- PATRIMOINE -
Leurs maisons
ont une histoire,
ils ont réussi à la préserver

Photo Pixabay domaine public

Photo Pixabay domaine public

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Ces bâtisses remarquables font partie du patrimoine local. Parfois tombées en désuétude, elles ont été restaurées, réhabilitées, en bref sauvées par des communes, associations, organismes ou habitants du département, bien déterminés à préserver cet habitat traditionnel.

À PÉROUGES

réhabiliter une ferme du XVe siècle,
témoin de l’habitat paysan

Photo Progrès/Julia BEAUMET

Photo Progrès/Julia BEAUMET

Photo Progrès/Julia BEAUMET

À l’entrée de la cité préservée de Pérouges, la municipalité a redonné vie à une ancienne ferme typique de la vie rurale, sous l’œil expert
de l’architecte des Bâtiments de France.

Photo Progrès/Julia BEAUMET

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Photo Progrès/Julia BEAUMET

Plantée depuis le XVe siècle, à l’entrée de la cité médiévale, la ferme Juenet reste un témoin précieux du patrimoine local et rural.
Aussi, lorsque la municipalité envisage, en 2015, de transformer ses 600 m² de bâtiment et 8 000 m² de terrain en « lieu de vie associatif, culturel et touristique », impossible de faire tomber en quelques coups de pelle tout un pan de l’histoire de Pérouges.

« Le choix s’est porté sur des matériaux et des artisans locaux », précise Paul Vernay, maire de la commune.

« Nous avons été freinés »

La partie la plus ancienne de la ferme, construite en cailloux, a été conservée au maximum. « On a aussi utilisé du pisé là où il y en avait. Les plafonds, les poutres, des éléments de la galerie extérieure ont été sauvegardés lorsque cela était possible ou remplacés par des matériaux quasiment identiques. Nous sommes allés voir des entreprises spécialisées en vieux matériaux, près de Mâcon (Saône-et-Loire) pour retrouver des tomettes en terre cuite par exemple », détaille Paul Vernay. Le maire et son équipe auraient même souhaité aller plus loin dans la restauration traditionnelle mais « nous avons été freinés par les normes de sécurité, incendie et d’accessibilité », regrette le premier magistrat.
Sur cette commune classée, l’architecte des Bâtiments de France (ABF) s’est montré vigilant.

« Au sein du conseil municipal, certains élus voulaient des tuiles plates parce que cela coûtait moins cher mais l’ABF a souhaité que nous mettions des tuiles creuses comme cela est obligatoire sur toutes les toitures de la cité », confirme Paul Vernay. Une toiture dans les règles de l’art donc mais qui viendra gonfler la facture de l’opération, tout comme l’isolation à base de chanvre recouverte d’un enduit de chaux, destinée à laisser respirer le pisé.

850 000 €

C'est la somme investie pour la rénovation
de la ferme Juenet.

Finalement, ce sont près de 850 000 € qui ont ainsi été investis dans cette rénovation, un temps décriée, et financée à hauteur d’environ 510 000 € par la commune, avec un complément en subventions (CCPA, Région, Département, etc.). Et le résultat semble plaire aux associations de la commune puisqu’elles ont, depuis 2019, investi cet outil devenu fonctionnel.

En membre de la famille historique de la cité, Georges Thibaut garde un œil averti sur toutes les réalisations mais cette fois, il semble, lui aussi, conquis. « C’est un projet réussi, typique de l’habitat paysan de l’époque. La ferme est juste à l’entrée de la cité, il était important qu’il soit bien », juge celui qui est aussi secrétaire général du comité de défense et de conservation du Vieux Pérouges.

L'Atelier Fica qui réunit des habitants de Meximieux
et Pérouges autour de valeurs liées à l'écologie et la coopération avait obtenu le feu vert de la mairie pour animer pendant un an minimum la ferme.

Julia BEAUMET

L’AVIS DE

Bruno Lugaz directeur du CAUE de l’Ain

Préserver le patrimoine bâti à l’occasion d’une rénovation c’est toute la vocation du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de l’Ain.
« Notre rôle est primordial pour éviter de commettre des catastrophes. » Le CAUE assure cette mission – qui lui est confié par la loi – en particulier par le biais de ses six architectes qui sillonnent le département à la demande des propriétaires, qu’ils soient publics ou privés. Et, en la matière, le pire est parfois l’ennemi du bien, la ferme bressane en étant le meilleur exemple. « Si on veut respecter les normes énergétiques actuelles, la tentation est grande d’isoler davantage ces maisons traditionnelles, par l’extérieur notamment ; or, c’est une erreur. » Éprouvée depuis des siècles, la conception de ces bâtisses de pans de bois et de pisé est destinée à conserver la fraîcheur l’été et la chaleur l’hiver. « Issu d’un bon sens paysan qu’on a perdu de vue, ce système a été la base de villes entières au Moyen-Âge. Mais cela fonctionne à condition qu’on laisse la structure respirer. »

Photo CAUE

Photo CAUE

Photo CAUE

À CORMARANCHE
on revisite les techniques ancestrales

Photo Progrès/Guy DOMAIN

Photo Progrès/Guy DOMAIN

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A la Maison familiale rurale (MFR) de Cormaranche-en-Bugey, les apprentis en formation en alternance s’inspirent des méthodes ancestrales et ont participé à la réhabilitation, aux côtés d’entreprises partenaires, de nombreuses charpentes de bâtiments historiques. Comme le campanile de Nantua, le beffroi de Colomieu, ou le clocher de Couzances.

Des murs en paille

«  L’histoire nous permet d’avancer. Et nous regardons de près les techniques utilisées par nos anciens. Les assemblages, tenons et mortaises, le choix d’essences nobles comme le chêne, et tout ce travail ingénieux fait manuellement font partie des bases de la formation. Ce qui ne nous empêche pas de nous tourner vers des techniques actuelles en faisant appel à des machines outils qui travaillent au millimètre », rappelle Serge Lanthelme, formateur à la MFR.

Un établissement qui propose aussi des formations Pro paille. «  Il s’agit de construire, sur une ossature bois, des maisons en paille, un support au pouvoir isolant indiscutable, utilisé depuis l’invention des botteleuses aux USA au milieu du XIXe siècle. Les murs en paille de ces écoconstructions sont ensuite enduits d’un mélange de terre et de chaux, des matériaux perspirants qui vont absorber la vapeur de la maison et l’évacuer sur l’extérieur. Nous ne sommes pas très loin des techniques des torchis utilisées par nos anciens, et nous les avons simplement adaptées aux moyens actuels. Ce sont des constructions durables, certaines existent aux USA depuis 200 ans, et en France la maison de l’ingénieur Émile Feuillette, à Montargis, construite en 1920 selon cette technique et le témoignage solide de ce lien entre notre histoire et le monde moderne », conclut Clément Mercier, formateur Pro paille.

De notre correspondant local, Guy DOMAIN

Photo Progrès/Guy DOMAIN

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À CERDON

Rénover un ancien moulin du XVIIe siècle
un défi familial de taille

Photo Progrès/Yves BOURRIER

Photo Progrès/Yves BOURRIER

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Depuis 2018 et au moins jusqu’au second semestre 2021, la famille Boudet restaure un petit bout de patrimoine dans le Cerdonnais. Un achat coup de cœur réalisé presque à l'aveugle.

Photo Progrès/Yves BOURRIER

Photo Progrès/Yves BOURRIER

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Barbara et Pierre Boudet ne comptent plus les biens qu’ils auront restaurés. Tous deux professeurs d’EPS, ils ont baroudé à travers le monde, leur dernière affectation étant Mayotte. Désirant rentrer en métropole pour faciliter les études de leurs enfants, ils se sont mis à la recherche d’une nouvelle habitation dans l’Ain. De préférence ancienne, à rénover, et en pleine nature.

Tout était à refaire, du sol au plafond.
Nous avons commencé par l’urgence.
Barbara Boudet

C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés propriétaires d’un ancien moulin du XVIIe siècle à Cerdon, acheté par le biais d’une petite annonce… et sans l’avoir réellement vu. « Nous avons échangé avec le propriétaire photos et vidéos, et sommes tombés sous le charme de cette bâtisse, explique Barbara, qui a repris le snack-bar du village. Sommairement habitable, nous pouvions y poser nos valises, mais force est de reconnaître que les travaux qui nous attendaient étaient considérables. Tout était à refaire, du sol au plafond. Nous avons commencé par l’urgence : la réfection du réseau d’assainissement et le ravalement de la façade. Nous tenions à remettre à nu les pierres de taille qui composent le moulin. »

Photo Progrès/Yves BOURRIER

Photo Progrès/Yves BOURRIER

Photo Progrès/Yves BOURRIER

Les deux niveaux, de 120 m2 chacun, sont à rénover dans leur intégralité. « Arrivés en juillet 2018, nous avons commencé par le rez-de-chaussée. Placage, isolation, électricité, plomberie, ouverture… Tout a dû être repensé. Lorsque nous attaquons une rénovation, notre plaisir est de le mettre à notre goût, sans limite, ou presque. Nous avons appris sur le tas, avec tutoriels, livres et une motivation sans faille. Même s’il n’est pas toujours simple de conjuguer avec nos obligations professionnelles. Si tout va bien, nous espérons une fin de travaux mi-2021. »

Photo Progrès/Yves BOURRIER

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