Produire une énergie locale verte et vertueuse:
ils l'ont fait !

Une commune 100 % énergie renouvelable. Le défi a été relevé ! Tramayes, en Saône-et-Loire, est devenue, en 2018, la première ville française de plus de 1000 habitants, dont les bâtiments communaux s’approvisionnent en électricité 100% renouvelable.

L’initiative n’est pas encore arrivée dans le Rhône, mais elle traduit une prise de conscience générale. De plus en plus, de nouveaux systèmes émergent pour produire une énergie plus propre, avec des bienfaits autant économiques qu’environnementaux pour les communes.

Tour d’horizon dans le département, entre ciel et terre.

Première mondiale à Caluire :
une ferme hydrolienne sur le Rhône

Rentable et durable. Tels sont les maîtres mots du parc d’hydroliennes fluviales, installé en décembre, sur le Rhône, à hauteur du parc Saint-Clair, à Caluire, en amont du pont Raymond-Poincaré.

Mises en place sur le fleuve où le courant du Rhône est le plus fort, par HydroQuest-Hydrowatt, deux sociétés spécialisées dans l’hydroélectricité et implantées dans la région, ces quatre machines utilisent la vitesse du courant qui, en faisant tourner des pales, entraînent un arbre de rotation relié à une machine produisant du courant électrique. Elles devraient assurer, en une année, la fourniture en électricité d’environ 400 foyers (hors chauffage), sans générer la moindre pollution.

Raccordées par Enedis au réseau local d’électricité, elles vont ainsi produire un Gigawatt-heure d’électricité par an, soit l’équivalent de la consommation énergétique de 400 foyers et 300 tonnes de CO2 évitées par an. Avec 320 kW de puissance installée, ce parc, qui permet de produire de l’électricité propre, régulière et économique, représente une première mondiale dans le domaine du fluvial.

La structure en acier, dont la durée de fonctionnement est prévue pour 25 ans, n’a pas nécessité de travaux de génie civil, n’est pas polluante, ne génère pas de déchets durant sa phase d’exploitation, ne devrait pas nuire à la faune et est totalement recyclable en fin de vie. Si les résultats de ce projet piloté par VNF (Voie navigable de France) se montrent à la hauteur de l’investissement (1,5 million d’euros environ), d’autres installations pourraient être envisagées à plus ou moins long terme, notamment dans l’Ain, toujours sur le Rhône.

À Thizy les Bourgs, les entreprises consommeront du biogaz dès 2021

Sélectionnée comme territoire à énergie positive, la Communauté d’agglomération de l’Ouest rhodanien (COR) développe la production d’énergies renouvelables issues des ressources naturelles.

L’objectif affiché est d’atteindre l’indépendance énergétique en 2050. Alors que les premiers kilowattheures issus des panneaux photovoltaïques sont revendus à EDF depuis février, l’intercommunalité se tourne vers l’installation d’une unité de méthanisation.

La méthode consiste à produire de la chaleur ou de l’électricité à partir de biogaz issu de déchets organiques. L’usine, de taille moyenne, sera implantée à Thizy les Bourgs, en limite d’une zone d’activités. Le permis de construire pourrait être déposé en préfecture avant fin 2019.

La mise en service est espérée, au plus tôt, pour fin 2020. Les estimations tablent sur une production comprise entre 85 et 100 m³ de gaz par heure.

Cette énergie sera principalement consommée par les entreprises alentour. Pour le surplus de production, les pouvoirs publics garantissent un tarif de rachat fixe sur quinze ans. Le digestat, fruit de la décomposition incomplète de la matière, sera utilisé par les agriculteurs, en épandage.
Rien ne se perd…

| Un investissement d’environ 5 millions d’euros

Deux chaînes de méthanisation séparées sont prévues. Selon les prévisions, la première pourra transformer 13 000 tonnes de matières agricoles par an. La seconde « avalera » 8 000 tonnes de graisses, de déchets verts et de boues de stations d’épuration. Le méthaniseur suivra le rythme de l’activité locale.

« L’opération sera rentable. Mais notre première motivation, c’est de valoriser les déchets. Ce procédé est très vertueux. »
Jean-Pierre Goudard, vice-président de la COR, chargé du développement durable

L’unité devrait nécessiter un investissement d’environ 5 millions d’euros, financé en partie par des subventions. Une société par actions simplifiées (SAS) pilotera le projet. La COR ne sera donc que minoritaire dans le capital. Des partenaires privés sont actuellement sollicités.

Fabrice DUFAUD

Photo Mathilde Delacroix

Photo Mathilde Delacroix

Photo Mathilde Delacroix

Photo Mathilde Delacroix

Photo Claude Essertel

Photo Claude Essertel

« L’énergie renouvelable représente 31 % de l’énergie produite
dans la région »

Didier Chateau est le directeur d’Auvergne-Rhône-Alpes Énergie Environnement.

Comment évolue la part des énergies vertes dans la région ?

« Sur l’énergie produite dans la région, l’énergie renouvelable représente 31 %. Cette production augmente régulièrement. Entre 2010 et 2015, c’est 8 % de plus. Par rapport à l’énergie consommée, la part du renouvelable est de l’ordre de 20 %. »

Comment se situe notre région ?

« Historiquement, la région a une particularité. L’énergie – plus précisément les barrages hydroélectriques – est intimement liée au développement économique. La priorité est donc très forte, pas seulement par souci de l’environnement, mais aussi parce que c’est important pour l’économie. Ici, la production d’électricité est nettement plus importante que ce qui est produit, en moyenne, par les territoires. »

« Aujourd’hui, l’argument environnemental
ne suffit pas toujours »
Didier Chateau, directeur d’Auvergne-Rhône-Alpes Énergie Environnement.

Qu’est-ce qui progresse ?

« Dans la production électrique, les barrages comptent pour 90 %. Pour le reste, on remarque surtout que, récemment, la méthanisation se développe et va continuer à se développer. C’est un moyen de valoriser les déchets. »

Qu’est-ce qui va jouer dans l’implication d’un territoire ?

« Dans le plan énergie-climat, il y a un niveau obligatoire au-delà de 20 000 habitants. Après, certaines collectivités sont plus impliquées que d’autres. Cela dépend essentiellement d’une volonté politique. Évidemment, les territoires les plus urbains sont mieux outillés en termes d’expertise technique, d’ingénierie mais les autres peuvent être aidés par la Région. Aujourd’hui, on sait aussi que l’argument environnemental ne suffit pas toujours. Les élus ont besoin qu’on leur démontre que leur engagement constitue aussi un levier pour créer des emplois, renforcer l’attractivité de leur territoire. »

Recueilli par Muriel FLORIN

La première centrale villageoise photovoltaïque française est née
aux  Haies

Depuis plusieurs années, les habitants du village Les Haies participent à une expérimentation sur la consommation d’énergie, avec la mise en place d’un réseau électrique intelligent autour de cette centrale villageoise photovoltaïque.
Une première en milieu rural.

Tout a commencé en juillet 2013, avec neuf actionnaires fondateurs. La Société par actions simplifiées (SAS), présidée par Hervé Cuilleron, est pilotée par un conseil de gestion de huit personnes. Les statuts de la société prévoient une gouvernance de type coopératif. Les actions, dont la valeur nominale est de 50 €, sont bloquées sur cinq ans dans le capital de la société (sauf libération pour motif exceptionnel).

Ce projet photovoltaïque concerne huit bâtiments de la commune des Haies : quatre publics et quatre privés. Au total, ces bâtiments représentent une surface de 523 m² de toiture, pour une puissance de 76 kWc, ce qui produit annuellement l’équivalent de la consommation électrique d’une trentaine de foyers (hors chauffage et eau chaude électriques).

| Intégrer les citoyens et les entreprises locales

Bien évidemment, l’objectif est de produire des énergies renouvelables sur le territoire de la région de Condrieu grâce à une société locale qui intègre citoyens et entreprises locales dans son actionnariat.

Le projet photovoltaïque des Haies a été financé avec 47 500 € de fonds propres citoyens, 15 000 € de comptes courants d’associés et 130 000 € d’emprunt. La communauté de communes de la Région de Condrieu et la commune des Haies sont garantes d’une partie du prêt (50 000 € en tout).

Dès sa mise en service, en août 2014, de nombreuses collectivités, dont la Communauté de communes du pays mornantais (Copamo) se sont intéressées à cette réalisation. Aussi, des délégations de pays étrangers comme le Maroc, l’Éthiopie et le Burkina-Faso, en 2017, ont déjà visité la centrale.

Le projet Smart grids parcs naturels (Smap) est venu se greffer pour inciter les habitants à consommer différemment lorsque le soleil fournit l’énergie. Une borne de recharge est installée au centre du village, pouvant alimenter le véhicule électrique du cantonnier. L’aventure continue.

Énergies renouvelables :
du biométhane dans le réseau de gaz
de ville de la Métropole

En février, s’est déroulée la première injection de biométhane dans le réseau de gaz de la Métropole de Lyon.

Aqualyon, la station d’épuration de la Feyssine, est en effet productrice de biogaz depuis le début de l’année. Le projet, lui, avait été lancé en 2014, une fois la réglementation l’autorisant. Une première étude de faisabilité avait été conduite par Suez. En bout de chaîne, les techniciens de Grdf ont procédé aux tests indispensables de vérification de la qualité de ce gaz vert produit à partir de la méthanisation des boues issues des eaux usées.

| L’équivalent de 520 logements chauffés au gaz

Concrètement, cette production d’énergie renouvelable sur la métropole de Lyon, est estimée 6,2 GWh/an, ce qui correspond à 520 logements chauffés au gaz ou à la consommation annuelle de 28 bus urbains roulant au gaz naturel.

La collectivité devient, ainsi, productrice d’énergie verte. La vente de ce biogaz à Grdf permettra un retour sur investissement dans sept ans. Sur une durée de quinze ans, les recettes attendues s’élèvent à 2,6 millions d’euros.

« La méthanisation et la production de biogaz sont une des filières prometteuses pour atteindre nos objectifs de 17  % d’énergies renouvelables et de baisse de 40 % des émissions de CO2 à l’horizon 2030 », commente David Kimelfeld, président de la Métropole.

Le biométhane doit, également, permettre à la collectivité de réduire sa dépendance aux produits pétroliers en alimentant de nouvelles stations d’approvisionnement en GNV (gaz naturel pour véhicule), en particulier pour les utilitaires légers.

Rappelons que la station d’épuration de la Feyssine, mise en service en 2011, traite 90 000 m3 d’eau par jour, soit l’équivalent de 25 piscines olympiques.

D. M.

L’Est lyonnais précurseur avec la mise
en service de la centrale hydroélectrique de Cusset en 1899

La première des énergies renouvelables, c’est l’hydroélectricité. L’Est lyonnais a été précurseur en la matière, avec la centrale de Cusset, mise en service en 1899, soit il y a 120 ans.

Encore aujourd’hui, elle permet d’assurer la consommation électrique annuelle de 125 000 habitants, soit 23 % de la population de l’Est lyonnais, qui se monte à 550 000 ou 83 % de la population de Villeurbanne, qui se monte à 150 000 habitants.
La centrale fait partie d’un aménagement complet qui, en amont, se distingue avec le barrage de Jons, construit en 1937. Mais le premier ouvrage de cette réalisation, c’est le canal de Jonage.

Le premier coup de pelle a été donné en 1894. 3 000 ouvriers ont creusé pour créer un nouveau bras du Rhône sur 19 km, en remplacement du canal de Miribel, daté de la première moitié du XIXe siècle.

Le but de ce canal était d’assécher la plaine de Miribel et Vaulx-en-Velin, et maîtriser les crues du Rhône. La centrale, large de 166 mètres, devait, elle, grâce à la force de l’eau passant dans quinze turbines, assurer le développement industriel de l’Est agricole de l’agglomération. Cela attira des usines importantes, comme Fibre et Mica, à Villeurbanne, en 1922, ou l’usine textile Soie artificielle du Sud-Est (Sase), à Vaulx-en-Velin, en 1924.

L’usine hydroélectrique de Cusset était alors la plus puissante au monde, jusqu’à ce que le barrage de Génissiat soit construit, en 1937. Elle avait même doublé les capacités de production d’électricité qui existaient alors en France.

Elle a d’abord été exploitée par la société lyonnaise des forces motrices du Rhône, avant de passer dans le giron d’EDF en 1946.

Christophe GALLET

Où sont les éoliennes?

Dans le Rhône, aucun parc éolien n’a encore vu le jour, mais deux projets sont à l’étude : au Champ Bayon, dans le Haut-Beaujolais et à Valsonne, dans le secteur de Tarare. Pour le premier, le feu vert avait été donné par la préfecture, mais le projet semble à l’arrêt après un recours d’une association devant le tribunal administratif de Lyon. Le parc de la Valsonne devrait, lui, être mis en service fin 2019, début 2020.

À suivre…