Comment les communes tentent de réduire leur facture
de chauffage

Au centre nautique ambarrois, l’eau et l’air sont en grande partie chauffés par deux pompes à chaleur, alimentées par les calories de l’eau puisée dans la nappe phréatique. Photo Progrès/Fabienne PYTHON

Au centre nautique ambarrois, l’eau et l’air sont en grande partie chauffés par deux pompes à chaleur, alimentées par les calories de l’eau puisée dans la nappe phréatique. Photo Progrès/Fabienne PYTHON

À l’heure où la crise écologique est au cœur des préoccupations mondiales, les communes du département ne manquent pas d’idées pour réduire leur consommation en énergie.
De nouvelles solutions de chauffage permettent aux collectivités de réduire, parfois drastiquement, la facture.

Au centre nautique d'Ambérieu, la géothermie réduit la facture

Le Syndicat mixte du centre nautique Bugey Côtière a épongé une part de son déficit grâce aux qualités des eaux souterraines utilisées depuis 2017.

Au centre nautique Bugey Côtière, à Ambérieu, un forage géothermique fonctionne depuis juin 2017 pour chauffer l’eau des différents bassins et l’air ambiant. « Notre souci constant, c’est de réduire le déficit de fonctionnement du centre nautique, expose Jean-Pierre Humbert, président du syndicat mixte qui réunit 20 communes. C’est pour cela que l’on avait commencé à réfléchir aux possibilités de la géothermie il y a quatre ans. » Après étude, un investissement de 340 000 € a été engagé par le syndicat, soutenu par une subvention de 152 000 € versée par l’Ademe.

40 000
C'est, en euros, l'économie réalisée en 2018 grâce à la mise en place de la géothermie


Aujourd’hui, l’eau puisée à une dizaine de mètres de profondeur remonte à une température de 12,5 °C et ses calories alimentent deux pompes à chaleur. Impossible de tout régler par la géothermie, mais le recours au gaz a drastiquement diminué. « En 2017, on consommait encore 1 157 MWh et en 2018, on est passé à 435 MWh. On a baissé de 700 MWh. L’économie représente 40 000 à 45 000 € par an aujourd’hui. Selon l’évolution des tarifs du gaz, le retour sur investissement sera peut-être plus rapide que les six à sept ans prévus. »
Dans le contrat de régie intéressée, signé avec la société Equalia, un engagement de performance a aussi été pris pour limiter les consommations, en lien avec l’exploitant technique Dalkia. « On doit essayer de trouver le meilleur rapport entre les économies d’énergie et le confort des usagers », résume Sébastien Davain, directeur du centre nautique.
L’eau du bassin sportif reste à 27,5 °C, celle du bassin ludique à 30 °C et de l’espace bien-être à 32 °C. Les économies, explique-t-il, se réalisent avec des réorganisations de tâches, permettant notamment de chauffer doucement des grands volumes d’eau la nuit par géothermie, et d’ajuster les températures ensuite en utilisant moins de gaz. À noter que les bassins sont désormais remplis avec l’eau de la nappe (depuis janvier 2019) et l’économie sur la facture d’eau, pour 10 000 m³ annuels, devrait s’élever à 20 000 €.

F.P

Péronnas :
le traitement du chauffage
dans les bâtiments publics

Le centre municipal restructuré avec le respect des économies d’énergie. Photo Progrès/Gilles RUY

Le centre municipal restructuré avec le respect des économies d’énergie. Photo Progrès/Gilles RUY

Ces dernières années, la commune a réalisé des investissements importants pour maintenir et créé des équipements pour la population. Un bâtiment, le centre municipal, existait tout à côté de la mairie et des écoles. Construit depuis plusieurs décades, il abritait des professions médicales, bibliothèque, poste, foyer des anciens, relais assistante maternelle, etc. Le besoin de créer un centre social et de lui trouver un site se posait. Après réflexion, et dans la mesure où le bâtiment présentait des surfaces disponibles, la municipalité a décidé de restructurer les lieux et les rentabiliser plutôt que de construire. Ainsi, elle pouvait accentuer la centralité des services essentiels à ses habitants. Une façon aussi de reconfigurer les surfaces. Les travaux de changement des huisseries (vitrage), isolation des murs, des combles et surtout le changement de chaudière par un modèle à condensation avec régulation automatique, adaptée à l’utilisation des différents secteurs d’activité, aura permis de réaliser une économie certaine sur ce budget de fonctionnement à la ligne chauffage à la satisfaction de tous ses usagers et de leur confort.

À Oyonnax, le réseau
de chaleur urbain
tourne à 78 % au bois

Grâce à deux chaudières biomasse installées en 2014, la Ville consomme moins de gaz et évite le rejet dans l’air de 9 000 tonnes de CO2. Avec une stabilité des prix en prime.

Autrefois 100 % gaz, le réseau de chaleur urbain d’Oyonnax carbure au bois depuis 2014 et l’installation de deux chaudières biomasse à Bellevue. Leur montée en régime se traduit dans les chiffres : la part d’énergie renouvelable atteint aujourd’hui « 77,7 % » selon Ivan Breuillot, le Monsieur énergie de la Ville. Ce ratio s’accompagne d’une stabilité sur quatre ans du prix du MWh, facturé 67,21 € TTC, au-dessus de la moyenne (68,30 € HT) selon l’Observatoire des réseaux de chaleur et des données datant de 2015. Les bénéficiaires ? Seulement 89 clients facturés mais environ 3 000 foyers desservis via les bailleurs sociaux, et plusieurs bâtiments publics : centre nautique, Valexpo, stade Mathon, etc.

Du bois du Jura


Au-delà de l’intérêt financier, il y a le bilan écologique. 9 000 tonnes de CO2 évitées (par rapport au gaz) en 2018, notamment grâce à une filière d’approvisionnement locale. « Le bois vient de Moirans-en-Montagne (Jura), en circuit court » souligne Georges Curt, directeur des services techniques. « On a cette chance d’être proche des forêts, de ne pas avoir à faire 200 km pour s’approvisionner. » Dans les camions, un mix issu des refus de tri, de plaquettes forestières (broyage) et de palettes. Dont le prix dépend du taux d’humidité.

Vers une extension ?

L’équipement, à plus de 8 millions d€ lors de sa conception, a été financé dans le cadre d’un Délégation de service public (DSP) à la société Idex, qui a obtenu l’exploitation du réseau pour une durée de 20 ans. Elle pilote donc également les deux autres sites municipaux, situés à la Forge et à la Plaine. Ils hébergent au total cinq chaudières gaz (24,8 MW) et deux moteurs de cogénération (2,8 MW). Allumés uniquement du 1er novembre et 31 mars, ces derniers « produisent de l’électricité et de la chaleur en brûlant du gaz. L’électricité est revendue et injectée dans le réseau national ; la chaleur part dans notre réseau » détaille Ivan Breuillot. Oyonnax vient d’entamer une réflexion pour l’étendre. À condition d’identifier et convaincre de nouveaux clients.

Antoine DELSART

L'avis de
Jean-Pierre Champion, maire de Mogneneins

« Nous avons opté pour une pompe à chaleur réversible »

Photo Progrès/Christine AUBOUIN

Photo Progrès/Christine AUBOUIN

Qu’est-ce qui vous a poussé à changer
le système de chauffage en mairie ?

« L’équipe municipale a toujours souhaité travailler dans une politique d’économie d’énergie et de préservation de la planète. Le réchauffement climatique est bien là. Il fait de plus en plus chaud au secrétariat, nous sommes montés à 38 °C. Ce qui ne permet pas un travail efficace et efficient. Mogneneins a une très vieille chaudière, qui risque de rendre l’âme et qui ne sert à présent plus qu’à la garderie. »

Est-ce que cela a permis de faire des économies ?

« Nous n’avons pas assez de recul pour le constater. Nous avons opté pour une pompe à chaleur réversible, chauffage l’hiver, climatisation modérée l’été. Dans tous les cas, c’est beaucoup moins polluant, donc bon pour la planète. De notre côté, nous arrêtons la climatisation ou baissons le chauffage à chaque absence. Une réflexion est également en cours pour les écoles, dans la classe vitrée où il fait extrêmement chaud. Mais ce sera au Sivos (NDLR : syndicat à vocation scolaire regroupant Mogneneins et Peyzieux-sur-Saône, présidé par le maire de Mogneneins) de le réaliser, certainement l’année prochaine. »

Pourquoi ne pas avoir programmé les travaux
dès le début de votre mandat ?

« Tout simplement pour des problèmes de finances. Nous avions des travaux importants à réaliser, concernant la sécurité et l’accessibilité du village et de la mairie. Nous avons profité de ces travaux pour mettre en place ce système, initialement prévu uniquement pour les agents. À la suite de la réalisation d’une étude sur les économies d’énergie, il s’est avéré plus intéressant de tout réaliser, pour un coût de 12 000 euros sans subvention. La pompe à chaleur est cachée et n’est pas visible de l’extérieur. »

Les bâtiments de Fareins se mettent en conformité

Photo D. AUDARD

Photo D. AUDARD

Photo D. AUDARD

La mairie de Fareins prend très au sérieux les économies d’énergie : la déperdition de calories en particulier. Une étude énergétique du principal bâtiment du village a permis d’orienter les premiers travaux pour améliorer le bien-être du personnel mais aussi, grâce au diagnostic sur le chauffage, de changer toutes les huisseries (19) et portes (2). La pose de la dernière porte s’est faite il y a quinze jours et l’économie envisagée sera au minimum de 30 %.

Mais le maire, Yves Dumoulin, ne veut pas s’arrêter là : « L’ancienne maison du gardien, que nous allons louer, va, elle aussi, voir ses fenêtres rénover. Les travaux ont commencé. Nous allons faire un appel d’offres pour les mêmes travaux concernant le château Bouchet. Mais là cela va concerner plus de 70 ouvertures. » Toujours dans un souci écologique participatif, des consignes seront distribuées au personnel de la mairie, aux élus et aux associations pour éviter au maximum le gaspillage. Si Yves Dumoulin se représente, il l’assure, ce sera l’une des priorités de son prochain mandat. Cette initiative a déjà commencé avec la pose de laine de roche dans les combles de la mairie (350 m²), dont le coût sera financé en grande partie avec le Certificat d’énergie que propose l’État. L’économie sera d’environ 30 %. « Nous n’allons pas sauver la planète, mais, à notre échelle, nous allons y participer un peu », conclu le premier magistrat.

De notre correspondant local, Daniel AUDARD