Élus en cours
de mandat

Comment ces maires
ont endossé le costume

De l’ombre à la lumière

Ils n’ont pas été élus sur leurs noms par les habitants, mais ils sont devenus le visage de leur commune. Ils étaient déjà là, mais pas au premier plan. Fin du cumul des mandats, ennuis judiciaires ou motifs personnels, peu importe la raison, les voilà propulsés sur le devant de la scène. Avec l’exposition qui va avec. Une transition brutale parfois, un costume pas facile à endosser souvent. Comment ces élus vivent leur mandat pas comme les autres ? Éléments de réponse avec ces exemples emblématiques dans le département.

« On disait que mon arrivée
était le fait du prince »

Christiane Charnay à Givors

En septembre 2017, Christiane Charnay,
alors première adjointe (PCF), succède en cours
de mandat à Martial Passi.

« La force tranquille. » Si l’expression n’avait un caractère mitterrandien trop prononcé, elle pourrait s’appliquer à Christiane Charnay. La maire (PCF) de Givors le dit avec sérénité : « Les railleries de l’opposition quand j’ai été élue par le conseil municipal ? Elles ont été d’une grande violence. On ne s’empêchait pas de dire qu’en tant que femme, je ne serais pas à la hauteur et que mon arrivée était le fait du prince. Cela ne m’atteint pas. J’ai ma carapace. Tout ce qui m’importe, c’est ce que me disent les habitantes et habitants de notre commune. Et je suis toujours bien accueillie par eux, y compris comme femme, dans des milieux religieux, lorsque j’entre sans foulard à la mosquée. »

Élue sans discontinuer
au conseil municipal depuis 1995

En septembre 2017, cette Givordine succède à Martial Passi, qui préfère se mettre en retrait de son poste – tout en restant conseiller municipal – pour mieux se consacrer à sa propre défense (lire par ailleurs). Elle est alors première adjointe depuis 2001, et élue sans discontinuer au conseil municipal depuis 1995.

« Je connais intimement ma ville dont je suis fière. J’ai habité dans tous ses quartiers. Et je connais le boulot car Martial Passi déléguait beaucoup. Il a été le premier à appliquer la parité », souligne cette retraitée de la Sécurité sociale, âgée de 63 ans.

Pourvoi en cassation

Martial Passi a été condamné en appel à six mois de prison avec sursis pour « prise illégale d’intérêt », en raison de l’embauche de sa sœur comme directrice générale des services à la Ville de Givors. La cour d’appel a annulé l’amende de 10 000 € infligée en première instance. L’élu nie formellement ces accusations et s’est pourvu en cassation.

Nicolas BALLET

Martial Passi, l'ancien maire de Givors, remet l'écharpe à Christiane Charnay, qui lui succède.

Martial Passi, l'ancien maire de Givors, remet l'écharpe à Christiane Charnay, qui lui succède.

Martial Passi, l'ancien maire de Givors, remet l'écharpe à Christiane Charnay, qui lui succède.

Martial Passi, l'ancien maire de Givors, remet l'écharpe à Christiane Charnay, qui lui succède.

L’œil de l'expert

« Depuis 2014, 24 nouveaux maires ont été élus »

Claire Peigné, présidente de l’Association des maires du Rhône
et de la Métropole de Lyon

Dans quels cas faut-il remplacer un ou une maire
en cours de mandat ?

« Un maire est remplacé en cas de décès ou s’il démissionne de ses fonctions. Tout en quittant sa fonction de chef de l’exécutif municipal, il peut toutefois rester membre du conseil municipal. Depuis le dernier renouvellement de 2014, 24 maires ont été élus en cours de mandat. C’est moins de 9 % des maires du département du Rhône et de la Métropole de Lyon. Plus de la moitié des maires démissionnaires devaient choisir entre leur fonction de maire et leur mandat de parlementaire (député ou sénateur) en raison de la loi sur le non-cumul des mandats ».

Est-ce généralement le ou la premier (ère) adjoint(e)
qui reprend le flambeau ?

« Cela peut être le cas, mais pas toujours, sachant que c’est l’ensemble des conseillers municipaux qui est amené à se prononcer sur les candidatures à la fonction de maire. »

Les habitants peuvent se dire, qu’eux-mêmes, n’auraient pas élu
le suivant ? N’est-ce pas un déni de démocratie ?

« C’est la loi qui prévoit que ce sont les conseillers qui élisent, en leur sein, le nouveau maire. L’élection d’un maire en cours de mandat fait partie de la vie municipale. Le nouveau maire s’attache à poursuivre le mandat confié par les électeurs à l’équipe municipale. »

Pour l’élection municipale suivante,
est-ce généralement un avantage pour le sortant ?

« D’abord, il faut préciser que tous les maires élus en cours de mandat, s’ils font le choix de se représenter, auront à présenter, comme les autres candidats, une équipe et un projet. Leur connaissance des dossiers et leur implication dans la vie municipale comptent bien évidemment, mais ce sont bien les électeurs qui choisissent. »

« Aujourd’hui, c’est toi le maire,
c’est toi qui décides »

Christophe Quiniou, à Meyzieu

Christophe Quiniou a été propulsé maire de Meyzieu, le 27 juin 2017, lorsque Michel Forissier, touché par la loi sur le non-cumul des mandats, a dû démissionner. Une passation « sans carcan » mais une légitimité difficile à acquérir.

« Du jour au lendemain, vous êtes élu maire et on estime que vous devez connaître tout sur tout, être instantanément expert sur tous les dossiers. Vous êtes obligé d’acquérir une légitimité en très peu de temps. Autre difficulté : vous êtes issu d’une équipe, mais ce n’est pas votre équipe, et cela peut créer des tensions avec les autres adjoints. Il faut conquérir sa légitimité par le travail », reconnaît le maire LR.

Devenu premier édile de la ville, celui qui était deuxième adjoint a été élu à la majorité par les autres conseillers municipaux. Michel Forissier, qui occupait le poste depuis seize ans, lui a alors dit : «Aujourd’hui, c’est toi le maire, c’est toi qui décides. » Cette confiance, les deux hommes l’entretenaient déjà depuis plusieurs années.

« Nous échangeons presque chaque jour encore »

En 2007, Christophe Quiniou, alors simple citoyen majolan, était venu voir le maire pour évoquer avec lui « le manque de projets environnementaux dans la commune ». Michel Forissier lui avait alors proposé de venir travailler avec lui. Dès lors, « un respect mutuel s’est instauré entre nous », relate le maire de Meyzieu.

En 2008, le plus jeune devient conseiller au développement durable de l’aîné : « Nous étions très souvent ensemble, puisque tous deux conseillers métropolitains. Nous avons appris à bien nous connaître», raconte Christophe Quiniou.

Une même vision mais une façon de faire différente

Élu 2e adjoint délégué aux déplacements, aux transports, à la voirie, aux réseaux, et aux espaces naturels et aquatiques, lors des élections municipales en 2014, Christophe Quiniou devient simultanément attaché parlementaire de Michel Forissier. Si bien qu’en 2017, lorsqu’il démissionne, le sénateur se tourne naturellement vers son protégé. « Il savait que je respectais ce qu’il avait fait depuis toutes ces années pour la commune, que je n’allais pas changer d’orientation. Quels que soient les sujets, nous partagions la même vision des choses. C’est toujours le cas et nous échangeons presque chaque jour encore. »

Une même vision peut-être mais une façon de faire différente : « Avec Michel Forissier, nous sommes sur un élu à l’ancienne, le notable de la ville, qui connaît tout le monde, qui a grandi en même temps que Meyzieu. Il a une empathie que je n’ai pas. Je peux donner l’impression de n’être pas sympa, mais personne ne mettra en doute ma capacité de travail et ma connaissance des dossiers. »

Christelle LALANNE

Michel Forissier aux côtés de Christophe Quiniou.

Michel Forissier aux côtés de Christophe Quiniou.

À Villefranche,
Thomas Ravier mise
sur la proximité assumée

Blanc nacre, carré, sans fioritures, ouvert sur les autres. En arrivant dans les pas de Bernard Perrut, baron de la politique locale, en 2017, Thomas Ravier n’a modifié que l’élément principal de l’espace réservé au maire de la commune : le bureau.

« D’ordinaire, c’est un élément austère. Là, je peux recevoir de manière collégiale », illustre Thomas Ravier, lunettes sur le nez, registre dans la main. Une manière d’affirmer son style, tout en respectant la fonction et le bilan de son prédécesseur, frappé par le non-cumul des mandats depuis sa victoire aux dernières législatives.

Passation de pouvoir avec Bernard Perrut.

Passation de pouvoir avec Bernard Perrut.

Le nouveau locataire est resté évasif au moment d’évoquer les coulisses de cette cohabitation locale – Bernard Perrut siège toujours au conseil municipal –, à moins d’un an des élections municipales de 2020. Mais lâche, entre deux formules de rigueur, « c’est moi qui ai le poste ».

« Toujours aussi surpris par le volume des prises de décision »

Lancé dans le grand bain il y a deux ans, Thomas Ravier n’a pas le temps de se retourner. « Je suis né ici, je connais la ville et les couloirs de la mairie. Mais je suis toujours aussi surpris par le volume des prises de décision. »

Vendredi, fin de journée. Invité au rendez-vous des partenaires du club d’aviron, l’élu n’aura pas vraiment le temps de savourer les bords de Saône. En moins d’une heure, il abordera avec ses convives, un acte de délinquance, la biodiversité, le voisinage, une demande logistique du club pour entreposer des remorques et l’avenir de la structure.

Thomas Ravier au contact de ses administrés, ici lors d'un concours de boules.

Thomas Ravier au contact de ses administrés, ici lors d'un concours de boules.

« Il faut être à l’écoute et connaître ses dossiers. Trouver une solution dans un dossier peut engendrer un problème ailleurs. Il faut jongler avec ça en permanence. Je ne prends pas beaucoup de temps pour moi, mais, même là, je ne peux pas enlever mon costume de maire. » Il dit cela sans amertume. Élu par un conseil municipal extraordinaire, Thomas Ravier, entouré de ses équipes, revendique ce contre-poids de la proximité. Auprès des rameurs ou des boulistes, il termine souvent ses propos dans un sourire.

Pierre FOARE

Lyon : « Fierté » et « continuité » pour les maires des 3e, 5e et 9e

Béatrice Gailliout, Catherine Panassier et Bernard Bochard ont respectivement succédé aux maires des 5e, 3e et 9e arrondissements de Lyon, en cours de mandat. Appartenant tous les trois à la majorité municipale, ils se confient sur cette expérience peu ordinaire.

1
Que ressent-on lorsque l’on remplace un maire ?

■ Béatrice Gailliout, maire du 5e : « J’ai ressenti beaucoup de fierté quand Thomas Rudigoz, devenu député, m’a demandé de devenir maire. Certes, on n’est pas soumis au suffrage des citoyens mais bien au suffrage des 23 élus du 5e. Et un maire sans son équipe n’est rien. Première adjointe, j’étais au courant des dossiers. On ne prend pas tout de suite la mesure de ce que cela va être. J’ai ressenti un peu de tension. D’un seul coup, on a plein de rendez-vous avec plein de gens qui veulent connaître le nouveau maire. »

■ Bernard Bochard, maire du 9e : « Je suis élu depuis 1995. J’ai toujours été un militant associatif avec un véritable intérêt pour la chose publique. Lorsque Gérard Collomb est venu me chercher, j’avais déjà une compréhension des politiques publiques et une connaissance de l’arrondissement qui ont facilité mon entrée dans une fonction d’élu. J’ai été premier adjoint durant deux mandats et même si j’avais pris un peu de recul sur ce mandat, mon arrivée au poste de maire est assez naturelle dans mon parcours politique. »

■ Catherine Panassier, maire du 3e : « La démission de Thierry Philip en cours de mandat a été pour moi une surprise complète et le fait qu’il me propose de lui succéder aussi. J’ai été très honorée de succéder à un vrai patron. Mais j’ai eu le trac de passer après un grand bonhomme, un excellent maire. Je lui voue une telle estime pour ce qu’il est et ce qu’il a fait. »

2
Comment fait-on pour imposer son style ?

 Béatrice Gailliout : « Je suis restée comme j’étais. J’ai beaucoup d’empathie pour les gens et je connais bien le 5e arrondissement pour y vivre depuis plus de trente ans. J’ai gardé des dossiers et je reste abordable pour les gens. Un maire d’arrondissement doit être au plus près de ses administrés. »

■ Bernard Bochard : « J’ai la chance de bien les connaître pour travailler avec eux depuis des années ! Gérald Collomb, Alain Giordano, Hubert Julien-Laferrière… C’est un arrondissement porteur en politique ! C’est un quartier de la diversité qui se transforme complètement. Mon action est dans la continuité de mes prédécesseurs, je m’inscris dans les mêmes préoccupations. »

■ Catherine Panassier : « Je ne pouvais pas refuser. Je me suis dit : je ne le remplace pas, je lui succède dans la continuité de ce qu’il a lancé. Je poursuis les axes d’action avec ma personnalité, sans me transformer. Je reste moi-même et je travaille. Et puis, il y a une belle dynamique collective au sein de nos réunions régulières entre élus du 3e. »

3
Qu’aimez-vous ou pas dans votre fonction ?

 Béatrice Gailliout : « Ce qui me plaît, c’est le contact avec les habitants, les associations, les établissements scolaires. J’ai découvert l’urbanisme, la sécurité et j’apprécie de travailler en transversalité avec d’autres services. Je suis fière d’avoir, avec le député, mené la lutte contre l’extrême droite. En ce moment, je travaille sur les établissements de nuit avec les services de police et la Sécurité prévention Ville de Lyon. Ce qui me manque, c’est du temps. Pour m’extraire de l’action politique et citoyenne afin de réfléchir, d’être force de propositions plus en amont. »

■ Bernard Bochard : « J’aime ce rapport aux femmes, aux hommes, ce contact avec les habitants. J’ai même accentué les fréquences de ces réunions au cœur des quartiers. Mais il faut le reconnaître, être maire, c’est une vraie charge émotionnelle, un travail de tous les instants. »

■ Catherine Panassier : « Je rencontre des tas de gens formidables et engagés, tous ces bénévoles, ceux qui travaillent dans le milieu sportif, l’éducation, les CIL, les CDQ, l’Usep, les chorales, l’environnement, etc. Toutes ces rencontres, ce n’est que du bonheur ! Je m’intéresse beaucoup aux projets. J’aime soutenir les initiatives locales, les aider, les accompagner,. Ce qui m’énerve le plus, c’est de ne pouvoir aller plus vite à cause des contraintes juridico-techniques et technocratiques trop lourdes. La fonction de maire prend du temps et de l’énergie, avec mon autre fonction de présidente de Grand Lyon Habitat, c’est un travail de dingue. »

4
Comptez-vous vous représenter en 2020 ?

■ Béatrice Gailliout : « Je ne suis pas seule à décider. Je ne prendrai pas de décision. Mon souhait, ce serait plutôt d’être candidate. En mairie centrale, on est plus éloignés des citoyens mais avec mon Master en Droit et gestion des collectivités territoriales j’ai le goût des finances publiques et de la sécurité. »

■ Bernard Bochard : « Dans ma position, il n’y a que deux alternatives et elles vont toutes deux vers de la transmission. Soit je m’implique comme maire un mandat de plus pour préparer cette transmission, soit d’ici la fin de ce mandat, j’utilise le temps qu’il me reste pour trouver une personne susceptible de poursuivre le travail effectué. Dans ce second cas, je me retirerai de la vie politique car je n’ai aucune volonté de poste en mairie centrale… Je ne me suis pas encore décidé. »

■ Catherine Panassier : « Je me positionnerai à l’automne 2019. À ma prise de fonction, j’ai pris l’engagement de ne pas militer pour mon parti (Modem-LREM). On est une équipe plurielle. Il faut qu’elle reste soudée. »

Propos recueillis par D. T., N. M. et M.-C. P.

Bernard Bochard, maire du 9e.
Catherine Pannassier, maire du 3e.

À Bron, Jean-Michel Longueval, estime avoir « vite incarné la fonction »

Jean-Michel Longueval (PS) a pris les rênes de la ville de Bron en septembre 2015. La loi sur le non-cumul des mandats avait conduit Annie Guillemot (PS) à lui passer le relais une fois élue sénatrice.

Ses opposants estiment que le maire n’a « pas d’ambition ». Mais Jean-Michel Longueval, candidat à sa succession en 2020, méprise « la petite musique qui dit que le maire est plus rond, plus consensuel, qu’il laisse couler », révèle-t-il. Le premier magistrat refuse de se comparer à sa prédécesseure qui est conseillère municipale. « Elle m’a formé. Je la respecte. »

Jean-Michel Longueval a changé le style de gouvernance. Lui qui était consultant dans le secteur privé privilégie le concept de « l’entreprise libérée. Un système de management qui permet de laisser la place à l’initiative, donner de l’autonomie aux adjoints ».
Quatre ans après sa prise de poste, « sans vouloir passer pour un prétentieux », Jean-Michel Longueval estime avoir « vite incarné la fonction. J’étais prêt. Je connais bien les politiques publiques, j’avais envie ». Il est élu depuis 2001 et premier adjoint depuis 2004. Sa politique « est dans la continuité du plan de mandat ».

Jean-Michel Longueval avec sa prédécesseure, Annie Guillemot.

Jean-Michel Longueval avec sa prédécesseure, Annie Guillemot.

D’aucuns considèrent que sa vision est davantage centrée sur la ville que sur les enjeux métropolitains. D’autant qu’Annie Guillemot a été vice-présidente de la Métropole et présidente du Sytral. Jean-Michel Longueval tempère : « Ce n’est pas parce qu’on n’a pas une vice-présidence qu’il y a une perte d’influence. Il faut travailler les dossiers et décrocher les rendez-vous au bon moment. Une vice-présidence ne s’est pas présentée. J’ai arrêté mon travail pour être élu à temps plein. Je pèse en tant que maire de la 7e ville de la Métropole. »

« Peser sur les dossiers ne signifie pas être en représentation »

Jean-Michel Longueval siège dans l’exécutif métropolitain, membre de la commission permanente en tant que conseiller délégué aux grands équipements du développement économique. « Je suis aussi président de la commission urbanisme, politique de la ville et habitat, membre du pôle urbain. Je suis habilité à signer les concessions d’aménagement. » L’élu du groupe Socialistes et Républicains métropolitains a choisi d’équilibrer son agenda pour se consacrer à Bron, en limitant le nombre de représentations à la Métropole. « Peser sur les dossiers ne signifie pas être en représentation. »

Sabrina MADAOUI-TERNEAUD

« Le seul frein,
c’était la mise en lumière »

Clotilde Pouzergue à Oullins 

François-Noël Buffet, 20 ans de mandature municipale, élu trois fois d’affilée par les Oullinois, sénateur depuis 2004… Voilà à qui Clotilde Pouzergue a succédé en octobre 2017. La loi sur le non-cumul des mandats, votée en 2014, a obligé l’homme politique à faire un choix. Lui qui avait, en 1997, pris la suite de Michel Terrot en cours de mandat, a préparé la transition.

Elle raconte : « En 2014, le maire m’a confié une énorme délégation, stratégique. J’avais l’urbanisme, la voirie, les déplacements et le cadre de vie. Dès ce moment-là, j’ai assisté à des réunions avec la direction générale. Cela m’a préparée aux gros dossiers comme La Saulaie, l’arrivée du métro et tout ce qui touche au développement de la ville. »

De nature plutôt discrète, elle confie aujourd’hui : « Le travail à fournir, le contact avec la population n’étaient pas un problème. Le seul frein que j’avais, c’était la mise en lumière inhérente à la fonction. Je m’y suis faite. »

Dès l’élection de Clotilde Pouzergue, François-Noël Buffet a joué la carte de la discrétion. S’il est resté conseiller municipal, il n’intervient en séance que lorsque le dossier le concerne directement.

Municipales ou pas municipales ?

Mais comment succède-t-on à un personnage aussi emblématique ? « Dans la continuité du projet et du développement de la commune, c’est évident. Je m’inscris dans cette volonté de rendre la ville attractive. Et ce avec ma sensibilité, notamment en matière de développement durable, de mobilité. Avec la volonté qu’Oullins reste une ville pour tous. Je suis le maire de tous les Oullinois », répond l’édile.

À moins d’un an des élections municipales, se pose la question d’une candidature. « L’envie est là, celle de pouvoir suivre les dossiers en cours ou que nous allons lancer dans les mois à venir. Avec l’équipe, nous avons encore tant de choses à faire pour Oullins. Mais ce n’est pas l’échéance électorale qui me fait avancer, je ne fais pas les choses avec cette ligne de mire. »

Emilie CHARREL

À Thizy les Bourgs,
Martin Sotton tente de se démarquer de Michel Mercier

Le 4 août 2017, Martin Sotton a pris la tête de Thizy les Bourgs à 27 ans, en succédant à Michel Mercier, ancien ministre et poids lourd politique du territoire. Ce dernier devait rejoindre le conseil constitutionnel. Il n’en sera rien : l’ouverture d’une enquête préliminaire pour des faits présumés de détournement de fonds publics l’a contraint à renoncer. Ce qui ne provoquera pas de changement pour Martin Sotton.

Michel Mercier, lui, est resté conseiller municipal, tout en gardant les commandes de la puissante Communauté de l’ouest rhodanien (COR). Il avait pris soin de préparer le passage de relais, pour propulser son ex-assistant parlementaire, élu dans la majorité en 2014, sur le devant de la scène politique locale. C’est lui qui avait proposé le nom de Martin Sotton.

« On a un maire à mi-temps ! », assène l’opposition

Depuis, le jeune maire tente de se démarquer de son mentor politique. « Il est un peu le fils spirituel de Michel Mercier, rappelle Marion Lepetitgaland, l’adjointe à la Culture. Il va de l’avant et il est dynamique. »

Dans l’opposition, on loue sa jeunesse. « C’est une chance, admet Anne Reymbaut. Mais le problème reste sa présence sur le territoire. » Depuis l’automne, Martin Sotton est directeur de cabinet du groupe Modem à l’Assemblée nationale. Résultat : il passe plusieurs jours de la semaine à Paris.

Martin Sotton a été élu maire à 27 ans.

Martin Sotton a été élu maire à 27 ans.

Un changement « sans conséquence sur le fonctionnement de la mairie », assure-t-il, mais qui ne passe pas dans les rangs de l’opposition. « On a un maire à mi-temps ! », déplore Anne Reymbaut, estimant que l’ombre de Michel Mercier n’est jamais loin. « On sent parfois qu’il veut se détacher de son mentor. Il tâtonne et ne sait pas où se placer », affirme-t-elle. Ce n’est pas l’avis de Marion Lepetitgaland : « Leur vision de l’avenir du territoire est similaire. Mais Martin Sotton a sa propre personnalité. »

Michel Mercier assure ne pas s’impliquer outre mesure dans les prises de décision : « Il s’est bien adapté. Je le laisse faire et je veille à ne pas l’embêter », garantit-il, tout en marquant une petite distance : « Il n’y a pas de fils spirituel, ça n’existe pas. » Reste l’inconnue des municipales 2020. On imagine mal Martin Sotton céder sa place, même à son mentor…

Yoann TERRASSE