Embarquement immédiat
dans l'histoire du métro lyonnais

de 1969 à 2019

50 ans de métro à Lyon

L’idée d’un métropolitain à Lyon, les historiens des transports locaux en retrouvent la trace dès la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Le premier funiculaire, qui rejoignait la rue Terme au plateau de la Croix-Rousse, date des années 1890. Moins d'un siècle plus tard, le maire de Lyon, Louis Pradel, donnait le premier coup de pelle mécanique de la première expérience de tronçon de ce qui deviendra la future station de métro Part-Dieu.

La ligne A est inaugurée en 1978, en présence du président de la République, Valérie Giscard d'Estaing. Aujourd'hui, le Sytral a lancé les travaux de prolongement de la ligne B, jusqu'aux Hôpitaux Lyon-Sud, du côté de Saint-Genis-Laval.

Et demain, une cinquième ligne de métro, la ligne E, pour irriguer l'ouest lyonnais? Si les officiels en parlent, il reste plusieurs étapes avant de savoir si ce projet sera réalisé.

En attendant, voyagez dans les profondeurs
du métro lyonnais.

Le réseau de transport lyonnais en 1978. On distingue les trois lignes de métro. La ligne B comporte alors seulement trois stations, de Charpennes à Part-Dieu. (c) Archives municipales de Lyon / Poulet (CI)

Le réseau de transport lyonnais en 1978. On distingue les trois lignes de métro. La ligne B comporte alors seulement trois stations, de Charpennes à Part-Dieu. (c) Archives municipales de Lyon / Poulet (CI)

La genèse d'un géant souterrain

Après la Seconde Guerre mondiale, au début des années 1960, quelques esprits visionnaires commencent à se mobiliser pour que la deuxième agglomération de France s’équipe d’un métro.

Louis Pradel, le maire de la ville-centre, n’est pas immédiatement séduit par cette perspective. Une réunion du Comité local d’intérêt (Cil) et de la Jeune chambre économique en mai 1963 va être déterminante et convaincre Louis Pradel de s’engager avec force pour la réalisation d’un métro à Lyon.

Paul Scherrer, du CIL, qui créé l’association Lyon métro, sera un aiguillon permanent, alors qu’un autre homme, René Waldmann, sera le père du métro lyonnais. Ingénieur des Ponts et Chaussées, il a été chargé par son service d’étudier la faisabilité de cet équipement. Le projet prenant forme, il va diriger la société mixte Semaly, devenu Egis rail, dont la vocation est de construire les premières lignes d’un réseau de métro lyonnais.

| 1969 |

Le premier tronçon expérimental

Le 18 décembre 1969, Louis Pradel donne le premier coup de pelle mécanique sur le chantier de la section expérimentale du métro à la Part-Dieu. Le maire de Lyon s’est vigoureusement battu pour ce projet. Et si celui-ci semble aboutir. Le Progrès préfère rester prudent et parler de "prélude à un début".

Pourtant, c’est bien une première galerie de métro que l’on commence à creuser en décembre, même si cela reste un tronçon de seulement 50 mètres. Cette année-là, il convainc le conseil général que le métro est nécessaire pour éviter l’asphyxie qui menace la ville : propos toujours aussi pertinents aujourd'hui.

| 1972 |

Si Lyon peut se vanter de disposer de moyens de transports innovants à la fin du XIXe siècle, c'est en partie grâce au funiculaire qui relie Croix-Paquet au plateau de la Croix-Rousse. En 1891, ce funiculaire fait son premier aller-retour. Il effectuera son dernier service en 1972, sacrifié pour la réalisation du métro C, qui verra le jour deux ans plus tard.

Sa spécificité ? Ce chemin de fer à crémaillère est une remontée mécanique où des trains circulent sur une ligne de voie ferrée qui dispose, en son centre, d'un rail denté.

7 août | A quelques enjambées du Gros Caillou, les travaux de la future station de métro de la Croix-Rousse débutent. Le long du boulevard, une tranchée de 9 mètres de profondeur est creusée, sur une largeur de 8 mètres et une longueur d’environ
135 mètres.

| 1973 |

Inauguration de la première station de métro :
Part-Dieu

Le métro est encore loin d’être en service, et pourtant…

En ce 14 mai, ils sont un petit millier de Lyonnais à se presser derrière Louis Pradel. Tous partis à la découverte de ce qui sera la première station du futur métropolitain. Nous sommes à la Part-Dieu, et pour pénétrer dans les entrailles de ce gigantesque chantier souterrain, les visiteurs ont chacun fait poinçonner un ticket de métro. Un clin d’œil et un symbole tout à la fois.

Une fois sous terre, un constat s’impose : le gros œuvre est pratiquement achevé et il est d’ores et déjà aisé d’imaginer quel sera le décor de la future station. Mais au fait, pourquoi faut-il aller à la Part-Dieu alors que d’autres stations sont prévues entre Bellecour et le boulevard Laurent-Bonnevay ? La réponse est simple : alors que dans ce qui sera le nouveau quartier d’affaires de Lyon il est prévu de commencer à bâtir un centre commercial aux proportions impressionnantes, il est nécessaire d’avoir au préalable construit la station de métro qui le desservira. C’est pourquoi celle-ci était prioritaire.

A photo of Kellar
A poster of Kellar levitating a woman in a red dress

| 1974 |

Les travaux du métro envahissent le centre de Lyon

Plus de voitures rue de la Ré pendant trois mois : les travaux du métro de Lyon commencent à gêner sérieusement la circulation dans le centre de la ville. Ainsi, c’est toute une partie de la rue de la République qui est interdite aux voitures, de la place Bellecour à la place de la République. Malgré l’annonce dans la presse, d’immenses embouteillages paralysent la ville.

26 janvier | Le chantier est impressionnant devant les magasins du Printemps (toujours présent aujourd’hui) et du Grand Bazar (actuellement Monoprix).

24 juillet | Un formidable geyser rue de la Ré. Il est environ 17h30 quand un ouvrier œuvrant sur le chantier du métro perce accidentellement un conduit avec son brise-roche. Aussitôt, un immense geyser s’élève à plus de 20 mètres de haut, arrosant les immeubles de la rue. Le premier bilan des dégâts est déjà important, l’eau ayant déjà envahi plusieurs bâtiments, dont certains commerces en abîmant leurs marchandises.

6 décembre | Première rame officielle du métro. C’était, dans le quartier de la soie, place Croix-Paquet, la première mondiale du métro à crémaillère de la Croix-Rousse, en présence de très nombreux officiels. Cadeau de Noël de la part des autorités : ce métro sera ouvert gratuitement au public dès le lendemain.
Il fonctionnera de 14 à 20 heures, avec une seule voiture de
120 places.

| 1975 |

Avant sa mise en service, le métro fait sa première victime

A hauteur du 32, cours Emile-Zola, à Villeurbanne, un ouvrier de 41 ans conduisant une pelle mécanique est tombé dans une tranchée avec son engin, lequel en se retournant l’écrasa sous son poids.

Rapidement conduit à l’hôpital Edouard-Herriot, le malheureux décédera peu après. Il sera la première victime du métro lyonnais.

| 1976 |

Le pont Morand, inauguré en toute discrétion

Ce 15 décembre 1976, les Lyonnais inaugurent le pont Morand, discrètement, comme s’ils en avaient un peu honte de ce nouveau pont, venu en remplacement d’un précédent construit en 1890.
Cet ouvrage d’art, qui a demandé deux ans de travaux, offre en effet un aspect disgracieux, doté d'une silhouette épaisse.

Faute de goût ? Non, contrainte technique, due à la ladrerie d’un ministre des Finances, un certain Valéry Giscard d’Estaing qui, pour économiser trois sous sur la facture finale, a refusé aux concepteurs du métro lyonnais le passage sous-fluvial qu’ils envisageaient pour le franchissement du Rhône. Il a ainsi été décidé de faire passer le métro par un conduit aménagé sous la chaussée d’un nouveau pont, solution réputée plus économique.

| 28 avril 1978 |

Le métro lyonnais est inauguré. La mise en service a lieu quelques jours plus tard. Le réseau se compose alors de trois lignes : la ligne A, qui relie Perrache à Laurent-Bonnevay ; la ligne B, entre Charpennes et Part-Dieu, et la ligne C, entre Croix-Rousse et Hôtel de ville.

Valéry Giscard d'Estaing s'improvise
conducteur de métro 

Le grand jour est arrivé. En cette matinée du 28 avril, Lyon se prépare à accueillir dans ses murs le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing ayant accepté l’idée de procéder lui-même à l’inauguration officielle du métro.

Reportage entre 0:00 et 04:00.

Certes, les Lyonnais ont déjà eu l’occasion, dans les semaines précédentes, de découvrir "leur" métro lors d’opérations portes ouvertes. Après tant d’argent investi, tant d’ambitions affichées, après tant d’années d’un épuisant chantier ayant mis le centre-ville sens dessus-dessous, l'inauguration méritait une belle fête.

Flanqué de son premier ministre, Raymond Barre, désormais élu local, et d’une batterie de ministres, le président découvre, aux côtés de Francisque Collomb, successeur de Louis Pradel, les rames flambant neuves d’un joli ton corail. Pour l’occasion, il accepte de prendre les commandes de l’une d’entre elles.

« Les moyens de transport rapides et confortables ne sont plus le privilège de la capitale. »
Valéry Giscard d'Estaing

| 1991 |

Une quatrième ligne pour le métro lyonnais

Le réseau s'enrichit d'une quatrième ligne traversant la ville d'est en ouest. Elle relie Gorge-de-Loup à Grange-Blanche.
Son nom ? La ligne D.

Sa particularité : c'est la première ligne au pilotage automatique intégral du monde.

La ligne sera prolongée l'année suivante jusqu'à la gare de Vénissieux. En 1997, elle atteindra la gare de Vaise.

Un réseau en pleine évolution

Face au succès rencontré par ce mode de transport souterrain, le réseau de métro prend de l'ampleur au fil des années, sortant des frontières administratives lyonnaises.

Dès 1984, la ligne C grimpe un peu plus haut sur la colline pour atteindre Cuire, à Caluire.

La ligne B est prolongée à Stade de Gerland en 2000, puis à Gare d'Oullins en 2013. En 2023, elle atteindra les Hôpitaux Sud, à Saint-Genis-Laval. Le chantier de ce futur tronçon vient d'ailleurs de démarrer.

De son côté, la ligne A emmène les voyageurs jusqu'à Vaulx-en-Velin/La Soie depuis 2007.

Un métro E en 2030 ?

Vingt-huit ans après la mise en service du métro D, la question d'une nouvelle ligne est à nouveau sur la table. La création de la ligne E, reliant la Presqu'île à Alaï (Tassin), faisait partie des propositions de Gérard Collomb, pour les élections municipales de 2014. Cette nouvelle ligne, qui partirait de Bellecour ou d'Hôtel-de-Ville, desservirait le 5e arrondissement (Saint-Irénée, Point-du-Jour) avant d'atteindre Alaï, où un pôle multimodal serait créé.

Objectif : irriguer l'ouest lyonnais tout en diminuant
le trafic automobile.

Le Sytral, autorité organisatrice des transports, a engagé des études pour étudier la faisabilité du projet, qui s'avère complexe en raison d'une géologie hétérogène et d'un dénivelé important. Pour preuve, la station Saint-Irénée serait à une altitude supérieure de 30 mètres de celle de la Croix-Rousse.

Estimé à plus d'1 milliard d'euros, son coût fait toutefois débat parmi les opposants, qui considèrent que le potentiel de voyageurs (environ 60 000) n'est pas suffisant au regard de l'investissement engagé.

Une concertation publique doit avoir lieu du 4 mars au 6 mai 2019. L’avis des habitants est sollicité pour effectuer les choix structurants de localisation de stations ou de terminus. Si les élus du Sytral décident de la poursuite du projet, la ligne de métro E pourrait être mise en service en 2030.

Mais aucune décision ne sera prise sur le métro E avant 2020, soit après les élections municipales.

Place de Trion.

Place de Trion.

Quartier du Point-du-Jour.

Quartier du Point-du-Jour.

Carrefour d'Alaï, futur terminus de la ligne.

Carrefour d'Alaï, futur terminus de la ligne.

Terminus, tout le monde descend...