Les gendarmes
à Tarare :
quatre sites
en un siècle

La brigade territoriale de Tarare va quitter les locaux de l'ancienne Banque de France pour retourner avenue Joseph-Rivière, cet été.
Retour sur les lieux occupés par les militaires depuis le 19e siècle.

Une nouvelle page de l’histoire de la gendarmerie à Tarare va se tourner. Pendant l’été 2019, la brigade territoriale quittera l’ancienne Banque de France, au 15, rue Etienne-Dolet, pour retourner avenue Joseph-Rivière. L'information a été officialisée lors de la récente inspection annuelle.

Selon les archivistes de la Ville, qui s’appuient sur des documents officiels de la gendarmerie, une brigade serait présente à Tarare depuis 1730. Il s’agissait d’une unité à cheval.

Au 19e siècle, les gendarmes étaient au 7, rue Boucher-de-Perthes, avec un effectif de dix personnes. L’inscription sur fond bleu n’est plus visible aujourd’hui et rien ne laisse imaginer la présence antérieure d’une caserne. « Elle ne répondait plus aux besoins du service et de l’hygiène », explique-t-on aux archives, pour expliquer le déménagement.

La brigade de la rue Boucher-de-Perthes. Photo Collection de la Société d'histoire de Tarare

La brigade de la rue Boucher-de-Perthes. Photo Collection de la Société d'histoire de Tarare

Le bâtiment du boulevard Garibaldi. Photo Collection Société d'histoire de Tarare

Le bâtiment du boulevard Garibaldi. Photo Collection Société d'histoire de Tarare

En 1910, l’industriel André Martin propose de racheter un terrain pour installer la brigade tararienne, au 7, boulevard Garibaldi, près de la gare.

Pour un loyer de 5600 francs par mois pendant 18 ans, les gendarmes acceptent la proposition. « La brigade s’est installée en 1912 », rappellent les historiens de la gendarmerie. En 1933, l’effectif devient mixte : cinq gendarmes à cheval et cinq à pied. Sept ans plus tard, la première brigade motorisée est créée.

Mais le décès d’André Martin va changer la donne. En 1948, le bail expire. Et les héritiers de l’industriel décident de mettre en vente la grande demeure occupée par les gendarmes. Différentes procédures se succèdent.

La Ville se mobilise pour la brigade

Rebondissement en 1953 : la Ville intervient. Le maire Joseph Rivière souhaite acquérir le bâtiment pour permettre aux gendarmes de rester. « En dehors de l’avantage incontestable de maintenir à Tarare, chef-lieu de canton, la brigade de gendarmerie, la Ville réalise une acquisition équilibrée financièrement », est-il écrit dans le compte-rendu du conseil municipal. La transaction serait de l’ordre de 3,5 millions de francs.

Plusieurs travaux d’agrandissements rythment les décennies suivantes, car les effectifs sont en constante augmentation : en 1970, la brigade de Tarare comptait ainsi 15 officiers.

La caserne de l'avenue Joseph-Rivière. Photo Yoann Terrasse

La caserne de l'avenue Joseph-Rivière. Photo Yoann Terrasse

A photo of Kellar

Les motards étaient présents avenue Joseph-Rivière. Ils ont depuis déménagé à Joux. Photo d'illustration Frédéric Chambert

Les motards étaient présents avenue Joseph-Rivière. Ils ont depuis déménagé à Joux. Photo d'illustration Frédéric Chambert

A show poster of Kellar and 3 red devils

Les locaux de l'ancienne Banque de France, rue Etienne-Dolet, accueillaient jusqu'à présent les gendarmes. Photo Yoann Terrasse

Les locaux de l'ancienne Banque de France, rue Etienne-Dolet, accueillaient jusqu'à présent les gendarmes. Photo Yoann Terrasse

Face à la vétusté du site du boulevard Garibaldi, le projet de nouvelle construction prend forme en 1994, avenue Joseph-Rivière.

À cette époque, Tarare est passée en zone police. Alors que le commissariat gère la sécurité de la ville, les gendarmes interviennent sur les 15 communes autour de Tarare. Le coût de la future construction doit donc être pris en charge par une Communauté de communes. L’annonce a lieu en 1995 : une caserne neuve sera construite sur des terrains au 21, avenue Joseph-Rivière, avec 18 appartements. Après trois ans de travaux, les gendarmes s’installent le 1er septembre 2001. Une brigade motorisée est présente dans ces nouveaux locaux.

Direction l'ancienne Banque de France en 2005

Les brigades territoriales et motorisées cohabitent jusqu’en 2005. C’est à ce moment-là que les gendarmes succèdent aux policiers dans les locaux de l'ancienne Banque de France au 15, rue Etienne-Dolet, après la réforme de la police nationale. Ce sont des locaux chargés d’histoire, qui ont appartenu à la banque dès les années 1920. Alors que les gendarmes feront leur retour avenue Joseph-Rivière, le mystère demeure sur l’avenir des locaux de l’ancienne banque de France.

A la caserne Rivière, "une brigade plus ouverte sur son territoire"

Après l'été 2019, à la caserne de l’avenue Joseph-Rivière, la brigade territoriale prendra la place du peloton de surveillance et d’intervention (Psig), regroupé avec Villefranche. « Grâce à ce nouvel emplacement, la brigade sera plus ouverte sur son territoire, moins enclavée », a déclaré le commandant de la compagnie Arthur-Emmanuel Commins. « Pour la brigade, comme pour le peloton, il faut s’attendre à vivre une « période de transition de mai à octobre. »

Le retour avenue Joseph-Rivière est imminent pour les gendarmes de la brigade territoriale. Photo Yoann Terrasse

Le retour avenue Joseph-Rivière est imminent pour les gendarmes de la brigade territoriale. Photo Yoann Terrasse

La lieutenante Hélène Dubuc-Sénépart dirige la brigade territoriale de Tarare depuis 2018. Photo Yoann Terrasse

La lieutenante Hélène Dubuc-Sénépart dirige la brigade territoriale de Tarare depuis 2018. Photo Yoann Terrasse

Ils sont restés 14 ans dans les locaux historiques de l'ancienne Banque
de France

L'immense verrière à l'époque de la Banque de France, dans les années 1920. Photo Collection Banque de France

L'immense verrière à l'époque de la Banque de France, dans les années 1920. Photo Collection Banque de France

Le grand buffet en bois date des années 1920. Photo Yoann Terrasse

Le grand buffet en bois date des années 1920. Photo Yoann Terrasse

Depuis 2005, la vingtaine de gendarmes de la brigade de Tarare occupait un bâtiment, au 15, rue Étienne-Dolet, qui a appartenu à la Banque de France de 1913 à 1991.

Une brigade de gendarmerie dans une ancienne banque, ce n’est pas fréquent. Les traces de ce passé restent encore visibles. Comme des témoins d’une histoire qui continue de s’écrire. Si la façade rappelle ce style typique des années 1920, c’est surtout l’immense verrière, au-dessus du hall d’accueil du public de l’ex-banque de France, qui attire les regards. Aujourd’hui, la vaste pièce lumineuse n’est plus accessible au public : elle est réservée aux militaires.

Il n’y a pas qu’à Tarare que la Banque de France a conçu un établissement avec une verrière et des mosaïques. La Banque de France avait choisi de standardiser ses ouvertures de sites, avec des aménagements similaires. À la baguette, l’architecte Alphonse Defrasse a construit 70 succursales de la Banque de France entre 1899 et 1927.

La salle des coffres devenue une pièce de réunions

« De 1885 à 1913, la présence de la Banque de France se limitait aux permanences assurées par deux agents de la succursale de Roanne », explique l’archiviste Chrystèle Imbert. La société a racheté un immeuble à Tarare, qui appartenait à M. Avril, un fabricant de plumetis (broderie, Ndlr.). Nous sommes en 1913. La transaction s’élève à 95 000 francs.

Dans l’immense bureau qui appartenait au directeur de la banque, des enquêteurs travaillent sur des investigations. La salle des coffres, au sous-sol, fait désormais office de pièce de réunion. Les références au passé sont multiples : grand buffet en bois, placards, salle de documentation, pièce réservée aux archives…

Un siècle plus tard, le site a été préservé.

A poster of Thurston. World's famous magician and wonder show of the earth

La pièce réservée à la lecture de documents bancaires existe toujours. Photo Yoann Terrasse

La pièce réservée à la lecture de documents bancaires existe toujours. Photo Yoann Terrasse

La mythique salle des coffres
est toujours visible au sous-sol

Les dates clés

19e siècle : la gendarmerie s’installe au 7, rue Boucher-de-Perthes.

1912 : la brigade s’installe dans un bâtiment neuf, construit par André Martin, au 7, boulevard Garibaldi.

Septembre 2001 : la nouvelle brigade est inaugurée au 21, avenue Joseph-Rivière.

2005 : les gendarmes succèdent aux policiers, au 15, rue Etienne-Dolet, dans l’ancienne Banque de France.

Eté 2019 : retour de la brigade avenue Joseph-Rivière. Le Peloton motorisé (PMO) est, lui, désormais installé à Joux.

Les gendarmes assurent la sécurité
à Tarare et dans 15 communes voisines