Des piscines rares… et chères !

Tour d'horizon des piscines du Rhône

(c) Joël Philippon

(c) Joël Philippon

Avec les températures caniculaires de ces derniers jours, tout le monde ne pense qu’à une chose : se baigner. Dans le Rhône, les piscines publiques sont finalement rares, en particulier à Lyon. Elles coûtent cher aux collectivités. Pourtant, des solutions existent. Des particuliers se sont aussi mis à louer leur propre bassin. Tour d’horizon de ces piscines qui luttent pour rester ouvertes ou rivalisent d’ingéniosité pour diversifier leur offre et accueillir le plus possible de personnes, y compris l’été terminé.

Lyon manque de piscines. La ville en compte en tout et pour tout cinq intra muros ouvertes pendant l’été. Une pour 102 000 habitants en temps normal. Pourquoi un tel retard ? Explications.

Jeudi 27 juin, 14 h 30. 35 °C à l’ombre. Trois piscines de Lyon affichent déjà complet. À l’extérieur, devant l’entrée de Mermoz et de la Duchère, les files d’attente n’en finissent pas de s’allonger.

Soudain, aux portes du centre nautique Tony-Bertrand, brouhaha dans la queue : le bruit court que la piscine n’accepterait plus personne. La nouvelle passe mal parmi ceux qui attendent depuis presque deux heures. Scène ordinaire de vie lyonnaise caniculaire qui dit, encore plus qu’un autre jour, à quel point la ville est sous-dotée en bassin.

Et pour cause. Intra-muros, on compte en tout et pour tout cinq piscines ouvertes durant l’été.

Outre le centre nautique Tony-Bertrand, ex-piscine du Rhône (à 8 euros l’entrée, elle est la plus chère de France), celle de la Duchère et celle de Mermoz, il y a la piscine de Gerland (fermée jusqu’au 1er juillet) et la piscine de Vaise (fermée jusqu’à nouvel ordre pour travaux).

Et puis c’est tout… En temps normal, Lyon, avec une piscine pour 102 000 habitants, se situe ainsi en queue de peloton des grandes villes françaises en termes d’équipements aquatiques. Quand la moyenne des villes est autour de 60 habitants pour un mètre carré de bassin, il faut compter 200 habitants pour 1 mètre carré à Lyon. On comprend mieux la saturation et la pression

Selon un rapport de la Fédération française de natation, « la piscine est l’équipement sportif qui est tout à la fois le plus fréquenté et celui le plus souvent cité comme équipement demandé par la population. » Cela se vérifie à Lyon.

275 000 visites l’été dernier, + 17 %

Côté demande, l’été dernier, les cinq piscines avaient enregistré 275 000 visites. Un succès en augmentation constante (+17 % par rapport à 2017).

« Il manque deux piscines à Lyon »
Yann Cucherat, adjoint au maire en charge des Sports

Côté offre, c’est Yann Cucherat, adjoint au maire en charge des sports, qui, en septembre dernier, confiait dans nos colonnes, qu’il manquait deux piscines à Lyon. « Une à Gerland, et une autre dans les arrondissements à forte population, comme la Confluence, dans les 3e et 8e arrondissements. »

Des équipements qui coûtent cher, en investissement mais aussi en fonctionnement : l’activité “piscine” est en effet déficitaire pour la Ville, le prix du ticket ne permettant de financer, en moyenne, que 30 % du coût du fonctionnement.

Tatiana VAZQUEZ

La piscine de Mermoz. Photo DR

La piscine de Mermoz. Photo DR

La piscine de la Duchère. Photo Jean-Marc Collignon

La piscine de la Duchère. Photo Jean-Marc Collignon

La piscine de Gerland. Photo Maxime JEGAT

La piscine de Gerland. Photo Maxime JEGAT

La piscine de Vaise. Photo Pierre Augros

La piscine de Vaise. Photo Pierre Augros

(c) Pierre AUGROS

(c) Photo Maxime JEGAT

(c) Pierre AUGROS

(c) Photo Maxime JEGAT

Y aura-t-il un jour une nouvelle piscine à Gerland ?

C’est sans doute son dernier été. Quoi que… A en juger l’enveloppe de 300 000 euros pour la 2e phase de travaux sur diverses piscines 2019-2020 que devrait approuver le conseil municipal de Lyon ce lundi, et dont une large partie doit être affectée aux travaux complémentaires utiles à la maintenance en exploitation de la piscine de Gerland, on peut en tout cas se poser la question.

Une chose est sûre : c’est que si ce bassin venait à fermer à la fin de l’été 2019, il n’y aurait rien d’autre dans le quartier pour la remplacer. Ce n’est pas faute d’avoir anticipé ce dossier mais il faut croire que dans ce genre de tractations (il faudrait 10 millions d’euros pour rénover la piscine de Gerland), le temps nécessaire à la réalisation est toujours long.

C’était en juin 2016, le maire de Lyon, Gérard Collomb, affichait sa volonté de fermer cette piscine. Mais face à la levée de boucliers qu’une telle décision provoquait, il avait fait volte-face : la piscine resterait ouverte le temps qu’une autre soit construite. Au plus tard, prédisait-il, à l’été 2019.

Depuis, le LOU a posé ses valises au stade de Gerland via un bail de 60 ans, la piscine et les abords faisaient partie du package. Loyer : 300 000 euros par an. Le LOU s’engageait en contrepartie à injecter 66 millions d’euros de travaux. Cette piscine pourrait-elle en bénéficier ? C’est possible. Alors qu’en surface, on n’est guère plus avancé sur le projet, le calendrier, la localisation ou encore le mode de financement de ce potentiel équipement nautique à Gerland, des négociations sont en cours entre la Ville de Lyon, représentée par Gérard Collomb, et GL Events, représenté par Olivier Ginon, pour rénover la piscine existante et compléter l’offre par un bassin intérieur pour les scolaires.

Cours-la-Ville : les nageurs de la piscine tournesol plongés dans l’inquiétude

Les usagers de la piscine de Cours ont reçu une vraie douche froide. Le 4 mars, l’enceinte a été fermée pour des raisons de sécurité, après avoir fait 40 000 entrées en 2018.

En charge de sa gestion, la communauté d’agglomération de l’Ouest rhodanien (COR) a mis en avant le principe de précaution en raison « d’un risque d’effondrement de la structure ».

(c) Yoann TERRASSE

(c) Yoann TERRASSE

D’importants problèmes de corrosion sur la coupole de cette piscine tournesol avaient été relevés lors d’un contrôle, provoquant sa fermeture immédiate pour une durée indéterminée.

L’annonce a très vite déclenché une vague d’inquiétude chez les usagers, qui ont créé le collectif “Mouvement pour la sauvegarde de notre piscine tournesol”.

Une pétition en ligne a rassemblé plus de 2000 signataires, avec une crainte remontant sans cesse à la surface : l’éventuelle fermeture définitive du site. « La piscine la plus proche est à Tarare, à 45 minutes de route. C’est trop loin ! », rappelle Julie Grau, à l’origine de ce mouvement.

« C’est tellement pratique d’avoir un bassin près de chez soi »
Un membre du collectif

« On est très attachés à notre piscine : la plupart des habitants ont appris à nager ici. C’est tellement pratique d’avoir un bassin à côté de chez soi », ajoute un membre du collectif.

Pour les nageurs, la fermeture de la piscine a créé des remous dans leur vie quotidienne. « Cet été, on pourra se rendre dans les piscines d’Amplepuis ou Cublize. Mais en septembre, le problème se posera à nouveau… », souligne cette habituée.

Depuis sa création, le collectif tente de maintenir un lien permanent avec la COR. « On essaye d’obtenir des informations sur l’avancée des travaux et on les communique aux membres du collectif », explique Julie Grau.

À plusieurs reprises, le président de la COR, Michel Mercier, a rappelé qu’une fermeture de cette piscine n’était pas à l’ordre du jour. Mais le coût d’un tel chantier reste impossible à chiffrer précisément. Une somme de 800 000 euros a déjà été inscrite au budget de la COR, qui a demandé des aides à la Région et à l’Etat.

Les travaux ont débuté et promettent de durer. Pour étayer cette piscine tournesol, créée en 1976 et dont le nom fait référence à son architecture, une entreprise fabrique actuellement une structure métallique sur mesure. L’étaiement devrait être achevé fin juillet. Après cette sécurisation indispensable, la phase de diagnostic structurel pourra alors débuter, selon la COR. Sous le regard très attentif du collectif, qui reste sur ses gardes et maintient la pression.

Yoann TERRASSE

(c) Yoann TERRASSE

(c) Yoann TERRASSE

Photo DR

Photo DR

A show poster of Kellar and 3 red devils

(c) Yoann TERRASSE

(c) Yoann TERRASSE

Le centre nautique intercommunal de l'Est lyonnais renaît de ses cendres

(c) Photo Carlos SOTO

(c) Photo Carlos SOTO

Après bien des remous, le Centre nautique intercommunal (CNI) a repris du poil de la bête, et affiche complet ces derniers jours de canicule. Ouvert en 1971, le Centre nautique intercommunal est géré par un syndicat intercommunal regroupant Saint-Fons, Vénissieux et Lyon.

Dans les années 1980-1990, le CNI constituait l’une des plus grosses piscines de l’agglomération, et comptabilisait entre 400 000 à 450 000 entrées par an. Mais, en novembre 2010, un incendie criminel l’a ravagé, et a quelque peu coupé son bel élan.

(c) Hervé PUPIER

(c) Hervé PUPIER

« Le temps de la rénovation, les habitudes des usagers particuliers, clubs ou scolaires ont changé. Ils n’avaient pas d’autres choix que de se diriger vers d’autres structures. Et même à la réouverture, ils ne sont pas automatiquement revenus. Nous avions du mal à dépasser les 250 000 entrées en 2016 par exemple », souligne Andrée Loscos, présidente du conseil syndical, gestionnaire du CNI.

Mais depuis deux ans, les affaires semblent avoir repris. Entre le 15 juin et le 31 juillet 2018, 33 762 entrées étaient comptabilisées. « Les créneaux horaires pour les scolaires (primaires et collèges) ont été élargis, les animations sont plus nombreuses et les tarifs restent vraiment attractifs. Ces derniers jours par exemple, puisque les autres établissements ne sont pas encore ouverts, nous sommes sur un seuil de 1 700 entrées journalières », précise la présidente.

Si le budget de fonctionnement 2018/2019 ne nous a pas été indiqué, il s’estimait à 2,8 millions d’euros en 2016, 85 500 € de recettes d’exploitation et une participation des communes de 1,8 M€ (810 000 € pour Vénissieux, 630 000 € pour Lyon, 360 000 € pour Saint-Fons).

« Les dotations des villes n’ont pas augmenté depuis. Le financement est toujours réparti à 45 % pour Vénissieux, 35 % pour Lyon et 20 % pour Saint-Fons ».

Christelle LALANNE

En 2016, avant les travaux. (c) Photo Marion GERGELY

En 2014. (c) Photo DR

Décembre 2018. (c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

Décembre 2018. (c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

A la réouverture, en juin 2019. (c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

(c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

En 2016, avant les travaux. (c) Photo Marion GERGELY

En 2014. (c) Photo DR

Décembre 2018. (c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

Décembre 2018. (c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

A la réouverture, en juin 2019. (c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

(c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

Villefranche-sur-Saône : comment le Nautile s’est réinventé

Dans le nord du département, l’agglomération Villefranche Beaujolais Saône possède sur son territoire, à Villefranche-sur-Saône, un centre nautique. Le Nautile, construit en 1996, nécessitait après 20 ans d’existence un rafraîchissement, une remise aux normes, mais également un réajustement des équipements et des activités.

Se posait alors la question de choisir entre une réhabilitation ou une nouvelle construction. Son emplacement, sa bonne fréquentation et son relatif bon état général ont poussé les élus communautaires à choisir la rénovation plutôt que la création, qui aurait demandé un investissement plus conséquent.

Le coût des travaux a été de 7,2 millions d’euros TTC. L’opération a été soutenue par la Région Auvergne Rhône-Alpes, dans le cadre du contrat “Ambition Région”, pour un montant de 725 000 € et par l’État (Dotation d’équipement des territoires ruraux) pour un montant de 118 750 €.

Le chantier a été impressionnant par sa taille et les techniques diverses déployées. Les délais devaient être serrés au maximum pour ne pas pénaliser les usagers trop longtemps (800 abonnés en 2018). Le chantier qui aurait nécessité normalement douze mois de travaux a été bouclé en 8, avec 42 entreprises dont une majorité de la région ou même locales. Du bassin en inox aux salles de remise en forme avec des équipements dernier cri, des vestiaires au système de chauffage plus performant, du système de traitement des eaux modernisé à la reprise complète des zones extérieures, tout a été pensé pour transformer ce centre aquatique “classique” en un parc aquatique plus attractif capable d’attirer une population de tous les âges.

(c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

(c) Photo Anne CORDON-FABREGUE

Bassin sportif ou ludique avec 50 % d’activités aquatiques en plus, pataugeoire, jeux d’eau extérieurs, snack, cet espace est aussi bien dédié aux plaisirs aquatiques qu’à la forme et au bien-être. Une mention spéciale pour l’espace bien-être qui cumule jacuzzi extérieur, sauna intérieur et extérieur, sauna grotte de sel, fontaine à glace, hammam, douches sensorielles, terrasse extérieure de détente pour une parenthèse de quiétude.

De nombreux services ont été ajoutés à ce centre nautique nouvelle génération : cabines plus spacieuses, espace boutique, espace lounge… Malgré toutes ces améliorations, les tarifs ont très peu augmenté.

De notre correspondante locale,
Anne CORDON-FABREGUE

Swimmy, l'Airbnb des piscines, trouve sa place dans le Rhône

Swimmy (c) Photo DR

Swimmy (c) Photo DR

Depuis quelques jours, le mercure explose et l’envie de se rafraîchir aux abords d’une piscine se fait sentir pour les Lyonnais. Pour faire une brasse tranquillement, de plus en plus d’entre eux cherchent des locations de piscines privées, proposées par des particuliers.

Dans le domaine de la location de piscines, “Swimmy”, aux plus de 22 000 utilisateurs à travers la France, est sans rival. Cet “Airbnb” de la piscine propose depuis 2017 de mettre en relation des hôtes disposant d’une piscine et des clients souhaitant profiter d’une baignade.

Une idée née aux Chères

L’idée du site est née aux Chères, dans le nord du département du Rhône, entre Lyon et Villefranche-sur-Saône. C’est lors d’un week-end entre amis que la créatrice parisienne de “Swimmy”, Raphaëlle de Monteynard, a eu le déclic : « On était autour d’une piscine avec une amie, il faisait très très chaud et on s’est dit que ça serait génial qu’il existe une plateforme qui référence les piscines vides pour que les propriétaires puissent les rentabiliser et surtout pour que les personnes qui n’en ont pas, puissent profiter de ce moment si sympa dont on se souvient souvent », raconte la jeune femme.

L’Ouest lyonnais présente encore une offre timide avec une petite dizaine de piscines. En vous rendant sur le site, vous constaterez vite que chaque propriétaire offre une multitude de services différents : transats, barbecue, restauration, douches mais aussi balançoire, cages de foot, trampoline ou encore terrain de boules, tout est possible.

Mais les hôtes imposent aussi leur propre règlement. Parmi les éléments soumis à autorisation on peut trouver : l’utilisation par des enfants, l’accès aux toilettes, le type de vêtements toléré, la possibilité de faire la fête (pour un anniversaire, un enterrement de vie de jeune fille etc.)… Attention, certains propriétaires le spécifient, en dessous d’un nombre précis de locataires, des hôtes se réservent le droit d’accepter d’autres occupants en même temps que vous ! Pour éviter de mauvaises surprises, il vaut donc mieux vérifier les modalités de location avec le loueur avant de s’engager.

Le prix est lui aussi variable : comptez pour la demi-journée de 20 à 25 € à la ville comme à Lyon ou Paris contre 15 € en moyenne à la campagne. Bon à savoir : les enfants de moins de 12 ans ont droit à un demi-tarif et ceux de moins de 3 ans à un accès gratuit.

De notre correspondante locale,
Elodie JOLY

Ils louent leur piscine à Dardilly :

« On a du monde tous les jours depuis la mi-mai »

Chantal et Mifetah, propriétaires d’une piscine à Dardilly, sont inscrits sur Swimmy depuis un an. Ils expliquent leur fonctionnement : « Chez nous à partir de 4 personnes, la piscine est privatisée. En dessous, on se réserve le droit de mettre jusqu’à 10 personnes. On a jamais eu de problème parce qu’on a un règlement qu’on donne aux gens quand ils arrivent et ils le respectent, ils comprennent qu’on ne jette pas les mégots, on ne se pousse pas dans la piscine etc. » Le couple profite d’un taux de remplissage plutôt satisfaisant puisqu’ils ont « du monde tous les jours depuis la mi-mai ».