Les Français
du Titanic

Parmi plus de 2200 personnes embarquées figuraient 49 Français dont un pâtissier lyonnais, quatre cuisiniers et un violoncelliste bourguignons, un opérateur cinéma du Beaujolais... Une vingtaine d'entre eux a survécu au naufrage.

Photo d'illustration / Cité de la mer (Cherbourg)

Photo d'illustration / Cité de la mer (Cherbourg)

Photo d'illustration / Cité de la mer (Cherbourg)

Des entrées aux desserts,
les Français sont aux fourneaux

Pierre Rousseau, grand chef cuisinier français émigré en Angleterre, a constitué pour le luxueux restaurant A la carte une équipe de cuisiniers français et italiens.

Ainsi les Côte-d'Oriens Georges Biétrix et Louis Dornier veillent-ils sur les sauces et les poissons, Claude Janin venu de Saône-et-Loire, sur les potages, le Lyonnais Henri Jaillet sur les pâtisseries...

Les cuisines du restautant "A la carte".

Les cuisines du restautant "A la carte".

Les cuisines du restautant "A la carte".

La gestion du luxueux restaurant A la carte (réservé aux passagers de 1re classe) a été confiée par la White Star Line à la famille Gatti. A Londres, cette famille d’immigrés italiens, possède déjà deux restaurants Ritz très en vogue : le Gatti’s Adelphi et le Gatti’s Strand, où les cuisines françaises et italiennes sont à l'honneur. Et Gaspare Antonio Gatti, dit “Luigi”, gère déjà, depuis 1911, un premier restaurant A la Carte sur le paquebot Olympic. Il fera partie des victimes du naufrage.

Le chef Pierre Rousseau a déjà travaillé avec Luigi Gatti dans de nombreux restaurants, sur terre et sur mer. Il constitue pour l'établissement de prestige du Titanic une équipe de cuisiniers, essentiellement français et italiens, déjà employés dans des restaurants parisiens, londoniens ou sur des paquebots, et pour la plupart déjà au service de la famille Gatti.

C’est ainsi que Louis Dornier (né à Beaune en 1891), Claude Janin (né en 1882 à Mâcon), Auguste Coutin (né à Chambéry en 1884), Georges Jouannault (né à Reims en 1894) et Pierre Villvarlange (né à Amboise en 1893), en cuisine sur l'Olympic, sont transférés sur le Titanic.

Le premier des deux Bourguignons, Louis-Auguste Dornier, est assistant-cuisinier chargé des poissons. Et à 20 ans, il fait partie des plus jeunes membres de l'équipage.

Le second, Claude Marie Janin, s'occupera des potages. Il est plus expérimenté, puisqu'en 1901, à 18 ans, il est déjà recensé comme cuisinier à Soho. Dix ans plus tard, il travaille à bord, mais est installé à Londres avec sa femme, Jeanne Marie Landry, couturière originaire de Limoges.

Le restaurant A la carte, réservé aux passagers de la 1re classe.

Le restaurant A la carte, réservé aux passagers de la 1re classe.

Le restaurant A la carte, réservé aux passagers de la 1re classe.

Georges Baptiste Biétrix , né à Seurre en 1883 d’un père boulanger et d’une mère couturière, et Henri Marie Jaillet, né en 1873 à Lyon, sont pour leur part cuisiniers à Londres, lorsqu'ils signent leurs contrats pour travailler sur le Titanic, le 6 avril 1912.

Pour le premier, déjà employé par la famille Gatti, il s'agit d'un premier engagement sur un navire, et il sera cuisinier aux sauces.
Le second, recruté comme chef pâtissier, indique que son précédent navire était le Lusitania (qui fera naufrage aussi, torpillé en 1915 par les Allemands...). Il vit en Angleterre depuis le début des années 1900, où il a été marié successivement à deux Anglaises, et est père de deux enfants.

Personnel de cuisine à bord du Titanic.

Personnel de cuisine à bord du Titanic.

Personnel de cuisine à bord du Titanic.

Des 16 employés français du restaurant, seul Paul Maugé, le secrétaire et adjoint de Pierre Rousseau, pourra embarquer sur une chaloupe, mêlé aux passagers. Né à Paris en 1887, il survivra au naufrage.

Au total, seulement trois membres du personnel du restaurant "A la carte" (sur 30) en réchappèrent (Paul Maugé donc, et les deux caissières anglaises). Plusieurs témoins ont assuré que l'accès aux ponts supérieurs fut interdit aux employés du restaurant par les stewards pour qu'ils ne montent pas dans les canots avant les passagers.

En cuisine sur le Titanic.

En cuisine sur le Titanic.

En cuisine sur le Titanic.

Pierre Rousseau, chef cuisinier du restaurant A la carte, né à Châtillon-en-Bazois (Nièvre) le 13 octobre 1863.

Pierre Rousseau, chef cuisinier du restaurant A la carte, né à Châtillon-en-Bazois (Nièvre) le 13 octobre 1863.

Pierre Rousseau, chef cuisinier du restaurant A la carte, né à Châtillon-en-Bazois (Nièvre) le 13 octobre 1863.

Paul Achille Maurice Germain Maugé, assistant chef cuisinier au restaurant A la Carte, né à Paris le 22 mars 1887.

Paul Achille Maurice Germain Maugé, assistant chef cuisinier au restaurant A la Carte, né à Paris le 22 mars 1887.

Paul Achille Maurice Germain Maugé, assistant chef cuisinier au restaurant A la Carte, né à Paris le 22 mars 1887.

Henri Jaillet, chef pâtissier au restaurant À la Carte, né à Lyon 6e le 26 octobre 1873.

Henri Jaillet, chef pâtissier au restaurant À la Carte, né à Lyon 6e le 26 octobre 1873.

Henri Jaillet, chef pâtissier au restaurant À la Carte, né à Lyon 6e le 26 octobre 1873.

Adrien Firmin Chaboisson, cuisinier des viandes rôties au Restaurant À la Carte, né à Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire) le 25 septembre 1886.

Adrien Firmin Chaboisson, cuisinier des viandes rôties au Restaurant À la Carte, né à Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire) le 25 septembre 1886.

Adrien Firmin Chaboisson, cuisinier des viandes rôties au Restaurant À la Carte, né à Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire) le 25 septembre 1886.

Georges Baptiste Biétrix, cuisinier aux sauces au restaurant À la Carte, né à Seurre le 25 octobre 1883.

Georges Baptiste Biétrix, cuisinier aux sauces au restaurant À la Carte, né à Seurre le 25 octobre 1883.

Georges Baptiste Biétrix, cuisinier aux sauces au restaurant À la Carte, né à Seurre le 25 octobre 1883.

Pierre Villvarlange, assistant cuisinier chargé des potages au restaurant À la Carte, né à Amboise (Indre-et-Loire) le 28 février 1893.

Pierre Villvarlange, assistant cuisinier chargé des potages au restaurant À la Carte, né à Amboise (Indre-et-Loire) le 28 février 1893.

Pierre Villvarlange, assistant cuisinier chargé des potages au restaurant À la Carte, né à Amboise (Indre-et-Loire) le 28 février 1893.

49 Français à bord sur plus de 2200 personnes

Le RMS Titanic a fait naufrage au large de Terre-Neuve, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, à la suite d'une collision avec un iceberg, lors de son voyage inaugural de Southampton à New-York.

Le voyage inaugural prévu entre Southampton et New-York.

Le voyage inaugural prévu entre Southampton et New-York.

Le voyage inaugural prévu entre Southampton et New-York.

La répartition des personnes à bord par nationalité

La France est l'une des dix nationalités les plus représentées à bord, avec notamment un important contingent parmi le personnel du restaurant de prestige A la carte.

Vingt Français sauvés du naufrage

Tous les Français qui voyageaient en 1re classe ont survécu, ainsi que les femmes (sauf une) et les enfants de la 2e classe. Aucun passager de la 3e classe. Et, sur la vingtaine de membres du personnel, un seul fut sauvé.

Au total : 1500 morts et 700 rescapés

76 % des membres d'équipage et 75 % des passagers de la troisième classe ont trouvé la mort. Seules 25 % des femmes sont mortes dans le naufrage contre 82 % des passagers masculins, et 53 des 109 enfants à bord.

La photo des "Orphelins du Titanic" a fait le tour du monde.

La photo des "Orphelins du Titanic" a fait le tour du monde.

La photo des "Orphelins du Titanic" a fait le tour du monde.

Marcelle Caretto Navratil et ses deux fils.

Marcelle Caretto Navratil et ses deux fils.

Marcelle Caretto Navratil et ses deux fils.

Edmond et Simon Navratil.

Edmond et Simon Navratil.

Edmond et Simon Navratil.

Michel et Edmond Navratil :
"les orphelins du Titanic"

Enlevés par leur père et voyageant sous un faux nom, deux petits Français font partie des rescapés du naufrage. Leur photo fait le tour du monde et elle permettra à leur mère de les retrouver.

Michel Navratil senior, tailleur et négociant, né à Sered en Slovaquie le 13 août 1880.

Michel Navratil senior, tailleur et négociant, né à Sered en Slovaquie le 13 août 1880.

Michel Navratil senior, tailleur et négociant, né à Sered en Slovaquie le 13 août 1880.

Michel Navratil (32 ans) voyage en deuxième classe sous le faux nom d'Hoffman avec ses deux fils, Edmond et Michel Jr., de 2 et 3 ans.
Le tailleur français d'origine slovaque est en instance de divorce avec sa femme Marcelle, épousée en 1907. Ils vivent séparément et la garde a été confiée à la mère. Mais lui veut emmener ses enfants aux États-Unis...

Michel Navratil Junior, né à Nice le 12 juin 1908.

Michel Navratil Junior, né à Nice le 12 juin 1908.

Michel Navratil Junior, né à Nice le 12 juin 1908.

Le dimanche de Pâques, profitant de la visite des garçons chez lui, Michel Navratil prend le train avec eux vers Southampton, via Calais. Il a demandé à son employé et ami Hoffman de lui prêter son passeport et choisit d’embarquer à Southampton, plutôt qu’à Cherbourg, pour se soustraire aux contrôles de police en France.

Edmond Navratil, né à Nice le 5 mars 1910.

Edmond Navratil, né à Nice le 5 mars 1910.

Edmond Navratil, né à Nice le 5 mars 1910.

Pendant le voyage, le père ne quitte pas ses enfants des yeux et se mêle le moins possible aux autres passagers. Tout juste les confie-t-il un soir aux soins d'une passagère suisse le temps d'une partie de cartes.
Lors du naufrage, Michel Navratil parvient à installer ses fils dans le canot D, le dernier qui sera mis à l'eau, avec un message pour leur mère : « Mes enfants, quand votre mère vous retrouvera, dites lui que je l’aime toujours tendrement. Dites lui que je compte sur elle pour vous suivre, afin que nous puissions vivre heureux tous ensemble dans la paix et la liberté du Nouveau Monde ».
Lui-même ne survivra pas à la catastrophe, son corps sera retrouvé avec un revolver chargé dans l’une de ses poches...

Hissés sur le Carpathia, venu récupérer les survivants, les enfants sont pris en charge par une jeune passagère américaine, Margaret Hays, aidée de deux Françaises, Juliette Laroche et Marie Antonie Mallet qui aident les garçons à se faire comprendre.

À New-York, Edmond et Michel vivent tout d’abord chez elle, qui se démène pour retrouver leurs parents. Pour lui permettre d’effectuer les recherches plus aisément, la mission de secours, à New York, les confiera ensuite à Mme Tyler, la nièce, francophone et francophile, d'une autre rescapée, Eleanor Widener.

Elle accueille les enfants à Elkins Park, la résidence des Widener, dans la banlieue aisée de Philadelphie. Elle y occupe une maison avec son mari et leurs quatre enfants, dans le parc de la propriété. Et la réalité dépasse la fiction : la gouvernante des Tyler, Rose Bruno, n’est autre que la cousine de Marcelle Navratil, qui ignore tout du rapt des enfants !

Parlant très bien français, Mme Tyler croit déceler dans les expressions des enfants une pointe d’accent méridional, et note leur teint un peu mat. Le Consul général de France confirmera l'origine méditerranéenne des deux frères en questionnant le petit Michel. Un premier indice...

Des photographies circulent alors dans le monde entier dans l'espoir d'identifier les petits Français, connus alors sous le nom des "Orphelins du Titanic".

Et en effet, à Nice, Marcelle Caretto, ex-Navratil, reconnaît ses deux garçons sur une photographie d'un article de Nice Matin paru le 21 avril. Afin de dissiper tout doute, elle va poser huit questions à l’aîné, Michel, qui répondra juste à cinq d’entre elles. Le 8 mai 1912, elle embarque à Cherbourg, à bord de l’Oceanic, à destination de New York. Le 18 mai 1912, à la Children Aid Society à New York, Michel et Edmond s’élancent à la rencontre de leur maman...

Marcelle Navratil avec ses deux fils et des membres de l'équipage.

Marcelle Navratil avec ses deux fils et des membres de l'équipage.

Marcelle Navratil avec ses deux fils et des membres de l'équipage.

Michel junior deviendra professeur de philosophie à l’université de Montpellier. Il se marie en 1933. En 1987, il se rend aux États-Unis pour célébrer le 75e anniversaire du naufrage. À 88 ans, il se recueille pour la première fois sur la tombe de son père, enterré dans un cimetière d’Halifax (Canada). Il s’éteint le 30 janvier 2001 à l’âge de 92 ans.

D’abord décorateur d’intérieur, Edmond Navratil deviendra architecte puis entrepreneur de bâtiment. Prisonnier de l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’évade mais reste très affecté par cette épreuve. Edmond Navratil disparaît le 7 juillet 1953, à l’âge de 43 ans.

Joseph Laroche : le seul homme noir à bord

La famille Laroche : Joseph et Juliette, avec leurs deux filles, SImone (3 ans) et Louise (1 an).

La famille Laroche : Joseph et Juliette, avec leurs deux filles, SImone (3 ans) et Louise (1 an).

La famille Laroche : Joseph et Juliette, avec leurs deux filles, SImone (3 ans) et Louise (1 an).

Joseph Philippe Lemercier Laroche et sa famille n'auraient pas dû se trouver à bord du Titanic pour cette traversée.

Avec sa femme, Juliette, épousée en 1908, et ses deux petites filles, Simone (3 ans) et Louise (1 an), cet Haïtien de 26 ans regagne son île où un poste de professeur de mathématiques et de physique l'attend au lycée de Cap-Haïtien.

Arrivé en France en 1901 à l'âge de 15 ans pour y suivre des études à Beauvais puis à Lille, sous la tutelle de l'évêque d'Haïti, il est devenu ingénieur aux Chemins de fers électriques souterrains (ou métro de Paris). Mais Joseph Laroche souffre de discrimination raciale qui l'empêche d'occuper un emploi bien rémunéré. Et la famille a besoin de plus d’argent pour faire face aux factures médicales de Louise, née prématurée, qui souffre de nombreuses séquelles.

Le déménagement est prévu pour 1913. Mais en mars 1912, Juliette découvre qu'elle est enceinte. La famille décide de partir pour Haïti avant que sa grossesse ne soit trop avancée pour le voyage. Anne Euzélie Laroche, la mère de Joseph, en Haïti, leur a acheté des billets sur le bateau France comme cadeau de bienvenue. Mais la politique stricte de la ligne concernant les enfants (leurs filles ne pouvaient pas manger au restaurant) les conduit à transférer leur réservation dans la deuxième classe du Titanic. Le 10 avril, la famille Laroche prend le train Paris-Cherbourg pour monter à bord du nouveau paquebot.

Le Titanic était équipé de 20 canots de sauvetage : 14 canots d'une capacité de 65 personnes, 2 canots « de secours » pour 40 personnes et 4 radeaux pliables d'une capacité de 47 personnes. Les 20 canots pouvaient ainsi contenir un total de 1 178 personnes, soit un tiers de la capacité du navire.

Le Titanic était équipé de 20 canots de sauvetage : 14 canots d'une capacité de 65 personnes, 2 canots « de secours » pour 40 personnes et 4 radeaux pliables d'une capacité de 47 personnes. Les 20 canots pouvaient ainsi contenir un total de 1 178 personnes, soit un tiers de la capacité du navire.

Le Titanic était équipé de 20 canots de sauvetage : 14 canots d'une capacité de 65 personnes, 2 canots « de secours » pour 40 personnes et 4 radeaux pliables d'une capacité de 47 personnes. Les 20 canots pouvaient ainsi contenir un total de 1 178 personnes, soit un tiers de la capacité du navire.

Lorsque le paquebot heurte l’iceberg, la famille monte sur le pont des embarcations. Simone, Louise et Juliette embarquent dans le canot n°8. Elles voient alors Joseph pour la dernière fois. Réputé être le seul passager noir du Titanic, il ne survivra pas au naufrage.

Hospitalisée à l’hôpital Saint-Vincent de New York, Juliette est soignée pour des engelures aux pieds durant une dizaine de jours. Refusant de revenir en France sur un paquebot anglais, elle embarque à la fin du mois d’avril sur le Chicago, de la Compagnie générale transatlantique. Elle arrive avec ses deux filles au Havre le 1er mai 1912, où son père les attend.

Juliette donnera naissance, le 17 décembre 1912, à un petit garçon qu’elle baptise Joseph Lemercier Laroche Junior. En 1918, la White Star Line lui verse une indemnité de 150 000 francs, lui permettant d’ouvrir une teinturerie.
Juliette Laroche décède en 1980.

Jean-Noël Malachard, en reportage pour les Actualités de Pathé Journal

Jean-Noël Malachard, opérateur cinéma pour les Actualités Pathé Journal, né à Régnie-Durette dans le Beaujolais, le 21 décembre 1886.

Jean-Noël Malachard, opérateur cinéma pour les Actualités Pathé Journal, né à Régnie-Durette dans le Beaujolais, le 21 décembre 1886.

Jean-Noël Malachard, opérateur cinéma pour les Actualités Pathé Journal, né à Régnie-Durette dans le Beaujolais, le 21 décembre 1886.

Originaire du Beaujolais, le jeune opérateur de cinéma se rendait à New York pour filmer l’arrivée du nouveau paquebot France dont le voyage inaugural était prévu au départ du Havre, le 20 avril suivant.

Jean-Noël Malachard a 25 ans lorsqu'il embarque sur le Titanic à Cherbourg, le 10 avril 1912. Il est désormais opérateur pour les Actualités de Pathé Journal et se rend fréquemment aux États-Unis pour y développer une succursale.

Né le 21 décembre 1886 à Régnié-Durette (Rhône), dans une famille de riches propriétaires terriens, très pratiquants, il a renoncé à reprendre l’exploitation familiale. Il devient le premier salarié de la famille en tant qu’agent d’assurance à Constantinople (Istanbul) dans l’empire ottoman. Une faillite le contraint à revenir en France.

Noël Malachard, à gauche, jouant de la flûte avec son frère Pierre au violoncelle.Photo DR

Noël Malachard, à gauche, jouant de la flûte avec son frère Pierre au violoncelle. Photo DR

Noël Malachard, à gauche, jouant de la flûte avec son frère Pierre au violoncelle. Photo DR

En avril 1912, il est donc en mission pour son employeur Charles Pathé. Il a été désigné par son directeur, M. Gaveau, pour filmer à New-York l’arrivée du nouveau paquebot France dont le voyage inaugural est prévu au départ du Havre, le 20 avril suivant. Il voyage en 2e classe, avec le ticket n°237 735 d’un coût de 15 livres et 11 pences, et partage sa cabine avec deux hommes, dont un autre Français, René Levy.

Marie Jerwan, passagère américaine d'origine suisse.

Marie Jerwan, passagère américaine d'origine suisse.

Marie Jerwan, passagère américaine d'origine suisse.

Dès le début du voyage, les deux hommes ont fait la connaissance de Marie Jerwan, une passagère américaine d’origine suisse, âgée de 23 ans, qui dispose d’une cabine en face de la leur. Les deux Français la distraient et prennent leurs repas en sa compagnie. Ils se promènent notamment sur le pont l’après-midi du 14 avril et discutent religion. Jean-Noël Malachard sera vu pour la dernière fois le 14 avril, aidant cette passagère à embarquer dans le canot de sauvetage n°11.

Les premiers jours qui suivent le naufrage, le nom du cinéaste figure sur la liste des rescapés, et sa mère recevra même une note, à son domicile de Lyon, lui annonçant que son fils est probablement vivant. Mais le 17 avril, Charles Pathé s’inquiète de n’avoir aucune nouvelle de son employé : il semble que les noms de Pierre Maréchal et de Jean-Noël Malachard aient été confondus à bord du Carpathia (navire qui a secouru les passagers) et que l’erreur ait été réparée à New-York.

Le 20 avril 1912, le décès de Jean-Noël Malachard est confirmé. Son corps ne sera jamais identifié.

Dans le cimetière de Régnié, un mausolée avec le médaillon de Noël Malachard.

Dans le cimetière de Régnié, un mausolée avec le médaillon de Noël Malachard.

Dans le cimetière de Régnié, un mausolée avec le médaillon de Noël Malachard.

Le Bourguignon Roger Bricoux, seul musicien français à bord

Le violoncelliste était le plus jeune membre de l'orchestre

Une affiche qui rend hommage aux musiciens de l'orchestre de bord. En haut à droite, Roger Bricoux.

Une affiche qui rend hommage aux musiciens de l'orchestre de bord. En haut à droite, Roger Bricoux.

Une affiche qui rend hommage aux musiciens de l'orchestre de bord. En haut à droite, Roger Bricoux.

Roger Bricoux, né le 1er juin 1891 à Cosne-sur-Loire, dans la Nièvre, est violoncelliste et le seul musicien français à bord du Titanic. Il a 20 ans lorsqu'il embarque sur le paquebot le mercredi 10 avril 1912 à Southampton. Comme les sept autres membres de l'orchestre de Wallace Hartley, son numéro de billet était le 250654, pour une cabine de deuxième classe.

Chacun doit connaître par cœur les 352 morceaux qui composent le livre de musique : valses, ragtimes, hymnes nationaux, airs d’opéra... Lui joue exclusivement sur le pont A, dans la salle de réception, à l’extérieur du Café Parisien et du restaurant À la Carte, accompagné d’un pianiste et d’un violoniste.

À 20 ans, Roger Marie Bricoux est le plus jeune musicien de l’orchestre mais possède une solide formation musicale.

Il a passé son enfance à Monaco où son père, Léon, était premier cor dans l'orchestre du Prince Charles III. De 1906 à 1909, il suit des études au conservatoire de Bologne en Italie où il obtient le 1er prix de violoncelle. Il est ensuite admis au Conservatoire de Paris de 1909 à 1910. En 1910, il rejoint l'orchestre du Grand Central Hotel à Leeds (Angleterre). À la fin de 1911, il revient à Lille, pour jouer dans les orchestres des grands hôtels. Le 30 décembre 1911, ayant des problèmes d’argent (son père est malade), il décide de repartir pour l’Angleterre.

Roger Marie Bricoux jouait au sein d'un trio sur le pont A près de la salle de réception.

Roger Marie Bricoux jouait au sein d'un trio sur le pont A près de la salle de réception.

Roger Marie Bricoux jouait au sein d'un trio sur le pont A près de la salle de réception.

Embauché par la C.W. & F. N. Black, une entreprise spécialisée dans le recrutement des musiciens à bord des paquebots, il joue en février 1912, sur le Carpathia. Retenu ensuite pour faire parti du trio lors du voyage inaugural du Titanic, le jeune musicien quitte New York à bord du Mauretania, débarque à Liverpool, prend le train pour Southampton, et embarque sur le Titanic...

Après la collision, tous les musiciens monteront en haut du Grand escalier de 1ère classe, munis de leur gilet de sauvetage, pour jouer des airs gais. Jusqu’à ce que l’inclinaison du bateau les pousse à sortir sur le pont des embarcations. C’est la première fois que les huit musiciens jouent ensemble. Aucun membre de l’orchestre ne survivra au naufrage.

Le corps de Roger Bricoux n'a jamais été retrouvé. Sa mort n’ayant pas été signalée à l’état-civil, il sera même mobilisé le 1er octobre 1912, et déclaré "déserteur" en 1913 par l'armée française.

Le 1er février 1917, un certificat fait officiellement état de son décès.

Roger Bricoux, né à Cosne-sur-Loire dans la Nièvre, le 1er juin 1891.

Roger Bricoux, né à Cosne-sur-Loire dans la Nièvre, le 1er juin 1891.

Roger Bricoux, né à Cosne-sur-Loire dans la Nièvre, le 1er juin 1891.

Sites et sources de référence :

Pour en savoir plus : Les Français du Titanic, de François Codet, Alain Dufief, Franck Gavard-Perret et Olivier Mendez (Editions Marines, 2011).