pierre JANDEAU

(c) Photo Marie-Pierre JANDEAU

(c) Elena JEUDY-BALLINI

(c) Elena JEUDY-BALLINI

(c) Elena JEUDY-BALLINI

(c) Elena JEUDY-BALLINI

Dans le Vieux-Lyon, « les touristes oublient parfois que ces rues sont habitées… »

Dix heures, un jeudi matin dans le quartier Saint-Jean. Les commerçants aménagent leurs vitrines, tandis que du côté des bouchons on sort les premières tables. Tranquille pour une matinée d’été. « Respirez tant qu’il en est encore temps ! », suggère un jeune homme en train de livrer des produits dans l’un des restaurants de la rue piétonne. « À midi, en général, ils commencent à arriver ». “Ils”, ce sont les milliers de touristes qui sillonnent la ville.

« On n’a jamais vu autant d’Américains »

Si le quartier fait partie des lieux touristiques par excellence, cette année, les commerçants ne s’attendaient pas à une telle marée. «  On n’a jamais vu autant d’Américains », s’exclame la responsable d’un salon de thé. Depuis le début de la semaine, ils sont environ 20 000 à avoir débarqué pour soutenir leur équipe pendant les matches finaux de la coupe du Monde féminine de la FIFA. « Des Hollandais, des Anglais, quelques Suédois aussi…  » Toute une clientèle à fort pouvoir d’achat, de quoi faire grimper les chiffres d’affaires, comme le constatait récemment le directeur d’Only Lyon. « On a augmenté le nombre de nos visites guidées, particulièrement dans le Vieux-Lyon et les traboules. »

« Pour nombre d’entre nous, c’est évidemment une véritable aubaine », reconnaît-on au restaurant “Le Pavé de Saint-Jean”. « Les spécialités locales cartonnent, les touristes commandent du saucisson chaud, des quenelles… Et ne se contentent pas d’un plat, mais prennent aussi l’entrée et le dessert… Parfois plusieurs ! Ils raffolent de la gastronomie typique. À chaque service, il y a toujours une bonne ambiance ! »

Un tableau idyllique ? Trop vite dit… Les tour opérateurs qui quadrillent le Vieux-Lyon et ses traboules mettent tous les commerçants d’accord. « De la pure promo de produits », selon certains. « C’est un enfer ! Des dizaines de personnes qui défilent, s’arrêtent tous les dix mètres, encombrent les rues mais n’achètent pas, sauf de préférence là où les oriente leur guide. » Pour Joséphine, qui loge dans un petit appartement d’une traboule derrière le Palais de Justice, ces visites peuvent être difficilement supportables. « Les mauvais jours, on est obligés de sortir réclamer un peu de calme. Les touristes ont beau êtres adorables, quelques visiteurs oublient que ces ruelles sont habitées… », explique-t-elle.

« Y travailler est une chose, mais y vivre… C’était devenu impossible ! »
Dans cette boutique spécialisée en cosmétiques naturels, bougies et parfums, les savons de Marseille made in France remportent un franc succès auprès des Américains. Le responsable de “La Main des Anges” résidait dans le quartier autrefois. Il a rapidement fui. «  Y travailler est une chose, mais y vivre… C’était devenu impossible ! Il y a d’ailleurs beaucoup de roulement parmi les riverains, qui parfois ne restent que quelques années puis déménagent. »

« Il faut une sacrée capacité de résistance ! »

C’est le cas de Marion, 30 ans, qui a bénéficié d’un logement à loyer modéré pendant ses années de fac. « J’étais heureuse d’être immergée au cœur d’une vie lyonnaise trépidante, dans un cadre aussi incroyable. Au bout de quatre ans, j’ai fini par me lasser du flot ininterrompu de gens, matin, midi et soir. J’avais l’impression de me trouver sur un vrai boulevard ! Plus les années passent, plus on se marche dessus… » Pour autant, pas question pour les riverains d’incriminer leurs voisins commerçants : « On sait pourquoi on signe en arrivant ici. On joue le jeu. Mais il faut une sacrée capacité de résistance ! », s’exclame un quinquagénaire. Midi et deux minutes : sur les terrasses, les places disponibles se font rares, files d’attente se prolongent à l’extérieur des boutiques. Quelques heures plus tôt, le livreur n’avait donc pas exagéré.

De notre correspondante locale, Elena JEUDY-BALLINI

La baignade biologique du lac des Sapins, un régulateur naturel de flux

(c) Photo Richard MOUILLAUD

(c) Photo Richard MOUILLAUD

Attirer sans suffoquer. C’est le pari proposé par la Communauté de l’Ouest rhodanien (COR) autour de sa vitrine touristique, le lac des Sapins. Le principe de la baignade biologique (8.000 m²), la plus grande d’Europe, est séduisant : un bio filtre s’occupe de traiter l’eau en circuit fermé.

Pour permettre à la nature de faire son travail, le nombre d’entrées est limité à 2.500 par jour, un quota atteint plusieurs fois par saison depuis son inauguration en 2012. Ce principe, associé à l’isolement du site, agit comme un régulateur de flux naturel. D’autant plus que la Communauté d’agglomération de l’Ouest rhodanien, propriétaire des lieux, a décidé d’en faire “un écrin dans l’écrin”. Pour ce faire, elle a mis en place, autour, un nombre impressionnant d’activités (base nautique, biathlon nature, équitation, orientation, etc.) et d’animations (cinéma de plein air, concert, apéritifs thématiques, etc.).

(c) Joël PHILIPPON

(c) Joël PHILIPPON

De quoi satisfaire toutes les envies des visiteurs et éviter les embouteillages à la plage. « Le lieu, avec la baignade biologique, est vraiment bien conditionné, tout le monde travaille et les visiteurs ont vraiment de quoi faire, acquiesce Franck Boucaud, gérant du Robinson, l’un des points snack du lac, présent sur place depuis treize ans. Nous travaillons d’avril à septembre et ponctuellement, sur des événements comme le triathlon, à l’automne. Notre activité dépend essentiellement du soleil et le pic peut arriver à tout moment. »

La baignade n’a fermé que deux jours à l’été 2018 en raison des conditions climatiques. « Le seul point qui fait débat, ce sont les parkings », avoue le restaurateur. Pour les visiteurs, une thématique récurrente sur les réseaux sociaux quand l’affluence grimpe. Il y est question de tarifs élevés (7 € la journée pour voiture, 4 € pour une moto) et d’attentes bien trop longues à la sortie, malgré la mise en place de journées « grande affluence » par la collectivité. Une politique tarifaire agressive et volontaire de la part des gestionnaires ? Un filtre supplémentaire pour préserver le meilleur du site.

Pierre FOARE

(c) Annie GIRARD

(c) Richard MOUILLAUD

(c) Richard MOUILLAUD

(c) Annie GIRARD

(c) Richard MOUILLAUD

(c) Richard MOUILLAUD

À Mornant et Saint-Genis-Laval, « il faut savoir s’adapter au quotidien »

(c) Farah HOUSSAMI

(c) Farah HOUSSAMI

Bruno Chapuis est gérant de la société réunissant le camping des Barolles, à Saint-Genis-Laval, et celui de La Trillonnière, à Mornant. Pour lui, comme pour beaucoup de professionnels du secteur, la période estivale a démarré sur les chapeaux de roues, coupe du Monde féminine oblige.

Pour cette semaine de compétition, les deux établissements ont fait le plein : « Nous sommes complets à Saint-Genis-Laval, et presque complet à Mornant. On est débordé. » Si quelques Français sont présents, la plupart de la clientèle est étrangère, à l’image de cet Américain qui « est venu en avion en France mais a également fait transporter son camping-car par bateau ».

« Une plateforme autoroutière très importante au niveau européen »

Aux amoureux du ballon rond ont, en outre, directement succédé les premiers vacanciers, puisque les vacances scolaires ont débuté ce samedi 6 juillet : « Certains partent très vite, détaille Bruno Chapuis. Ils arrivent dès le lendemain. Peu de gens viennent en vacances à Lyon à proprement parler, mais la ville est une plateforme autoroutière très importante au niveau européen. Et l’A6/A7 est l’autoroute la plus fréquentée d’Europe en été. Via Givors, le camping de Mornant n’est pas loin, donc c’est une halte pratique pour les vacanciers. »

Dans ses établissements, Bruno Chapuis voit également défiler des cyclotouristes empruntant la ViaRhôna, ainsi que divers clients de dernières minutes. Mais après dix ans d’exercice, ce professionnel a une certitude : « Les jours passent et ne se ressemblent pas. Si on analysait les mois de juin des cinq dernières années, on ne pourrait pas tirer de conclusions générales, tant ils ne se sont pas ressemblé. Ce n’est pas un métier où l’on peut fonctionner selon des certitudes. Nous sommes tributaires de tellement de choses, du climat à l’actualité, il n’y a pas de règle. Il faut savoir s’adapter au quotidien. »

Farah HOUSSAMI