Plus de 3 600 emplois
à pourvoir
dans la région
Les recruteurs sont unanimes : l’année 2019
devrait être celle d’un record pour l’emploi
des cadres dans la région lyonnaise : le plus haut niveau
de recrutements jamais atteint.

Industrie, services, commerce, informatique… C’est assez rare pour le souligner : la bonne santé de l’emploi des cadres dans la région concerne presque tous les secteurs. « La dynamique dont a bénéficié la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2018 devrait se poursuivre en 2019 et permettre de dépasser la barre des 30 000 recrutements », annonce l’antenne régionale de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec). Du jamais vu. C’est le double comparé à 2014.
39 % des cadres de la région sont à Lyon
Un état de grâce qui souffle aussi sur Lyon. La capitale rhodanienne concentre 39 % des cadres de la région, soit un peu plus de 170 000 personnes en poste. Pour en avoir le cœur net, la rédaction du Progrès Économie a contacté les principales entreprises implantées dans le bassin lyonnais, via un questionnaire en ligne, pour connaître leurs intentions d’embauches dans les prochains mois.
Résultats, plus de 3 600 emplois CDI seraient à pourvoir, rien que dans ces entreprises, tous secteurs confondus. Même si notre enquête ne peut se targuer d’être exhaustive, il n’en ressort pas moins que les opportunités sont là et que le dynamisme constaté depuis cinq ans ne se dément pas. Le bassin lyonnais, deuxième marché de l’emploi cadre après Paris, se démarque par son attractivité et son tissu économique dont les secteurs les plus recruteurs seraient le domaine des services, de l’industrie, du commerce et de la construction.
« 60 % des cadres négocient leur salaire »
Éric Guillaumot, délégué régional Auvergne-Rhône-Alpes de l'Apec

29 400 cadres ont été recrutés en 2018 dans la région. La barre des 30 000 va-t-elle être dépassée en 2019 ?
« Cette perspective est plus que jamais rationnelle. Les intentions de recrutement de la part des entreprises de la région augmentent chaque année depuis 2016. À titre de comparaison, 22 600 cadres avaient été recrutés cette année-là et 27 810 en 2017. Tous les voyants sont verts pour les cadres, particulièrement dans le bassin lyonnais qui concentre presque 2 offres d’emploi sur 3. Le taux de chômage des cadres est à moins de 4 %, on peut parler de plein-emploi. »
Les incertitudes économiques internationales ou la crise des Gilets jaunes n’ont pas impacté l’emploi cadre ?
« Le marché de l’emploi cadre possède sa propre dynamique. Il est plus structurel que conjoncturel. Ces événements économiques ont peu d’impact. La région AuRA possède de nombreux atouts, c’est encore plus vrai dans le Rhône. Tous les secteurs d’activité sont représentés. Les grands groupes sont présents ou viennent s’y installer. Ces entreprises sont plutôt confiantes, donc elles recrutent des cadres. »
Comment expliquez-vous la hausse constante des recrutements ?
« La dynamique a été portée par la transformation numérique, qui a favorisé l’emploi de cadres dans tous les secteurs. Mais aussi les transformations énergétiques et réglementaires. Les entreprises recherchent toujours plus d’experts pour accompagner ces évolutions. C’est valable en France et dans une région comme la nôtre. Donc les cadres sont en position de force pour négocier leur salaire. »
Concrètement, comment leur rémunération évolue-t-elle ?
« Les cadres cherchent à négocier leur salaire à l’embauche dans 6 cas sur 10. 47 % obtiennent le montant visé et plus de 10 % obtiennent une rémunération supérieure au montant demandé ! En 2014, on recevait 50 CV sur une offre. En 2018, c’est 30… et 20 sur l’informatique. »
Du côté des fonctions, les entreprises seraient en quête de personnels qualifiés pour les études-R & D (20 % des intentions de recrutements), l’informatique (19 %), commercial-marketing (17 %), la production industrielle/chantier (12 %) et l’exploitation tertiaire (8 %).
A la fin 2019, sur les 30 000 recrutements effectués cette année en AuRA, le bassin économique lyonnais aura capté 60 % des offres. Selon Eric Guillaumot, le délégué régional de l’Apec, ce chiffre devrait être, sinon le même, supérieur l’an prochain, malgré les incertitudes de marché (lire ci-dessous).
L’Insee prévoit en effet une croissance du PIB de 1,3 % en 2019 contre 1,7 % en 2018 et 2,4 % en 2017. Un signal qui n’effraie pas les cabinets de recrutements que nous avons contactés.
Qui recrute ?


Dans l'informatique,
c'est toujours la pénurie
« Chaque jour, des entreprises nous contactent pour dénicher un ingénieur développeur ou un développeur full stack (développeur polyvalent, ndlr) », analyse Véronique Speltdoorn, du cabinet de recrutement lyonnais Accile.
5 000 offres émises dans la région en 2018
Les postes autour des métiers de l’informatique sont particulièrement recherchés tout en étant les plus difficiles à pourvoir. Selon l’Apec : plus de 5000 offres ont été émises dans la région en 2018 pour le développement informatique, 2000 pour les postes d’infrastructures et systèmes ou encore la gestion de projet informatique.
« La majorité des offres d’emploi proviennent d’éditeurs de logiciels, de start-up technologiques, de biotech, de l’industrie et du e-commerce ». Et ces entreprises seraient de plus en plus pointilleuses. « Elles veulent des profils doublement compétents, en technique informatique et en stratégie marketing, avec cinq à dix ans d’expérience… Des oiseaux rares ! », lance Véronique Speltdoorn, qui constate par conséquent une tension sur les salaires. « La plupart des recrutements que nous concluons concernent des postes dont les salaires oscillent entre 50 000 et 80 000 €. »

Les industries, pilier de l'emploi cadre
L’aire de la métropole lyonnaise reste très industrielle et permet logiquement à l’emploi des cadres dans ce domaine d’y être dynamique. La métropole peut compter sur une industrie innovante en lien fort avec l’enseignement et la recherche, dont l’ancrage se situe principalement en couronne centre-Est. On estime d’ailleurs à 140 000 le nombre d’emplois industriels dans l’aire urbaine lyonnaise. Soit au total environ 18 % des emplois.
Les recrutements de cadres seraient portés par la mécanique-métallurgie, les équipements électriques et électroniques à l’échelle régionale, selon l’Apec. Cela se traduit par des recrutements importants dans la fonction production industrielle et chantier (12 % des embauches contre 10 % au niveau national).
Un secteur dynamique qui peine à recruter
Portées par la reprise économique depuis 2016, les organisations industrielles, tous domaines confondus, renforcent leurs rangs mais peinent à recruter autant des directeurs d’usine dans l’agroalimentaire que des pharmaciens responsables qualité dans l’industrie chimique et pharmaceutique, ou des ingénieurs achat dans la mécanique-métallurgie.

Les métiers du commerce ont
le vent en poupe
C’est une constante, les profils commerciaux sont sans cesse recherchés. Banque, distribution, télécoms… « Tous les secteurs recrutent. Les entreprises doivent s’adapter aux clients, plus exigeants, plus experts. Même le secteur de la pharmacie est concerné alors qu’il recrutait peu de commerciaux », observe Lionel Deshors qui dirige le cabinet lyonnais CCLD, spécialisé en commerce et distribution.
Directeur commercial, cette perle rare
Parmi les fonctions en pénurie, les commerciaux de terrain ou sédentaires sont constamment recherchés. Du côté des postes à forte responsabilité, Lionel Deshors évoque de vraies difficultés à trouver des Key Account Manager (KAM). « Il négocie les accords avec la grande distribution. C’est devenu un poste incontournable dans tous les secteurs, de la grande distribution à l’aéronautique ou l’automobile. Mais c’est un profil extrêmement difficile à trouver puisqu’il s’agit d’une fonction très exposée, très éprouvante », développe Lionel Deshors. Un poste qui demande les qualités d’un négociateur du RAID dont le salaire est en conséquence : entre 70 000 et 90 000 € en fixe, sans compter la part variable.
Plus rares encore, les directeurs commerciaux. « Le métier a évolué, et nécessite de maîtriser autant le marketing que le commerce et la technique ». En conséquence, les salaires vont de 70 000 € dans une PME et jusqu’à 200 000 € dans un grand groupe. « Sur 1 200 recrutements, on en fait une cinquantaine par an. C’était exceptionnel avant, mais c’est de plus en plus régulier », évoque Lionel Deshors.

La santé, un bassin d'emplois
dynamique et concurrentiel
« Le bassin est dynamique dans la santé et le médical avec des clients très actifs en matière de recrutements ». Consultante chez Hommes & Valeurs (siège à Sathonay-Village), entité spécialisée dans le recrutement généraliste, l’accompagnement, le conseil et l’audit, Gwendolyne Kaiser intervient régulièrement sur ce secteur de la santé, où la demande en main-d’œuvre est permanente.
Avec des PME issues des biotechnologies, de la pharmacie, des start-up qui émergent régulièrement des différents pôles universitaires, de grosses entreprises leaders ou encore des acteurs du médico-social, l’écosystème est dense, notamment dans la région lyonnaise.
« Il y a des créations de postes intéressantes, à valeur ajoutée, dans les laboratoires par exemple ou l’industrie pharmaceutique, qui permettent de développer de l’export ou qui ont un potentiel innovant […]. Le développement du digital est beaucoup associé au marketing », poursuit Gwendolyne Kaiser, qui est récemment intervenue sur des recrutements de chef de projets pour des gammes spécialisées ou de responsable commercial (laboratoire de matériel médical…), entre autres exemples.

Études et R&D :
des candidats en position de force
En tête de la répartition des recrutements de cadres prévus par l’Apec en Auvergne-Rhône-Alpes pour l’année 2019, le domaine des Études et de la R & D (recherche et développement) concentre 20 % des intentions d’embauches. En effet, les fonctions de ce domaine sont transversales à tous les secteurs. Une proportion supérieure à la moyenne nationale (17 %). Des chiffres qui montrent une belle dynamique de la région accueillant, sur son territoire, de nombreuses structures dédiées à « la recherche-développement scientifique aussi bien publique que privée. Parallèlement, la présence d’acteurs industriels spécialisés dans le domaine de la santé, de la pharmacie ou encore dans la recherche clinique induit de forts besoins en compétences cadres », décrypte l’étude de l’Apec.
Les ingénieurs très convoités
Dans le domaine de l’énergie (nucléaires et renouvelables), la métropole de Lyon sait également se montrer à la pointe. Comme l’explique Raphaël Reclus, directeur général du cabinet de recrutement Morgan Philips Hudson Executive Search, « tous les groupes et ETI régionaux recrutent fortement en ce moment sur des activités de conception (R & D, bureaux d’études) jusqu’à l’exploitation en passant par la construction. »
Selon le chasseur de têtes, les profils les plus convoités restent ceux d’ingénieurs, qu’ils soient juniors ou très confirmés. « Les fonctions sont nombreuses : responsable maintenance, directeur projet, etc. Quelques postes sont touchés par une pénurie de candidats à l’instar des ingénieurs automaticien, ingénieurs bureau d’études ou chefs de chantier. »
Les 3 entreprises
qui recrutent le plus

Avec 600 CDI, Fiducial caracole en tête
À la tête de notre Top 30 des entreprises qui recrutent, on retrouve une entreprise 100 % lyonnaise. Le groupe Fiducial, spécialisé dans les services à destination des TPE et PME, est en permanence à la recherche de nouveaux candidats : « Nous sommes en croissance permanente, détaille Nicolas Leroy, directeur du recrutement au sein du groupe. C’est pourquoi Fiducial est toujours dans une forte dynamique de recrutement. » Dans la région, l’entreprise prévoit, « a minima », 600 nouvelles embauches en CDI.
Recherche comptables, avocats, juristes…
« Plus de la moitié concerne les métiers de la comptabilité et du droit. C’est un secteur « tendu » en termes de candidats et toujours en croissance. Nous sommes essentiellement en recherche de profils comptables (assistant, chef de mission, expert-comptable…) mais également des avocats et des juristes pour notre branche droit Sofiral ». Autre besoin spécifique à la région, les métiers de l’informatique avec des profils de développeurs ou de commerciaux. « Et comme notre siège historique est à Lyon, nous avons également des besoins en ressources humaines, marketing ou communication. »
Chez Fiducial, 40 % des recrutements sont initiés via une annonce, comme celles déposées sur le site recrute.fiducial.fr où 400 à 500 postes sont en permanence proposés. « Nous utilisons de plus en plus les réseaux sociaux pour chasser les profils les plus difficiles à trouver. Chaque candidat passe ensuite des entretiens dans nos pôles recrutement en région, sauf pour les cadres supérieurs qui sont reçus à Paris ou à Lyon ». Côté rémunération, le directeur tient à préciser que « les tranches sont très variables suivant les métiers et les expériences ».

Keolis booste son recrutement
avec 500 embauches
Mise en circulation du T6, automatisation et prolongement du métro B, acquisition de matériel roulant, etc. Dans la métropole de Lyon, le Sytral continue d’accélérer son développement. Chef d’orchestre de ce déploiement, l’entreprise Keolis (2e de notre Top 30 des entreprises qui recrutent) gère l’ensemble du réseau via une délégation de service public. Et cette année, le groupe prévoit de recruter 500 personnes, déployées pour le compte du Sytral.
400 postes de conducteurs à pourvoir
« D’ordinaire, nous sommes plutôt sur un chiffre de 300 postes, détaille Ingrid Relave, responsable recrutement et mobilité chez Keolis Lyon. Mais les ambitions du Sytral boostent notre recrutement. » Sur les 500 nouvelles embauches, 400 concernent des profils de conducteurs, « dont une grande majorité pour le bus. C’est la porte d’entrée chez Keolis. Pour ces postes, nous ne demandons aucune qualification particulière : il faut seulement avoir 21 ans et être détenteur du permis B. » Comme pour la cinquantaine de chauffeurs de tramway/métro qui va être recrutée, Keolis finance les formations de ses nouveaux embauchés.
Les 100 derniers recrutements concernent la partie maintenance : « Nous avons de grosses difficultés à trouver des mainteneurs de lignes aériennes. Ce sont des profils qui demandent un minimum de formation dans les domaines de la mécanique. » Pour dénicher des candidats, Keolis recrute via son site internet et celui du Sytral, et organise également un forum du recrutement qui se tiendra au Palais de la Bourse, le 25 septembre prochain.

Chez Serfim, 95 % des postes sont des CDI
« Nous avons quasiment doublé nos besoins en recrutement en quelques années », explique Emmanuel Guirand, directeur des ressources humaines de Serfim (3e de notre Top 30). Le groupe de 2 000 salariés et 32 sociétés est spécialisé dans les travaux publics, les métiers de l’environnement, les T.I.C., l’industrie et les énergies renouvelables.
Fort d’une belle croissance, le groupe dispose de 300 postes à pourvoir, dont 60 à 70 % dans les métiers ouvriers. « Nous recherchons plutôt des profils expérimentés, puisque 95 % de nos postes sont des CDI. Les 5 % restants sont des alternants. » Historiquement basé à Vénissieux, Serfim recrute surtout dans son bassin alpin ou rhodanien. « Les ouvriers peuvent ensuite effectuer de grands déplacements sur différents chantiers dans toute la France. »
Avec un taux horaire de 10,50 € à 15 € de l’heure et différentes primes, Serfim peine tout de même à recruter. Pour répondre à ses besoins de recrutement, le groupe se tourne vers de nouvelles solutions comme des contrats pro ou Serfim Académie, son propre organisme de formation, pour faire monter ses salariés en compétences, dans un premier temps. « À terme, on réfléchit à recruter directement des jeunes et les accompagner avec notre organisme de formation ».