Ces hommes ont donné leur nom aux grandes avenues lyonnaises

Photo d'archives Le Progrès / 12 février 1958

Photo d'archives Le Progrès / 12 février 1958

Gambetta, Berthelot, Lacassagne... Ces noms font partie de notre quotidien, mais quels hommes se cachent derrière ces grandes avenues qui traversent la capitale des Gaules ?

Certains, grâce à nos cours d'histoire ou de littérature, nous sont familiers, comme Victor Hugo, Jean Jaurès ou encore Rosa Parks. Mais pour d'autres, il est difficile d'imaginer qui sont ces hommes dont on voit les noms jour après jour dans la ville de Lyon, s'en savoir à qui ils sont rattachés et les exploits qui les ont rendu célèbres.

Médecins, aviateurs ou encore industriels, ils ont donné leur nom à dix des plus grandes avenues, boulevards et cours qui sillonnent la capitale des Gaules.

1. Albert Thomas

Sous-secrétaire d’État puis ministre de l’Armement et des Fabrications de guerre, Albert Thomas a joué un rôle crucial mais oublié lors de la Première Guerre mondiale. Surnommé “ministre des obus”, ce socialiste se revendique comme un réformiste patriote. En 1919, il s’érige à la tête de l’Organisation internationale du travail (OIT), jusqu’à sa mort, en 1932, à l’âge de 54 ans. À Lyon, le cours qui porte aujourd’hui son nom a été inauguré en 1888. 

L’info qui a marqué la rue

Dimanche 11 janvier 2015, 300 000 Lyonnais se réunissent cours Albert-Thomas pour entamer une marche silencieuse en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo. 

2. Jean Mermoz

Cet aviateur, né en 1901, disparaît 35 ans plus tard lors d’un vol au dessus de l’Atlantique. 

D’abord engagé dans l’armée de l’air, il rejoindra ensuite la Compagnie générale aéropostale. Il effectue des vols longs courriers, le menant par exemple de Toulouse à Saint-Louis, au Sénégal, puis du Sénégal au Brésil sur un trajet de plus de 20 heures à bord de son hydravion, un exploit pour l’époque.

L'info qui a marqué la rue

L'hôpital privé, situé au, 55, avenue Jean-Mermoz a été sacré par Le Point, quatrième meilleure clinique de France. Au total,il a obtenu dix-sept fois la première place en tant que meilleur établissement départemental.

(Photo Le Progrès/ Philippe JUSTE)

(Photo Le Progrès/ Philippe JUSTE)

(Photo Le Progrès/ Philippe JUSTE)

Albert Thomas. (Photo DR)

Albert Thomas. (Photo DR)

Les exploits de Jean Mermoz. (Illustration Maé Castellet)

Les exploits de Jean Mermoz. (Illustration Maé Castellet)

Le Progrès/DR

Le quai Claude Bernard vers 1910

Le Progrès/DR

Le quai Claude Bernard actuellement

Le quai Claude Bernard vers 1910

Le quai Claude Bernard actuellement

Les flammes ravagent l'Université. (Photo d'archives Le Progrès/ Joel PHILIPPON)

Les flammes ravagent l'Université. (Photo d'archives Le Progrès/ Joel PHILIPPON)

Les flammes ravagent l'Université. (Photo d'archives Le Progrès/ Joel PHILIPPON)

Les bombardements de l'avenue Berthelot en 1944 (Photo DR)

Les bombardements de l'avenue Berthelot en 1944 (Photo DR)

Les bombardements de l'avenue Berthelot en 1944 (Photo DR)

Les bombardements de l'avenue Berthelot en 1944 (Photo DR)

Les bombardements de l'avenue Berthelot en 1944 (Photo DR)

Les bombardements de l'avenue Berthelot en 1944 (Photo DR)

3. Claude Bernard

Né dans le Beaujolais, à Saint-Julien, ce fils de vigneron est reconnu par beaucoup comme l’initiateur de la médecine expérimentale. Il enseignera au Collège de France, ainsi qu’à la Sorbonne. Physiologiste, Claude Bernard a découvert que le foie fabrique du sucre et s’est beaucoup intéressé au diabète. Son apport étant essentiel à l’histoire de la médecine, des obsèques nationales seront tenues après son décès en 1878.

L’info qui a marqué la rue :

En juin 1999, la bibliothèque interuniversitaire située sur le quai Claude-Bernard est embrasée par un violent incendie.
350 000 ouvrages partent en fumée, dont certains documents rares. Plus de cent pompiers s’attelleront à éteindre les flammes pour finalement y parvenir cinq heures plus tard. 

4. Marcellin Berthelot

Chimiste, homme politique, essayiste, professeur, Marcellin Berthelot  a porté de nombreuses casquettes. Grand-croix de la légion d’honneur, il a été remarqué, notamment, pour sa mise en place de la thermochimie et les explosifs sans fumée. Il a été inhumé au Panthéon en 1907, aux côtés de son épouse qui lui était si chère et qui fut ainsi la première femme à entrer dans ce lieu de sépulture symbolique.

L’info qui a marqué la rue

Le 26 mai 1944, l’avenue Berthelot, pendant près de quinze minutes, tremble sous le poids des bombardements alliés qui s'abattent jusqu’au quartier du Moulin à vent. Les troupes américaines, qui visaient initialement les dépôts de la gare de Vaise et celui de Lyon Mouche, afin d’éviter l’acheminement de renfort, déploient 247 tonnes de bombes de 250 kg sur une zone touchée par erreur. 717 personnes perdront la vie lors de ces frappes aériennes. Le cimetière de la Guillotière porte encore quelques traces de ce massacre.

A show poster for Thurston the Great Magician
A show poster for Thurston the Great Magician

Mais où sont les femmes ?

Sur l'ensemble des grandes artères lyonnaises, seulement deux portent le nom d'une femme : l'avenue Rosa Parks, située dans le 9e arrondissement et le cours Eugénie (femme de Napoléon III), dans le 3e arrondissement. Ces dernières années, la ville de Lyon a tenté d'établir un équilibre entre les noms de femmes et ceux des hommes, largement supérieurs. Ainsi, dans les appellations attribuées récemment, on compte 20 femmes, 13 hommes et deux mixtes.

Le parc Zénith. (Photo Le Progrès/Maxime JEGAT)

Le parc Zénith. (Photo Le Progrès/Maxime JEGAT)

Le parc Zénith. (Photo Le Progrès/Maxime JEGAT)

Le parc Zénith. (Photo Le Progrès/Maxime JEGAT)

Le parc Zénith. (Photo Le Progrès/Maxime JEGAT)

Le parc Zénith. (Photo Le Progrès/Maxime JEGAT)

Illustration Maé Castellet

Illustration Maé Castellet

Illustration Maé Castellet

Ecole Rockefeller (Photo Le Progrès/ B. MOUGET)

Ecole Rockefeller (Photo Le Progrès/ B. MOUGET)

Ecole Rockefeller (Photo Le Progrès/ B. MOUGET)

Paul Santy (Photo d'archives Le Progrès)

Paul Santy (Photo d'archives Le Progrès)

Paul Santy (Photo d'archives Le Progrès)

L'incendie dans une tour d'habitation. (Photo Le Progrès/ Maxime JEGAT)

L'incendie dans une tour d'habitation. (Photo Le Progrès/ Maxime JEGAT)

L'incendie dans une tour d'habitation. (Photo Le Progrès/ Maxime JEGAT)

Le croisement du cours Vitton et de la rue Garibaldi, dans le 6e arrondissement, lieu de l'accident. (Photo Le Progrès/ Maxime JEGAT)

Le croisement du cours Vitton et de la rue Garibaldi, dans le 6e arrondissement, lieu de l'accident. (Photo Le Progrès/ Maxime JEGAT)

Le croisement du cours Vitton et de la rue Garibaldi, dans le 6e arrondissement, lieu de l'accident. (Photo Le Progrès/ Maxime JEGAT)

Yves Farge, au centre avec les lunettes, lors de la Libération de Lyon en septembre 1944. (Photo d'archives Le Progrès)

Yves Farge, au centre avec les lunettes, lors de la Libération de Lyon en septembre 1944. (Photo d'archives Le Progrès)

Yves Farge, au centre avec les lunettes, lors de la Libération de Lyon en septembre 1944. (Photo d'archives Le Progrès)

5. Alexandre Lacassagne

Alexandre Lacassagne. (Photo DR)

Alexandre Lacassagne. (Photo DR)

Alexandre Lacassagne. (Photo DR)

 Ce médecin légiste, avec un fort attrait pour la sociologie,  a fortement participé à la réputation de Lyon en tant que capitale de la criminologie française. Il crée les Archives d’anthropologie criminelle. En 1921, à la fin de sa carrière, il lègue à la Ville, l’ensemble de ses collections, représentant 12 000 documents traitant de médecine, philosophie et sciences sociales. 

L'info qui a marqué la rue

Ouverts en 2018, les  8000 m² du parc Zénith ont été conçus comme antiallergiques et anti canicules, grâce à une réflexion sur les arbres plantés. À l'angle de l'avenue Lacassagne et de la rue du Professeur Rochaix, la Ville s'est engagée dans une démarche innovante avec la réalisation d'une étude d'impact sur la santé, la première à être menée en France sur un parc.

6. John Davidson Rockefeller

Cet Américain est l’exemple du self made man de la fin du XIXe siècle. Parti de rien, il se lance en 1862 dans l’industrie du pétrole avec sa société Standard Oil compagny, finit par détenir le monopole des raffineries aux États-Unis (80%) et s’inscrit ainsi comme le plus riche des entrepreneurs de son temps, avec une fortune estimée aujourd'hui à 340 milliards de dollars. En 1913, il crée la fondation caritative Rockfeller qui soutient des institutions culturelles ou de santé.

L’info qui a marqué la rue

Dans une volonté de développer l’éducation à la santé, John Davidson Rockefeller a accordé une subvention pour la construction de la faculté de médecine de Lyon, le long de l’avenue qui porte son nom. 

7. Paul Santy

Ce médecin est le premier à avoir pratiqué la chirurgie cardiaque dans la capitale des Gaules. Ses opérations sur les “enfants bleus”, victimes de malformation cardiaque où l’aorte et l’artère pulmonaire sont inversées, créant ainsi un manque d’oxygène, ont largement contribué à sa renommée. Il a également opéré l’artiste Henri Matisse, en 1941, à  la clinique du Parc. 

L’info qui a marqué la rue

En avril 2015, un incendie embrase une partie d’un immeuble, situé au 100, avenue Paul-Santy. 200 occupants ont été évacués par précaution mais personne n’avait heureusement été blessé.

8. Henri Vitton

Henri Vitton a été maire de la Guillotière de 1822 à 1830 et a fortement contribué à son urbanisation. Il a été tué lors d’un duel avec Hippolyte Clerc, alors conseiller municipal. Le combat a eu lieu sous l’une des arches du pont de la Guillotière

L’info qui a marqué la rue

Le cours Vitton reste tristement rattaché à l’accident qui a coûté la vie à une jeune femme en octobre 2016, fauchée, avec son amie, par une voiture folle, conduite par un homme qui n’avait pas le permis. Le radar feu rouge installé à la suite de l’accident et opérationnel depuis novembre 2017, avait permis de signaler que dix véhicules grillent le feu en moyenne chaque jour.

9. Yves Farge

Journaliste, d’abord à La dépêche dauphinoise où il est rédacteur en chef, puis au Progrès,  où il est à la tête du service de politique étrangère, Yves Farge s’est largement opposé à la censure médiatique imposée par le régime de Vichy. Son combat pour la liberté d’expression le conduit à rejoindre les rangs de la Résistance et il sera ensuite chargé de présider le Comité d'action contre la déportation (CAD). En avril 1944, Charles De Gaulle le nomme Commissaire de la République de la région Rhône-Alpes. 

L’info qui a marqué la rue

Le premier suspect dans l'explosion au colis piégé advenue rue Victor-Hugo en mai 2019 a été arrêté boulevard Yves-Farge, alors qu’il descendait d’un bus. La Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la police judiciaire lyonnaise, a réussi à l’interpeller grâce à une filature depuis son domicile.

10. Marius Vivier Merle

Apprenti à Lyon, ouvrier métallurgiste dans la Loire, échappant de ce fait à la mobilisation, Marius Vivier Merle est, tôt, marqué par le courant pacifiste qui touche le monde ouvrier. Installé à Lyon, il entre dans le syndicalisme, participe aux grèves réclamant la journée de huit heures, adhère à la SFIO, milite activement…Le gouvernement de Vichy interdit les syndicats et Vivier-Merle entre en dissidence.  Il entre dans la résistance, dialogue avec un chef de cette dernière, Alban Vistel, avec qui il entend planifier la grève générale insurrectionnelle, qui doit accompagner le débarquement que l’on sait proche. Rendez-vous est pris, à Lyon, dans un immeuble situé place Jean-Macé, tout près de la voie ferrée, pour le 26 mai 1944. Or, ce jour-là, les Alliés déclenchent justement un raid sur Lyon, visant les voies ferrées, des cibles d’ailleurs souvent ratées par les avions. Marius Vivier-Merle est enseveli sous les débris de l’immeuble. Son corps ne sera jamais retrouvé.
Dès février 1945, l’ancien boulevard de la Part Dieu, portera son nom. Une artère qui court aujourd’hui sur un kilomètre et demi, entre la gare de la Part Dieu et le centre commercial.

L'info qui a marqué la rue

Le boulevard Vivier-Merle accueille le centre-commercial de la Part Dieu, l'un des plus importants d'Europe. Il compte près de 35 millions de visiteurs par an (soit 100 000 quotidiennement) et 240 commerces. Il a été inauguré en 1975.

Le quartier de la Part-Dieu. (Photo Le Progrès)

Le quartier de la Part-Dieu. (Photo Le Progrès)

Le quartier de la Part-Dieu. (Photo Le Progrès)

Marius Vivier-Merle (Photo DR)

Marius Vivier-Merle (Photo DR)

Marius Vivier-Merle (Photo DR)

(Photo d'archives Le Progrès)

(Photo d'archives Le Progrès)

(Photo d'archives Le Progrès)

Photo prise le 2 avril 1968

Ouverture du chantier à la Part-Dieu, 2 avril 1968. Le 2 avril 1968, en présence du préfet du Rhône, Max Moulins, le maire de Lyon, Louis Pradel et Benoît Carteron, le président de la Société d'équipement de la région lyonnaise (SERL), par ailleurs président du conseil général du Rhône, font symboliquement tomber le dernier pan de mur de l'enceinte de la caserne de la Part-Dieu qui ouvre sur la rue de Bonnel. Cette rue, perpendiculaire au Rhône, qui venait depuis le XIXe siècle buter sur la vaste caserne, sera ainsi prolongée jusqu'au boulevard Vivier-Merle.

Kellar has vanished and the princess remains.
Kellar has vanished and the princess remains.