Regarde, il y a un truc bizarre là-haut ! Une lumière qui file à toute vitesse, un objet qui a tout l’air d’une soucoupe… Qui ne s’est jamais interrogé en levant les yeux au ciel ? Un ovni ? Ce simple mot entraîne fascination voire hystérie. Les PAN, phénomènes aérospatiaux non identifiés, comme ils sont désormais plus officiellement appelés, ont de tout temps été sources de mystères. À la moindre étrangeté, découlent de multiples analyses ou théories sur l’existence extra-terrestre.

Ici, il ne s’agira pas de lier les ovnis à un quelconque petit bonhomme vert, mais plutôt de les appréhender comme des objets. L’occasion surtout de raconter comment des hommes et des femmes travaillent ou gravitent autour du phénomène. Avec le sérieux, comme règle absolue. Grâce à des cas concrets, des personnalités de l’agglomération lyonnaise ou d’éminents spécialistes français, nous décortiquerons les mécanismes de recherche et d’analyse. On vous embarque aux frontières du réel.

Par Hugo PONCET

Nous sommes en 832. Un navire aérien plane au-dessus de la place Bellecour de Lyon. S’en échappent trois hommes et une femme. Ils racontent avoir été enlevés à travers les cieux, jusqu’à atterrir en Magonie, une contrée mystérieuse entre terre et ciel. Là-bas, les habitants appelés les Magonians, et les tempestaires, des sorciers capables de lever les vents et déclencher la grêle, s’unissent et mènent des raids à bord de leurs bateaux volants pour détruire et voler les récoltes des paysans sur Terre.

Gravure tirée du magazine Ovni-Présence, à la source inconnue

Gravure tirée du magazine Ovni-Présence, à la source inconnue

Gravure tirée du magazine Ovni-Présence, à la source inconnue

Des explications pour le moins farfelues qui ont valu à ces quatre étrangers d’être arrêtés puis accusés de sorcellerie par les Lyonnais. Massée à Bellecour, la foule exige leur mise à mort ! La lapidation, crient-ils, tous. Jusqu’à l’arrivée d’Agobard, l’archevêque de Lyon.

Le religieux, qui n’a de cesse de lutter contre les superstitions et les croyances, n’en croit pas un mot. Ce n’est que mensonge, lance-t-il en substance, cela ne peut être vrai. Il fait ainsi revenir à la raison les Lyonnais et gracie les quatre prisonniers. 

Visuel Progrès/H. Po.

Visuel Progrès/H. Po.

Visuel Progrès/H. Po.

Cette légende, largement romancée et racontée à leur manière dans les différents articles, blogs ou magazines ufologiques, est considérée comme le plus ancien témoignage de visites d’ovnis dans l’Occident chrétien. Il constitue le point de départ de notre dossier.

Tableau accroché dans l'église Saint-Jacques-des-Arrêts, à Deux-Grosnes, dans le Beaujolais, peint par Fusaro. Il représente Agobard et plusieurs vaisseaux spatiaux. Photo d'archives Progrès

Tableau accroché dans l'église Saint-Jacques-des-Arrêts, à Deux-Grosnes, dans le Beaujolais, peint par Fusaro. Il représente Agobard et plusieurs vaisseaux spatiaux. Photo d'archives Progrès

Tableau accroché dans l'église Saint-Jacques-des-Arrêts, à Deux-Grosnes, dans le Beaujolais, peint par Fusaro. Il représente Agobard et plusieurs vaisseaux spatiaux. Photo d'archives Progrès

Cette histoire puise son origine dans les écrits d’Agobard lui-même, avec De la grêle et du tonnerre. Problème. Après traduction du texte originel – que l’on peut retrouver ici –, jamais l’archevêque de Lyon ne présente les prisonniers comme des marins envoyés de Magonie. Encore moins comme des Lyonnais enlevés par les aéronefs. Seulement, il écrit avoir « vu quatre personnes, étant dans des liens, ayant dit être tombés d'un vaisseau ». Il poursuit :

« Nous avons vu et entendu beaucoup d'hommes plongés dans une telle grande stupidité, tombés dans de telles profondeurs de folie, qu'ils croyaient qu'il y a une certaine région, qu'ils appellent Magonia, d'où les bateaux naviguent dans les nuages, afin de porter dans notre région ces fruits de la terre qui sont détruits par la grêle et les tempêtes... »

Sans entrer dans un « fact-checking » exhaustif de cette histoire, il est facile de constater toutes les interprétations, exagérations et erreurs qui entourent la légende de Bellecour, aujourd'hui. Mais il semble en aller ainsi pour tout ce qui a trait au phénomène ovni, entre fantasmes et quête de la vérité.

S’il y a bien quelqu’un qui prend au sérieux le phénomène, c’est lui. Daniel Robin est un spécialiste des ovnis, autrement dit un ufologue. Le Lyonnais est même à la tête de l’association à rayonnement national, Ovni investigation.

« On a rencontré beaucoup de témoins qui ont vécu des choses en dehors de l’ordinaire. Des gens de bonne foi qui ont vu des trucs inexplicables. Ils ne savaient pas à qui s’adresser pour raconter ça. Même leur propre famille n’était pas à leur écoute. On avait un rôle à jouer. » C’est comme ça que ce désormais assureur à la retraite s’est pris à analyser des milliers de cas suspects dans le ciel. « Ma femme, elle, elle s’en fiche. Moi, dès que j’ai entendu ce genre de choses, j’ai voulu savoir, j’ai cherché », explique-t-il pour illustrer la complexité du sujet.

Le ciel n'attend pas

Son association, dont il a pris la présidence au début des années 2000, regroupe aujourd’hui une quarantaine d’enquêteurs en France, dont une quinzaine autour de Lyon. Tous prêts à monter dans un train ou un avion pour être au plus près du cas suspect. Car Ovni investigation est désormais organisée en réseau. « Un réseau de veille parce qu’il faut attendre, dit Daniel Robin. Mais il faut être prêt le jour J. » Le ciel n’attend pas.

Alors, comment ça marche ? Lui et les membres de l’association ont d’abord créé un site internet sur lequel un questionnaire est accessible pour déposer son témoignage après une observation étrange dans le ciel. C’est la première étape. Plusieurs pages de questions sont à remplir avec des indications très précises sur les conditions d’observation (contexte, météo, lieu…). Suffisant pour décourager les plaisantins et très utile pour débusquer les cas intéressants.

Une page du questionnaire d'Ovni investigation.

Une page du questionnaire d'Ovni investigation.

Une page du questionnaire d'Ovni investigation.

Ensuite, c’est le moment de l’enquête : « Quand on fait face à un cas intéressant, on dépêche un groupe de deux enquêteurs assez rapidement pour avoir des infos de première main. Au bout d’un ou deux mois, deux autres enquêteurs y retournent. Ça permet de comparer avec la première version, ou de compléter », expose celui qui a également écrit des livres sur le sujet (1).

« Si c’était à 22h30, à Gerland et en été, on essaye d’aller sur place dans les mêmes conditions. Là-bas, le témoin explique ce qu’il a vu, on fait des photos, on pose des questions. Mais il ne faut pas influencer le témoin : savoir lui laisser la parole, rebondir, énumère Daniel Robin. Et contrairement à ce qu’on pense, les témoins ne recherchent pas de publicité. Ils ne veulent pas que leur nom apparaisse, pour ne pas avoir d’ennuis avec leur patron par exemple. »

1- Les triangles de la nuit: Enquête sur un phénomène inquiétant - Par Daniel Robin. Collection Enigma

Un fonctionnement par élimination

Ensuite, c’est dans les machines que ça se passe. Grâce à des logiciels comme Stellarium, il est aisé de savoir tout ce qui se passe dans le ciel, en indiquant la date, le lieu et l’heure de l’observation. « De cette manière, on fonctionne par élimination : les phénomènes naturels comme les conjonctions planétaires, la lune, une étoile filante, une météorite ; les phénomènes d’origine humaine comme un avion vu de face, des satellites... » Après, il faut l'expliquer aux témoins, souvent déçus de ce qu'ils entendent.

Et puis, il y a des cas qui résistent à toutes explications rationnelles. C’est là que le regard de Daniel Robin s’éclaire. Que les exemples « rocambolesques » défilent dans sa bouche à la vitesse de la lumière. L’ufologue passe en revue l’affaire Minot aux US (missiles militaires désactivés), des cas vécus personnellement dans le Rhône (triangle lumineux dans le ciel de Brindas) ou encore les survols de centrales nucléaires françaises (Golfech et Blayais). Chaque exemple avec certitudes, aplomb et parfois de réelles informations.

"En Rhône-Alpes, il y a eu énormément d'observations d'ovnis de forme triangulaire"

«Ce n’est pas du conspirationnisme, ni de la paranoïa»

« Si nous, modeste association ufologique du Rhône, avec des moyens très limités, on arrive à avoir des informations intéressantes sur la centrale de Golfech, imaginez avec des moyens illimités ! » De là à évoquer une censure de la part des autorités, il n’y a qu’un pas que Daniel Robin franchit ardemment.  « Ce n’est pas du conspirationnisme, ni de la paranoïa. C’est de la logique, lance le Lyonnais. Mais cette censure peut être justifiée. Si les autorités avouaient ouvertement qu’il se passe des choses anormales, que les sites nucléaires sont visités… Est-ce que ça ne pourrait pas déstabiliser les structures sociales, les institutions ? Est-ce qu’il ne pourrait pas y avoir des émeutes… C’est possible. Je ne pense pas. Je pense que les gens sont assez mûrs pour entendre ce genre de vérités mais les autorités pensent le contraire. Elles ont leur raison de ne pas divulguer ces informations, d’autant plus dans le domaine militaire. »

«Une machine peut voyager dans l’espace, elle n’a pas les contraintes d’un être biologique»

Après toutes ces années à traquer les ovnis et essayer de les comprendre, Daniel Robin s’est fait sa petite idée. En essayant de rester « le plus rationnel possible », le spécialiste livre sa version, « loin des films hollywoodiens ». « Ça peut être des intelligences artificielles. Une machine peut voyager dans l’espace, elle n’a pas les contraintes d’un être biologique. Mais pour moi, c’est difficile de comprendre une civilisation qui aurait 10 000 ans d’avance sur nous », dit-il. La suite, dans le son ci-dessous.

Photo Progrès/Hugo PONCET

Photo Progrès/Hugo PONCET

Photo Progrès/Hugo PONCET

Photo Progrès/Hugo PONCET

Photo Progrès/Hugo PONCET

Photo Progrès/Hugo PONCET

Alors, comment ça marche ? Lui et les membres de l’association ont d’abord créé un site internet sur lequel un questionnaire est accessible pour déposer son témoignage après une observation étrange dans le ciel. C’est la première étape. Plusieurs pages de questions sont à remplir avec des indications très précises sur les conditions d’observation (contexte, météo, lieu…). Suffisant pour décourager les plaisantins et très utile pour débusquer les cas intéressants.

Une page du questionnaire d'Ovni investigation.

Une page du questionnaire d'Ovni investigation.

Une page du questionnaire d'Ovni investigation.

Ensuite, c’est le moment de l’enquête : « Quand on fait face à un cas intéressant, on dépêche un groupe de deux enquêteurs assez rapidement pour avoir des infos de première main. Au bout d’un ou deux mois, deux autres enquêteurs y retournent. Ça permet de comparer avec la première version, ou de compléter », expose celui qui a également écrit des livres sur le sujet (1).

« Si c’était à 22h30, à Gerland et en été, on essaye d’aller sur place dans les mêmes conditions. Là-bas, le témoin explique ce qu’il a vu, on fait des photos, on pose des questions. Mais il ne faut pas influencer le témoin : savoir lui laisser la parole, rebondir, énumère Daniel Robin. Et contrairement à ce qu’on pense, les témoins ne recherchent pas de publicité. Ils ne veulent pas que leur nom apparaisse, pour ne pas avoir d’ennuis avec leur patron. »

1- Les triangles de la nuit: Enquête sur un phénomène inquiétant - Par Daniel Robin. Collection Enigma

Un fonctionnement par élimination

Ensuite, c’est dans les machines que ça se passe. Grâce à des logiciels comme Stellarium, il est aisé de savoir tout ce qui se passe dans le ciel, en indiquant la date, le lieu et l’heure de l’observation. « De cette manière, on fonctionne par élimination : les phénomènes naturels comme les conjonctions planétaires, la lune, une étoile filante, une météorite ; les phénomènes d’origine humaine comme un avion vu de face, des satellites... » Après, il faut l'expliquer aux témoins, souvent déçus de ce qu'ils entendent.

Et puis, il y a des cas qui résistent à toutes explications rationnelles. C’est là que le regard de Daniel Robin s’éclaire. Que les exemples « rocambolesques » défilent dans sa bouche à la vitesse de la lumière. L’ufologue passe en revue l’affaire Minot aux US (missiles militaires désactivés), des cas vécus personnellement dans le Rhône (triangle lumineux dans le ciel de Brindas) ou encore les survols de centrales nucléaires françaises (Golfech et Blayais). Chaque exemple avec certitudes, aplomb et parfois de réelles informations.

"En Rhône-Alpes, il y a eu énormément d'observations d'ovnis de forme triangulaire"

Daniel Robin, sur son balcon du 9e arrondissement de Lyon. Photo Progrès/Hugo PONCET

Daniel Robin, sur son balcon du 9e arrondissement de Lyon. Photo Progrès/Hugo PONCET

Daniel Robin, sur son balcon du 9e arrondissement de Lyon. Photo Progrès/Hugo PONCET

«Ce n’est pas du conspirationnisme, ni de la paranoïa»

« Si nous, modeste association ufologique du Rhône, avec des moyens très limités, on arrive à avoir des informations intéressantes sur la centrale de Golfech, imaginez avec des moyens illimités ! » De là à évoquer une censure de la part des autorités, il n’y a qu’un pas que Daniel Robin franchit ardemment.  « Ce n’est pas du conspirationnisme, ni de la paranoïa. C’est de la logique, lance le Lyonnais. Mais cette censure peut être justifiée. Si les autorités avouaient ouvertement qu’il se passe des choses anormales, que les sites nucléaires sont visités… Est-ce que ça ne pourrait pas déstabiliser les structures sociales, les institutions ? Est-ce qu’il ne pourrait pas y avoir des émeutes… C’est possible. Je ne pense pas. Je pense que les gens sont assez mûrs pour entendre ce genre de vérités mais les autorités pensent le contraire. Elles ont leur raison de ne pas divulguer ces informations, d’autant plus dans le domaine militaire. »

«Une machine peut voyager dans l’espace, elle n’a pas les contraintes d’un être biologique»

Après toutes ces années à traquer les ovnis et essayer de les comprendre, Daniel Robin s’est fait sa petite idée. En essayant de rester « le plus rationnel possible », le spécialiste livre sa version, « loin des films hollywoodiens ». « Ça peut être des intelligences artificielles. Une machine peut voyager dans l’espace, elle n’a pas les contraintes d’un être biologique. Mais pour moi, c’est difficile de comprendre une civilisation qui aurait 10 000 ans d’avance sur nous », dit-il. La suite, dans le son ci-dessous.

Photo Progrès/Hugo PONCET

Photo Progrès/Hugo PONCET

Photo Progrès/Hugo PONCET

La ferme de Soucieu-en-Jarrest. Photo Progrès/Hugo PONCET

La ferme de Soucieu-en-Jarrest. Photo Progrès/Hugo PONCET

La ferme de Soucieu-en-Jarrest. Photo Progrès/Hugo PONCET

Une soucoupe au milieu d’un champ. Une autre au-dessus d’une maison. Un camion qui ne démarre pas. Et une trace au sol sur laquelle rien n’a repoussé pendant 40 ans.

C’est une histoire intrigante que nous avons retrouvée dans les cartons de l’association lyonnaise Ovni investigation. Un cas hautement étrange que nous pouvons raconter aujourd’hui après avoir remonté la trace d’un témoin clé : Paulette Carrier.

Son histoire en vidéo

Âgée de 82 ans, cette ancienne Lyonnaise est la mieux placée pour en parler aujourd’hui. L’histoire est vécue par sa maman. Là, devant la porte de sa ferme, dans son champ de Soucieu-en-Jarrest. C’était en 1975, à 4 heures du matin. Lorsqu’une énorme soucoupe volante lui fait face.

« Ma maman était une personne qui avait les pieds sur terre, qui ne s’intéressait pas du tout aux ovnis, cadre très vite Paulette. Elle était formelle. Ce n’était pas un avion, c’était beaucoup plus gros. C’était rond avec plein de lumières autour. Je me suis dit que si elle raconte ça, c’est qu’elle a vu quelque chose d’extraordinaire. Bien sûr, on l’a écoutée mais on n’en a jamais reparlé. La peur du ridicule… »

Une soucoupe passe, le moteur ne démarre pas

Le quotidien reprend ses droits et Paulette, environ 35 ans à l’époque, retourne préparer pains et desserts dans sa boulangerie lyonnaise. Jusqu’à cette cueillette de cerises en 1998. En discutant avec un jeune, c’est la révélation. « Il m’explique que son grand-père est un fervent croyant des ovnis. Car une nuit, alors qu’il voulait démarrer son camion pour aller au marché, le véhicule ne répond plus. Ses filles lui font remarquer qu’une énorme soucoupe passe au-dessus de la maison. Et durant toute sa présence, impossible de démarrer le camion, narre Paulette Carrier. Cette histoire a relancé mon intérêt. » D’autant que ces faits se sont déroulés le même jour que l’histoire de sa mère. Et dans la même commune !

Voici le croquis qui avait été réalisé lors de l'enquête d'Ovni investigation, en 2005.

Voici le croquis qui avait été réalisé lors de l'enquête d'Ovni investigation, en 2005.

Voici le croquis qui avait été réalisé lors de l'enquête d'Ovni investigation, en 2005.

Un article de presse avait été consacré aux apparitions de soucoupes à Soucieu. Photo Progrès/Hugo PONCET

Un article de presse avait été consacré aux apparitions de soucoupes à Soucieu. Photo Progrès/Hugo PONCET

Un article de presse avait été consacré aux apparitions de soucoupes à Soucieu. Photo Progrès/Hugo PONCET

La touche finale, c’est cette trace en haut du pré de la mère de Paulette. « Mes frères avaient l’habitude de labourer ce terrain mais depuis, il y avait toujours ce petit endroit où absolument rien ne repoussait. Mon frère disait toujours : je me demande ce qu’on a mis comme désherbant, se rappelle-t-elle. Ce n’est que de longues années plus tard qu’on a réalisé que cette trace, c’était là où ma mère avait vu la soucoupe se poser. Et ça a duré pendant 40 ans ! »

Une anomalie sur le terrain, presque 50 ans plus tard

L’équipe d’Ovni investigation était d’ailleurs venue constater cette trace en 2005, que l’on distinguait très clairement, même depuis les vues satellites de Google.

La trace, bien visible, en 2005. Photo Ovni investigation

La trace, bien visible, en 2005. Photo Ovni investigation

La trace, bien visible, en 2005. Photo Ovni investigation

La trace aujourd'hui, recouverte par un arbre. Photo Progrès/Hugo PONCET

La trace aujourd'hui, recouverte par un arbre. Photo Progrès/Hugo PONCET

La trace aujourd'hui, recouverte par un arbre. Photo Progrès/Hugo PONCET

Depuis quelques années, un arbre a été planté sur cette parcelle et... Il a pris. Sur place, il est évident que ce bout de terre tranche véritablement avec le reste du champ. On y remarque d’ailleurs une anomalie de terrain, comme un vieux reste de cette trace au sol.

Alors que s’est-il passé à Soucieu en 1975 ? Une soucoupe a-t-elle véritablement hanté le ciel, jusqu’à marquer de manière prolongée le champ ? En l’état, impossible à dire, même si certains éléments, comme le vieillissement prématuré de la végétation ou le brouillage d’appareils électroniques, rejoignent des pistes étudiées par les scientifiques (chapitre 5).

Paulette, elle, ne désespère pas. « Moi je pense qu’il y a quelque chose d’extraordinaire qu’on ne s’explique pas encore. Mais il y a beaucoup de choses dans l’univers qu’on ne s’explique pas non plus. On ne connaît rien, on est une petite fourmi, c’est passionnant. »

Paulette à l'endroit où la soucoupe se serait posée. Aujourd'hui, un arbre a repoussé. Photo Progrès/Hugo PONCET

Paulette à l'endroit où la soucoupe se serait posée. Aujourd'hui, un arbre a repoussé. Photo Progrès/Hugo PONCET

Paulette à l'endroit où la soucoupe se serait posée. Aujourd'hui, un arbre a repoussé. Photo Progrès/Hugo PONCET

D’autres cas intrigants

Un triangle à Satolas

Un soir de juillet 1992, neuf personnes réparties dans deux véhicules roulent depuis l’aéroport de Satolas (aujourd’hui Saint-Exupéry) en direction de Lyon. Les amis empruntent une petite route secondaire quand soudain, un immense triangle immobile apparaît dans le ciel à environ 20 mètres de hauteur. Deux amies sortent de leur voiture et constatent un forme massive et éclairée, le tout dans un silence absolu, durant plusieurs minutes. Ces deux femmes ont été les seules à vouloir témoigner, l’enquête n’est pas allée plus loin.

Trois lumières au-dessus de Craponne

Juin 1997. Au cours d’une soirée au ciel dégagé, quatre amis ont aperçu trois lumières blanches dans les airs. Un triangle qui apparait subitement au-dessus d’eux et de leur maison, à environ 50 mètres. L’observation dure deux à trois minutes avant de se renouveler 15 minutes plus tard. Les quatre amis ont tous témoigné mais disent avoir vu des choses différentes, notamment sur la matière de l’ovni. France 3 avait consacré un reportage à ce cas.

Le temps s’arrête à Vaulx-en-Velin

En novembre 2008, au volant de sa voiture, un homme est intrigué par une lumière puissante qui semble venir du ciel. Il s’arrête dans un carrefour très fréquenté de Vaulx-en-Velin et constate un engin noir d’environ 20 mètres, de forme triangulaire, projetant de la lumière au-dessus d’un immeuble de sept étages. Fait troublant : durant son observation, le témoin raconte avoir eu l’impression que le temps s’était arrêté, que les voitures n’existaient plus, les piétons non plus. Comme une amnésie temporaire. Avant que tout ne redevienne comme avant lorsque l’engin a disparu d’un coup.

Tous ces cas ont fait l’objet d’une enquête par l’association lyonnaise Ovni investigation

Le cas de Satolas. Reconstitution Ovni investigation

Le cas de Satolas. Reconstitution Ovni investigation

Le cas de Satolas. Reconstitution Ovni investigation

Le cas de Craponne. Reconstitution Ovni investigation

Le cas de Craponne. Reconstitution Ovni investigation

Le cas de Craponne. Reconstitution Ovni investigation

Le cas de Vaulx-en-Velin. Reconstitution Ovni investigation

Le cas de Vaulx-en-Velin. Reconstitution Ovni investigation

Le cas de Vaulx-en-Velin. Reconstitution Ovni investigation

Si de simples citoyens ou associations ont pris à bras le corps le sujet des signalements d’ovnis, sachez que l’État a également mis en place toute une mécanique officielle pour recueillir les témoignages. Vous l’ignorez sans doute mais la gendarmerie est le premier maillon de cette chaîne. « Nous sommes formés pour enregistrer le signalement de potentiels objets volants ou lumières suspectes, avec le maximum de précision que peut apporter le témoin, y compris des photos », nous ont répondu les militaires.

Les gendarmes, tout comme les policiers (via un dépôt de main courante), sont en effet dans l’obligation de retranscrire votre déposition sur un procès-verbal. Ils décideront ensuite de mener ou non des investigations. Mais les chiffres communiqués (ci-contre) laissent penser que peu de personnes se tournent vers eux. Ou n'osent pas, par peur du ridicule.

Si la gendarmerie le juge nécessaire, elle transmet ensuite le PV du cas suspect au Groupe d’études et d’information sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, le Geipan. Ces témoignages constituent la base de travail de cet organisme d’État basé à Toulouse, rattaché au Centre national d’études spatiales (Cnes). C’est à ce stade que les affaires deviennent plus intéressantes...

Les chiffres communiqués par la gendarmerie

Depuis le 1er janvier 2022, sur la région Auvergne Rhône-Alpes,  il y a eu 5 signalements d'ovnis/PAN (dans les départements 01, 63 et 73). Sur ces 5 signalements, 4 ont donné lieu à l'engagement d'une patrouille : 2 concernaient des lumières et 2 s'avéraient être des drones.

En 2021: aucune intervention et 2 signalements déposés en brigade.

En 2020: 5 interventions (4 de nuit et 1 de jour) localisées dans les départements: 03, 26 et 38.

Infographie Geipan

Infographie Geipan

Infographie Geipan

Le Geipan reçoit environ 800 contacts mails par an. Parmi eux, environ 500 cas très simples élucidés rapidement puis entre 150 et 200 témoignages d’observation à analyser afin de les classer dans une catégorie A, B, C ou D. Ces cas plus compliqués,  nécessitent une enquête à distance voire de terrain si le cas s’avère vraiment étrange. « On a un schéma très rigoureux, de l’étape 1 à 19 », détaille Fabienne Duclos, membre du Geipan. Elle en explique le fonctionnement.

«Ce qui fait notre force, c’est la neutralité»

La grande majorité des cas relève de méprises que vous pouvez identifier rapidement, quelles sont les principales?

«Ces cas sont classés dans le volet main-courante. Ces derniers temps, on a eu pas mal de témoignages sur une grande trainée lumineuse. C’était le train Starlink, de SpaceX. En septembre 2022, on a aussi eu une soixantaine de signalements sur le rallumage du 2e étage de la fusée Falcon 9. Le moteur crée un énorme halo blanc puis le vidage des réservoirs entraîne un effet de nœud papillon. C’est très impressionnant. Il peut aussi y avoir des bolides, c’est-à-dire une météorite qui rentre dans l’atmosphère et qui brûle. Il y a quelques années, on a beaucoup parlé des lanternes thaïlandaises mais pour elles, la réponse n’est pas toujours si évidente si l’on n’a pas de photo. Il faut souvent une enquête plus poussée, même rapide.»

Infographie Geipan

Infographie Geipan

Infographie Geipan

Qui mène ces enquêtes ?

«Au Geipan, nous sommes très peu nombreux, deux personnes à temps plein et moi à mi-temps. Mais on travaille avec un réseau d’une vingtaine d’enquêteurs bénévoles. Ils sont de tous les profils, des gens dans la vie active, des retraités, issus du domaine technique ou pas, des passionnés.»

Comment se partage votre travail d’enquête ?

«Il y a d’abord l’enquête à distance. Elle est le plus souvent réalisée par nos enquêteurs, en analysant les témoignages, les données puis en contactant le témoin si l’on a besoin d’éléments complémentaires ou s’il y a des informations contradictoires. On doit aussi être sûr des données techniques. Dans la majorité des cas, l’enquêteur va conclure à un satellite, une lanterne, un astre, un avion… L’enquête est alors terminée et on la classe dans les catégories A ou B. L’issue n’est pas liée à un sentiment de l’enquêteur mais bien à un résultat de calcul, afin d’éviter toute subjectivité. Ce résultat de calcul vient de deux éléments : la consistance du témoignage (fiabilité et quantité d'informations) et l’étrangeté.»

Quand déclenche-t-on l’enquête de terrain ?

«C’est très marginal. On en fait très peu, je dirais 5 par an peut-être. En général, l’enquête à distance suffit. Elles sont toujours déclenchées pour les cas D, où la consistance du témoignage est bonne et l’étrangeté reste forte. On ne sait pas dire ce que c’est.»

  Fabienne Duclos, dans les locaux du Geipan, à Toulouse. Photo fournie par le Geipan

Fabienne Duclos, dans les locaux du Geipan, à Toulouse. Photo fournie par le Geipan

Fabienne Duclos, dans les locaux du Geipan, à Toulouse. Photo fournie par le Geipan

Que se passe-t-il après avoir classé un cas D ?

«Pour l’instant, il ne se passe pas grand-chose car aujourd’hui, personne ne reprend la main. Mais on pourrait imaginer que les scientifiques s’y penchent. Il ne faut pas oublier que nous sommes un service technique, qui a pour but d’analyser les observations et de conclure A, B, C ou D. On n’a pas pour mission d’étudier, de faire de la science. Tout ce qu’on fait est publié sur notre site, de manière anonyme, le déroulé de l’enquête, les PV de gendarmerie…»

Vous apparaissez souvent comme des briseurs de rêves pour les témoins, mécontents de vos réponses…

«Quand le cas est publié, il y en a qui disent : "C’est n’importe quoi, je n’ai pas vu un avion". C’est pour ça qu’on est obligé d’être extrêmement précis et factuels dans nos analyses. Il faut donner tous les éléments pour que le témoin se dise "Ok, j’ai vu un avion". Il y en a qui sont très contents car ils ont une réponse. Quelques-uns qui nous disent qu’on est nul ou que le Geipan cache des trucs, qu’on est à la solde de l’État. Les gens ne sont pas obligés de nous croire mais on leur certifie que tout ce qu’on a traité est publié sur notre site. Ce qui n’est pas sur le site, c’est qu’on ne l’a pas encore traité.»

Dans la classification Geipan, aucun cas D n’existe dans le Rhône, y’a-t-il tout de même des cas intéressants ?

«Récemment, il a eu deux fois des sky-traceurs, ces projecteurs des discothèques qui font des ronds dans le ciel, sur les nuages : à Lyon en 2019 et à Les Sauvages en 2020. Il y a eu un autre cas intéressant à Vaugneray en 2018 : c’était un rapace. Ces cas d’oiseaux ou d’insectes sont difficiles à traiter. Les oiseaux migrateurs dans un ciel urbain avec des éclairages de lampadaires peuvent faire penser à quelque chose d’étrange.»

Quelle est votre position sur l’existence extra-terrestre ?

«Je ne vous le dirai pas. Ce qui fait notre force, c’est la neutralité. On part du principe qu’une personne a vu quelque chose. Notre mission, c’est d’extraire de son témoignage la réalité de ce qui a été vu. Soit on arrive à trouver et c’est tant mieux, soit on n’y arrive pas. Mais moi je ne fais aucune conclusion du type si c’est un cas D, alors c’est forcément extra-terrestre. On a tous les éléments pour traiter ce cas mais on ne sait pas l’expliquer et je m’arrête là.»

Identifiez vous-même un PAN

➡️ Cliquez sur les objets dans le ciel

Infographie réalisée par le site Méprises du ciel
Plus d’infos ici

Si l’on osait parler des ovnis de manière sérieuse et de surcroît dans la sphère publique il y a quelques années, moqueries et sourires en coin n’étaient jamais loin. Aujourd’hui, le contexte autour du phénomène est en pleine mutation.  Un changement de paradigme embrayé en 2017, lorsque des vidéos fuitent dans les médias américains. Des images impressionnantes, captées en 2004, 2014 et 2015 par les avions de l’US Navy, montrent des objets qui filent à des vitesses supersoniques, s’arrêtent brutalement et disparaissent devant les yeux de pilotes médusés.

 L'objet de forme ovale se déplace avec une mer de nuages en arrière-plan et contre le vent à 120 nœuds.

Quelques années plus tard, ces documents ont même été déclassifiés par le Pentagone, qui, en 2020, déclarait sobrement : « Le phénomène aérien observé dans les vidéos reste qualifié de non identifié. » Un phrasé timide qui fait l’effet d’une bombe dans le milieu. Jamais encore, les PAN n’avaient été évoqués officiellement par les États-Unis.

Ensuite, c’est l’effet boule de neige. Le Pentagone reconnaît avoir mis en place un programme visant à étudier les ovnis (UAP Task Force), d’anciens gradés font des déclarations édifiantes, des rapports sont édités pour le Congrès américain, la Nasa a constitué un groupe de recherche, l’université d’Harvard se penche aussi sur la question...

«Ça pose un problème de sécurité»

« Avant, au Pentagone, les PAN, c’était une patate chaude dont on voulait se débarrasser. Aujourd’hui, ils font face à un sujet sur lequel le Congrès demande des explications. C’est un changement de langage du Pentagone, qui reconnaît que ces phénomènes posent un problème de sécurité : une thèse inverse d’il y a plusieurs années où ce n’était même pas un sujet », éclaire Luc Dini, à la tête de la Commission Sigma 2.

Avec un groupe de scientifiques français (chercheurs, ingénieurs, astronautes, militaires, médecins…), il a planché pendant huit ans pour apporter des explications techniques sur des observations inexpliquées partout dans le monde. Les conclusions se trouvent dans un rapport de 377 pages, émis en 2021 pour le compte de la très sérieuse Association aéronautique et astronautique de France (3AF). Au gré de ses recherches, la commission a par exemple résolu l’équation d’un cas jusqu’alors inexpliqué au Chili. Il ne s’agissait pas d’un ovni mais d’un Airbus A340, vu de face !

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Les plasmas, ça ne peut pas être ça

Mais l’intérêt d’un tel travail se lit aussi dans ce que les spécialistes ne trouvent pas. Comprendre comment un point lumineux à l’arrêt peut accélérer brutalement à 3 000 km/h puis changer de direction en angle droit ? Loupé. Ces comportements qui ne respectent ni les lois de la physique, ni les technologies connues, ne peuvent pas être attribués aux plasmas (1), une de leurs hypothèses. « Le plasma peut se déplacer vite, mais pas avec de tels changements de direction, à 90° ou des rebroussements, c’est impossible. On n’a pas trouvé d’explication », tranche Luc Dini.

(1)    Le plasma est le 4e état de la matière (avec liquide, solide, gaz), composé de ions et d’électrons. On le retrouve majoritairement dans le milieu interstellaire. Au contact de températures élevées, les plasmas créent de la lumière et peuvent avoir des effets, comme les rentrées atmosphériques, des météorites…

Micro-ondes, traces au sol et amnésie temporaire

Autre piste prise au sérieux : les rayonnements électromagnétiques. L’ingénieur en aéronautique prend l’exemple de Téhéran, où deux chasseurs F4 iraniens essayent d’intercepter un ovni lumineux, qui se sépare en deux. « Une boule lumineuse va à la rencontre d’un des chasseurs et à deux nautiques, les radios sont brouillées, les commandes de tirs missiles aussi. C’est très étonnant », narre-t-il.

Même si aucune preuve formelle n’est avancée, ces rayonnements micro-ondes pourraient expliquer tout un tas d’incidences sur l’environnement proche, citées par des témoins lors d’observations d’ovnis. Comme le brouillage d'appareils électroniques, l’absence de bruit ou encore les traces au sol laissées après atterrissage d’un ovni : « On a expliqué que certains rayonnements ont un effet au niveau des végétaux, sur la chlorophylle. Ça peut créer un vieillissement prématuré et durable », assure Luc Dini, qui estime tout à fait plausible le témoignage de Paulette à Soucieu-en-Jarrest (chapitre 3).

« Ces rayonnements peuvent aussi générer des effets thermiques, sur les corps, avec des incidences sur le cerveau ou sur le circuit cardiovasculaire. Ça peut créer des phénomènes d’amnésie temporaire. » Mais tout cela reste au stade d'hypothèses, insiste la commission.

«Toutes les options sont possibles»

Malgré des avancées majeures, la commission Sigma 2 se montre relativement prudente : « Les observations pourraient être liées à des engins artificiels dont le comportement ne relève pas des technologies connues, même dans le cas de programme d’engins militaires confidentiels, sauf à supposer que ceux-ci relèvent d’une physique très avancée, inconnue, ce qui serait très surprenant », indique le rapport.

Et Luc Dini de compléter : « Toutes les options sont possibles. La question, ce n’est pas tant de se focaliser sur le sujet de civilisations autres, c’est de caractériser beaucoup mieux les phénomènes qui se produisent dans notre environnement, quitte à découvrir à la fois des phénomènes naturels ou d’autres types d’explications. Il faut avoir cette approche pragmatique. »

A l'heure de clôturer ce dossier, une certitude s'impose : oui, les ovnis, ou plutôt les PAN, existent. Ce n'est pas nous qui le disons mais bien les plus grands spécialistes mondiaux. Ceux-là même qui mènent des études et éditent des rapports pour tenter de comprendre. Ufologues, scientifiques ou enquêteurs, tous s’accordent à dire qu'il se passe, dans nos cieux, des choses inexplicables avec les moyens d'analyse actuels. Ce qui pose des problèmes de sécurité majeurs.

Dès lors, reste une question : qui sont-ils vraiment, ces ovnis ? Toutes les hypothèses semblent sur la table. Impossibles à affirmer ou infirmer à 100 %. Des petits hommes verts ? Des machines hyper développées conçues secrètement par des États ? Des intelligences artificielles dont nous ne pouvons comprendre la mécanique ? On vous laisse faire votre choix.