Leur rentrée ne s’est pas passée comme prévu…
Travaux qui n’en finissent plus, galère pour trouver
un appartement, grève au collège, chômage technique
ou surplus d’activité après l’épisode de grêle du mois d’août... La reprise est bien là, et son lot de stress avec.

Après la grêle, une jardinerie
de Vindry-sur-Turdine à l'arrêt...
Alors que l’automne, après le printemps, est une saison phare pour les jardineries, celle de Vindry-sur-Turdine n’a pas pu rouvrir, à la suite des dégâts causés par la grêle.
Une rentrée « totalement gâchée » pour François Gattet, directeur des Serres du moulin. Alors qu’il s’apprêtait à démarrer les plantations d’automne sur les chapeaux de roues, il a été stoppé net par le violent épisode de grêle du 18 août dernier.
Une majeure partie du stock parti à la poubelle
« Du quasi jamais vu ! Nous n’avions pas connu ça depuis 1993 ! » Et pour cause, tous les toits de ses serres et de son magasin, principalement en verre, n’ont pas résisté aux impacts. La pluie et les grêlons se sont mêlés aux résidus de verre et ont tout détruit sur leur passage. S’il a pu sauver quelques plantes, la majeure partie de son stock est partie à la poubelle. Depuis, toute l’équipe est au chômage technique. « Presque tout est à jeter. Dans les serres, les plantes ont été remplacées par du verre. »
Des ouvriers s’activent, depuis une quinzaine de jours, pour tout déblayer. Ensuite, il faudra refaire les toits, qui seront remplacés par de la tôle isolée, plus résistante, et reconstruire les systèmes d’irrigation des serres. François Gattet rouvrira partiellement pour la Toussaint et espère reprendre une activité normale avant Noël. Quoi qu’il en soit, la rentrée et le début de l’automne sont d’ores et déjà gâchés.
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C’est, en million d’euros, la perte estimée
par François Gattet
directeur des Serres du moulin.
L’automne, après le printemps, est une période phare des ventes en jardinerie. D’après Val’Hor, l’interprofession de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage, les ventes se concentrent « essentiellement sur les arbres et les arbustes ». Le directeur estime ses pertes à un million d’euros. En attendant, toutes les vendeuses sont au chômage technique. Et si le travail dans les serres va pouvoir reprendre plus rapidement, il est plus inquiet pour le magasin. « Il va commencer à faire froid et même si le toit est refait, je ne vais pas faire travailler mes vendeuses sans chauffage », souffle-t-il.
Margaux DEYGAS



... et un assureur surchargé
de travail à Limas

Chrystèle Guigal souffle enfin, après trois semaines de rentrée sur les chapeaux de roues. Photo Progrès/Margaux DEYGAS
Chrystèle Guigal souffle enfin, après trois semaines de rentrée sur les chapeaux de roues. Photo Progrès/Margaux DEYGAS
Le 19 août au matin, Chrystèle Guigal rentre ressourcée de ses deux semaines et demie de vacances. La gestionnaire de sinistre au sein de l’agence AXA Dupuis Reynaud, à Limas, s’attendait, comme à chaque retour, à devoir se mettre à jour sur les dossiers ouverts durant son absence. « Finalement, ces dossiers, je n’ai toujours pas eu le temps d’y jeter un œil ! », rigole-t-elle. En effet, la veille au soir, le 18 août, un important orage de grêle s’est abattu entre Villefranche et Tarare, causant beaucoup de dégâts. Pile au bon moment, pour Chrystèle qui, dès sa rentrée, se retrouve avec des dizaines de nouveaux dossiers à ouvrir. « Au total, avec la grêle, on a ouvert 115 dossiers en trois semaines. » Sur une année, l’agence a environ 400 dossiers ouverts, cela représente donc un quart des ouvertures annuelles.
« J'ai perdu tout le bénéfice de mes vacances,
je me suis même dit que je n'y arriverai pas »
Une centaine de dossiers donc que Chrystèle a dû gérer, en urgence. Sa collègue de l’agence de Beaujeu est même venue lui prêter main-forte. « Moi qui revenais de vacances, je pensais reprendre tranquillement. Là j’en ai perdu tout le bénéfice, je me suis même dit que je n’y arriverai pas ! » Finalement, trois semaines après l’épisode de grêle, elle touche enfin terre. « La vingtaine de dossiers encore en attente l’est parce que les clients le souhaitent. »
Après les expertises, vient le temps de la réparation. Là aussi la rentrée a été dure. « Les couvreurs ou encore les piscinistes ont été pris d’assauts. J’en connais un qui a ouvert le 26 août, il croulait sous les demandes pour des rideaux de piscine », indique Chrystèle. De son côté, la gestionnaire fait tout pour accélérer le processus. « Je fais beaucoup d’expertise par téléphone. » Heureusement, les épisodes comme celui qu’à connu le Rhône fin août sont rares.
Margaux DEYGAS
« Le stress se met en place
dès qu’il y a un changement »
Stéphanie Bertholon, psychologue et cofondatrice
du Centre de traitement du stress et de l’anxiété (CTSA) de Lyon
Pourquoi sommes-nous tous anxieux à la rentrée ?
« Le stress se met en place dès qu’il y a un changement, une nouveauté, quelque chose que l’on ne contrôle pas. À la rentrée, c’est logique de stresser pour un enfant : nouvelle classe, nouveaux camarades, nouvel emploi du temps… Quant aux adultes, ils ont des exigences – ou alors on leur en a mis –, de bonnes résolutions, ils veulent absolument réussir les choses. Et les réunions et réorganisations produisent du stress. C’est une réaction naturelle de l’organisme qui permet au cerveau de s’adapter à la situation. Il faut normaliser ce stress, qui est notre ami, tant qu’il est de courte durée (quelques jours, quelques semaines). S’il se prolonge, il épuise l’organisme. »
Avez-vous des conseils à donner pour relâcher la pression ?
« Normaliser ce qu’on ressent, relativiser. Il faut aussi rechercher le “stresseur” (l’évènement qui angoisse) et agir directement dessus. Si on a une charge de travail trop importante : il faut s’organiser autrement, se faire aider. Des techniques respiratoires permettent de diminuer les réactions physiologiques : la cohérence cardiaque fait baisser le cortisol (l’hormone du stress). Le sport aussi est bénéfique, tout comme l’augmentation des sources de plaisir. Les piliers restent l’alimentation, le sommeil et la vie sociale. »
Comment expliquer que certains soient extrêmement stressés et d’autres sont complètement zen ?
« Certains sont plus vulnérables au stress que d’autres, biologiquement parlant. Ensuite, il y a des parcours de vie qui créent des croyances. Si on nous répète dès notre enfance que le monde est dangereux, cela crée un schéma cognitif. D’autres ont des schémas d’exigences très élevés et se mettent la pression tout seuls. Dans une thérapie, nous travaillons sur la résolution du problème au présent, mais cherchons aussi ces schémas cognitifs qui conduisent l’individu à angoisser. »
Sommes-nous plus stressés qu’avant ?
« La société génère beaucoup de facteurs de stress, elle renvoie constamment à l’exigence et à la performance. Il faut toujours être rapide, multitâche… Or le cerveau n’est pas programmé pour. L’arrivée d’Internet, et de l’exigence de rapidité, a joué un grand rôle. Des études ont montré que, face au danger, l’homme de Néandertal se battait ou fuyait, et que sa façon de gérer cette angoisse était de rester trois jours dans sa caverne pour récupérer ! En fait, on peut tout à fait stresser, dégager beaucoup d’énergie pour faire face à la situation, si on a un temps de répit ensuite. Aujourd’hui, c’est difficile. Pour beaucoup, le moyen de détente utilisé (regarder une série par exemple), sollicite aussi le cerveau ! Les personnes qui vivent près de la nature sont celles qui s’en sortent le mieux. »
Propos recueillis par Diane MALOSSE
Vivre mieux dans un monde stressant de Stéphanie Bertholon, aux éditions Odile Jacob.

Une semaine de grève pour entamer l’année scolaire à Vaulx-en-Velin

Profs de musique, d'anglais, de Segpa ou de français, tous se disent soudés par les difficultés et les réussites de leurs élèves. Photo Progrès/Monique DESGOUTTES-ROUBY
Profs de musique, d'anglais, de Segpa ou de français, tous se disent soudés par les difficultés et les réussites de leurs élèves. Photo Progrès/Monique DESGOUTTES-ROUBY
Les enseignants du collège Barbusse, à Vaulx-en-Velin, n’ont pas fait leur rentrée. Au lieu de prendre le chemin des cours, ils ont manifesté, conduit des assemblées générales et déployé des banderoles. L’équipe pédagogique lutte pour de meilleures conditions d’apprentissage.
C’est une rentrée sans cours. Au collège Henri-Barbusse, les enseignants étaient en grève pour obtenir des effectifs moins importants dans leurs classes. Tristes et amers, ils regrettaient, à la veille de reprendre : « Nous n’avons pas encore vu nos élèves. Chaque rentrée est un moment privilégié pour les accueillir, les rassurer, partager leurs émotions, tout ce qui permet de bien démarrer l’année. Nous sommes prêts à commencer, on a travaillé cet été pour ça. Les cours sont prêts, les emplois du temps aussi et l’envie est grande d’entrer dans nos classes. »
Des avancées concernant le comptage des effectifs
Enseignant au collège de Vaulx-en-Velin par choix, Rudy Gourbet, Nadia Chekiil, Barbara Jabet, Sophie Gimazane, Naïma Longeon sont conscients qu’exercer leur métier dans un réseau d’éducation prioritaire (REP +) diffère quelque peu comparé à celui d’un collègue de centre-ville. Mme Martinet, professeure de français a connu les deux : « 29 élèves dans les beaux quartiers, c’est bien plus simple à vivre que 22 en banlieue ! »
Les profs expliquent : « Ici, il nous faut gérer les comportements, les attitudes, les conflits, les non-dits, les sentiments d’injustice… Sur un cours de cinquante minutes, ça peut prendre cinq à vingt minutes et parfois tout le cours ! Le temps indispensable pour l’installation, la concentration, la mise en train peut être long, surtout au retour des récréations... » Leur rôle est débordée par les missions liées avec l’équipe, les parents, l’administration, le médico-social, l’éducatif, le culturel, etc.
Tout ça demande beaucoup de temps parce que, disent-ils, « nous avons de l’ambition pour nos élèves, nous voulons faire notre métier le mieux possible pour chacun – ceux qui font du bruit, ceux qui sont brillants, attentifs et aussi pour ceux qui s’enferment dans un silence terrible. »
Ils ont finalement commencé les cours le mercredi 11 septembre, dix jours après tout le monde, après avoir obtenu des avancées sur le comptage des effectifs. Par ailleurs, le rectorat formalise « la mise en place d’un groupe de travail académique dédié à l’inclusion scolaire des élèves de Section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) et d’Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A). »
De notre correspondante locale,
Monique DESGOUTTES-ROUBY
Galère de logements pour Léa,
en alternance entre Lyon et Chavanod
Léa, 20 ans, et de longs cheveux blonds, est venue accompagnée de sa mère à Lyon, ce mercredi 11 septembre, pour se rendre au Salon du logement pour les jeunes de 18 à 30 ans. À deux, elles ont passé en revue les stands. Objectif : trouver un pied à terre d’ici le 1er octobre pour Léa qui va devenir Lyonnaise.
La jeune fille démarre une licence professionnelle logistique en alternance. « C’est un secteur en tension où il y a du travail. Je voudrais évoluer dans l’événementiel ou les structures commerciales. L’industrie me tente moins. » Coté logement, la contrainte est double puisque Léa vivra son apprentissage quinze jours par mois dans une entreprise de Haute-Savoie et quinze jours sur Lyon.
Système D
En Haute-Savoie, Léa logera sur Chavanod où l’attend son petit ami. À Lyon, c’est plus épineux… Et, les deux femmes se rendent compte que le marché immobilier est ultra-tendu. Et qu’une journée n’y suffira pas ! « Je cherche à Bron ou aux alentours, dans le 8e arrondissement de Lyon, Vénissieux ou Saint-Priest », explique Léa. « On n’a pas trouvé de biens à visiter sur le salon. C’est dommage. Quant au “café coloc”, il est prévu à 17 heures. C’est trop tard pour nous ! On sera reparties sur Evian », note la maman, qui ajoute, fataliste : « Peu importe que ce soit une colocation, un studio ou une chambre. On prendra ce que l’on trouvera ! » Si début octobre, Léa n’a pas trouvé de solution ce sera le système D dans un premier temps. « Léa ira chez les uns et les autres et puis on aura recours au site Airbnb pour quelques nuits et à l’hôtel si c’est nécessaire. » Pas l’idéal pour démarrer sa rentrée !
MCP

Dans le centre de Charbonnières,
les travaux ont pris du retard
Avenue fermée à la circulation, peu d’aménagements pour les piétons et très peu de places pour se garer : voilà ce qu’ont découvert les Charbonnois en rentrant de vacances la dernière semaine d’août.
Sauf que ça n’aurait pas dû se passer comme ça : prévus depuis longtemps, les travaux de rénovation des réseaux, l’élargissement et le pavage des trottoirs, ainsi que l’installation d’éclairage urbain rénové avaient un calendrier bien précis. Les principales nuisances devaient apparaître en juillet et août avec fermeture à la circulation par section, de 7 à 17 heures. Or fin août le chantier était encore total, l’avenue percée de nombreuses tranchées est évidemment fermée 24 heures sur 24.
Les commerçants déplorent une baisse de leur chiffre d’affaires de 20 à 50 %, à cause des difficultés d’accès, d’une absence de signalétique et de l’impossibilité de stationnement alors que 5 000 voitures pendulent quotidiennement par cet axe pour rejoindre certaines communes de l’Ouest lyonnais.

Gaëtan Vial, gérant de l’hôtel-restaurant Le Beaulieu. Photo Progrès/Coralie DESMARESCAUX
Gaëtan Vial, gérant de l’hôtel-restaurant Le Beaulieu. Photo Progrès/Coralie DESMARESCAUX
Le cahier des charges n’est absolument pas respecté et il n’y a pas de poches
de stationnement comme prévu
Gaëtan Vial est furieux : « Le cahier des charges n’est absolument pas respecté et il n’y a pas de poches de stationnement comme prévu. » Lorsqu’il est rentré de vacances le 24 août, Gaetan Vial, gérant de l’hôtel-restaurant Le Beaulieu a constaté que « rien n’avait quasiment bougé » depuis son départ le 27 juillet. C’est la première fois depuis 1962 que l’hôtel est resté fermé au mois d’août justement pour éviter ces désagréments… Philippe Collin propriétaire du tabac Le Vermont déplore une baisse de chiffres d’affaires de 30 %, quant à la boulangerie Le Chalet, restée ouverte, une chute de 50 % de ses ventes.
Une réouverture annoncée le 24 septembre
La mairie, par l’intermédiaire de Michel Rossi, adjoint à l’Urbanisme présent pendant toute la durée des travaux, « déplore la situation ». Il assure avoir suivi le chantier et pris contact à de nombreuses reprises avec la Métropole de Lyon, qui est en charge de la modernisation du centre-bourg. Cette dernière reconnaît tout de même un retard dans les travaux d'environ trois semaines, essentiellement dû à des aléas de chantiers en lien avec les réseaux (découverte de canalisations n’ont répertoriées). « Les commerçants pourraient être en droit d’être indemnisés s’ils apportent la preuve d’une réelle baisse de chiffre d’affaires. » Lors d'une réunion publique mi-septembre, le maire, Gérald Eymard, a également justifié le retard pris par le chantier par « quatre jours de canicule avec horaires restreints, deux jours de fortes pluies et une coactivité difficile avec des intervenants ». La réouverture de l’avenue est attendue le 24 septembre.
De notre correspondante locale,
Coralie DESMARESCAUX

Photo Progrès/Coralie DESMARESCAUX
Photo Progrès/Coralie DESMARESCAUX

Photo Progrès/Coralie DESMARESCAUX
Photo Progrès/Coralie DESMARESCAUX