Se déplacer autrement,

c’est leur moteur

(c) Philippe JUSTE

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Par choix personnel, convictions écologiques ou simplement par obligation, beaucoup de Rhodaniens laissent leur voiture au garage pour privilégier d’autres modes de transport, parfois plus doux. En pleine semaine européenne de la mobilité, voici quelques exemples de citoyens qui ont choisi de se déplacer autrement.

Avec le monoroue, les embouteillages, c’est fini

Certains Lyonnais, lassés des bouchons, choisissent de se déplacer en monoroue ! Il vous est peut-être déjà arrivé de croiser ces wheelers (rouleurs) à l’allure futuriste et peu commune au coin d’une rue ou d’une route. Pour Christophe Morio, wheeler depuis deux ans, le monoroue est avant tout affaire de stratégie et de sécurité : « Je mets de la musique sur les haut-parleurs du monoroue, cela permet de prévenir les passants de mon arrivée. »

(c) Photo DR

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Les passants se retournent sur son passage

Le mélomane aime la liberté qu’apporte l’engin, mais n’en reste pas moins prudent : casque, gants et autres protèges genoux sont l’apanage du jeune homme. Une tenue et un moyen de transport qui n’est pas sans attirer les regards des citadins qui le croisent : « Souvent, les passants se retournent sur nous en nous prenant pour des extraterrestres », confie-t-il.

Pour lui, la difficulté à maîtriser l’engin limite son nombre d’utilisateurs. Il fait ainsi partie d’une petite communauté qui « se rencontre autour d’une même passion ».

David Perrin, autre utilisateur de monoroue, vient de loin pour travailler : il habite à Vienne, dans le Nord-Isère, et utilise sa roue une fois à Lyon pour effectuer ses trajets de Gerland à Perrache ou Part-Dieu. Il effectue ainsi 20 km en monoroue par jour !

«Ce n’est pas un moyen de transport facile à maîtriser»
David Perrin, monowheeler

(c) Elodie JOLY

(c) Elodie JOLY

En dehors de ces trajets quotidiens, le wheeler (rouleur) organise régulièrement des sorties thématiques : « Pendant les illuminations, nous sortons avec plein de lumières ou à Halloween, nous nous baladons déguisés en roue. On essaie de promouvoir le monoroue dans le respect des piétons, des vélos et des voitures », raconte le Viennois.

Pour lui, tout est une question de capacité d’adaptation : « On est assez peu à le pratiquer car ce n’est pas forcément un moyen de transport facile à maîtriser. Personnellement, la cohabitation avec les voitures ne me gêne pas, car je gère mes trajectoires. J’adapte ma vitesse en fonction des itinéraires empruntés : je me limite à 6 km/h quand je suis obligé d’emprunter les trottoirs et à moins de 25 km/h quand je suis sur les pistes cyclables pour ne pas gêner ou mettre en danger les vélos. »

Il a aussi appris à anticiper : «Je charge ma roue avant de partir, ce qui me permet de ne pas avoir besoin d’une grande logistique pour rouler», termine le jeune homme.

(c) Philippe JUSTE

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(c) Maxime JEGAT

(c) Maxime JEGAT

La trottinette, « c’est quand même plus gai que les TCL ! »

Chaque matin, à 8 h 20, Lily quitte son appartement de la rue Pasteur, dans le 7e arrondissement de Lyon. Cette responsable d’un magasin de vêtements rejoint désormais tous les jours son lieu de travail du quartier de La Confluence en trottinette électrique en libre-service.
« Les travaux m’avaient fait perdre tout espoir d’arriver à l’heure »
Si la trentenaire utilisait auparavant le tramway, les travaux de l’été l’ont contrainte à ce nouveau moyen de locomotion. « Les travaux colossaux du T1 et du cours Charlemagne m’avaient fait perdre tout espoir d’arriver à l’heure », explique-t-elle.

Après avoir passé le quai Claude-Bernard, Lily emprunte les berges du Rhône jusqu’au centre commercial Confluence, non sans avoir essuyé quelques coups de klaxon. Elle relativise : « C’est parfois dur pour les automobilistes de partager leur espace avec d’autres véhicules. Ceci dit, il faut reconnaître que sur une trottinette électrique, certains négligent un peu la sécurité. » L’été a, en effet, été marqué par plusieurs accidents dans la métropole.

(c) Elena JEUDY-BALLINI

(c) Elena JEUDY-BALLINI

Un budget conséquent : 54 € par semaine

Après quelques mois d’utilisation, Lily fait ses comptes : « Finalement, je m’en sors plutôt bien. Mon trajet est agréable et j’évite les rames bondées aux heures de pointe ! Même avec la remise en service du tram, je pense conserver cette habitude. C’est un mode de transport simple, pratique et écolo. Et puis, c’est quand même plus gai que les TCL ! »

Néanmoins, la trottinette électrique en libre-service a un coût, et pas des moindres. D’autant que, depuis le mois de juin, la compagnie de location Lime (qu’elle utilise exclusivement) a augmenté ses tarifs de plus de 45 % à Lyon, en passant de 0,15 centime à 0,22 centime la minute. Si l’on ajoute 1 € de déverrouillage, Lily paye ainsi 5,40 €par trajet de 20 minutes, soit 54 € par semaine ! « Pour les mois à venir, il sera clairement plus rentable d’acheter ma propre trottinette », observe-t-elle. Une décision qui fait de plus en plus d’adeptes à Lyon.

De notre correspondante locale, Elena JEUDY-BALLINI

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(c) Yoann TERRASSE

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Tarare-Villefranche : seulement 32 km,
mais une vraie galère sans voiture

Sur le papier, les deux villes sont proches, avec seulement 32 km au compteur. Mais sans voiture, la situation peut très vite se compliquer. « Tarare et Villefranche sont, en réalité, assez éloignées, estime Michel Mercier, le président de la Communauté de l’Ouest rhodanien. Avec l’A89, Tarare est plus près de Lyon que de Villefranche. » Même constat pour le député, Patrice Verchère : « Tarare est davantage orientée vers la Métropole. »

Pas de trains, au moins 50 minutes de bus…

Des trajets en bus qui durent a minima 50 minutes, pas de train à moins de faire un crochet par Lyon : pour se déplacer autrement qu’en voiture, c’est la galère. Cette maman de Tarare, dont le fils de 12 ans a été approché par un club sportif de haut niveau à Villefranche, en a fait l’amère expérience. Pour qu’il puisse aller s’entraîner deux fois par semaine, de 18 h 30 à 20 heures, sans que ses parents ne l’accompagnent, elle a étudié toutes les possibilités.

En bus, les cars du Rhône, gérés par le Sytral, proposent une ligne régulière avec l’avantage d’un trajet à 2,10 euros. « Sauf  qu’à cette heure-ci, la durée est de 1 h 10 (contre 35 minutes en voiture) et il arriverait après son entraînement. En plus, il n’y a rien de direct », regrette-t-elle. Pour justifier les arrêts nombreux dans les communes situées entre Tarare et Villefranche, le Sytral met en avant « l’absence de demande de création de ligne directe ».

L’option ferroviaire impose, elle, de faire un premier trajet Tarare-Lyon, puis de changer de train. « Si mon fils part à 16 h 48  de Tarare, il arrivera à 18 h 11 à Villefranche. En revanche, il ne sera pas de retour avant 21 h 50 à Tarare ! Et il faut compter 32 € de trajet », soupire la maman, qui a étudié les sites de covoiturage. Sans succès.

1 000 euros par mois en taxi !

« En taxi, un devis fait état de 135 euros pour l’aller-retour, en comptant l’immobilisation d’1 h 30 sur place. Soit 1 000 euros pour un mois ! »

Si l’on habite à Tarare, mieux vaut donc opter pour des structures existantes à Roanne ou Lyon. Deux villes plus éloignées géographiquement que Villefranche, mais beaucoup mieux desservies.

Et relancer la ligne ferroviaire ?

Au début du XXe siècle, les 44 km de la ligne de chemin de fer du Beaujolais reliaient Villefranche et Tarare. L’axe a finalement disparu en 1934. Depuis, aucune relance de cette ligne n’a été évoquée. « Nous n’avons pas connaissance de projet de valorisation des emprises de la voie. La ligne n’a jamais appartenu à la SNCF, mais aux chemins de fer du Beaujolais, qui en avait récupéré la gestion du Département du Rhône », précise SNCF Réseau.

Selon le Département, la ligne avait été fermée, à l’époque, face à la concurrence de la voiture et de l’autocar. « Depuis, la propriété foncière a été morcelée au gré des projets d’aménagements locaux. Il n’y a jamais eu de projet de réactivation de la ligne en mode ferroviaire et le foncier est trop dégradé pour l’imaginer », remarque-t-on au Département.

Yoann TERRASSE

Claire Meygret, jamais sans sa bicyclette

Claire Meygret, qui vit à Saint-Germain-Nuelles, se déplace principalement à vélo depuis les années 1980. Cette ancienne analyste-programmeuse née en 1956 a d’abord utilisé une mobylette au début de sa carrière, à Villeurbanne. Mais elle est ensuite rapidement passée au vélo, pour ne plus le quitter depuis.

Sportive dans l’âme, elle pratique le vélo sur route, le ski de fond, la course à pied. Aller de Villeurbanne à Dardilly pour son travail ne lui faisait pas peur. Pour elle, le vélo n’a que des avantages. En plus, elle évite les problèmes de parking, même si elle reconnaît avoir, plusieurs fois, vu son vélo disparaître ou être retrouvé sans roue. « Le vélo permet aussi de gagner du temps quand il y a des bouchons, explique-t-elle. Et on peut le mettre dans le train si besoin. »

Parmi ses trois enfants, elle a transmis le virus à sa fille qui, même si elle vit en montagne, ne jure aussi que par le vélo. Saint-Germinoise depuis les années 1980, elle n’a pas quitté ce moyen de locomotion. Même la montée ardue de la commune ne l’effraie pas.

Prochaine étape : visiter les châteaux de la Loire à vélo depuis Saint-Germain-Nuelles

Adjointe au maire, Claire Meygret participe régulièrement aux réunions de la Communauté de communes Pays de L’Arbresle, chante à la chorale des Cigales de L’Arbresle et c’est à chaque fois à vélo qu’elle se rend sur place. Quand il fait froid, elle se couvre et quand il pleut, elle va à pied à ses rendez-vous. Régulièrement, elle prend part à des sorties, soit à VTT, entre 15 à 20 kilomètres, soit à vélo de route, entre 40 et 50 kilomètres. Bientôt, elle partira avec son compagnon, Alain Fossier, pour un périple de dix jours vers Vichy, à Saint-Pourçain-sur-Sioul (Allier), avec tout le nécessaire de camping dans les sacoches et sur les porte-bagages des vélos.

Un autre projet lui trotte dans la tête pour 2020 : visiter les châteaux de la Loire, le tout à vélo et depuis Saint-Germain-Nuelles. Finalement, elle n’a qu’un seul regret, le manque de pistes cyclables dans la région. Même si elle ne circule pas pendant les heures de pointe, elle apprécie quand elle peut les emprunter en toute quiétude.

De notre correspondant, Bertrand GANDON

(c) Bertrand GANDON

(c) Bertrand GANDON

(c) Bertrand GANDON

(c) Alexis TAYEB

(c) Alexis TAYEB

« Je loue ma voiture pour rendre service »

Cela fera bientôt deux ans que Pierre (prénom d’emprunt) partage ses deux véhicules, une Citroën C1 et une Nissan Pixo. Ingénieur, ce Brondillant utilisait sa voiture de fonction et laissait son véhicule principal au repos, sur une place de parking. « J’ai entendu à la radio qu’il existait un service de location de voitures entre particuliers. J’ai donc essayé Drivy puis Ouicar et le premier client est arrivé dès la première semaine. »

« On ne peut pas remplacer les professionnels de la location, mais on complète l’offre »
Pierre, prénom d'emprunt, loue sa voiture à des particuliers

L’inquiétude était bien présente la première fois, mais elle a rapidement disparu pour plusieurs raisons. « Je filtre les clients et je ne prends que ceux qui ont déjà des commentaires. Je suis aussi toujours présent au moment de louer la voiture afin d’établir un contact humain, vérifier les papiers et instaurer une confiance des deux côtés. »

Pour lui, l’aspect financier n’est pas important, il loue simplement ses voitures pour rembourser ses frais. « Je fais ça pour rendre service aux gens et que mes véhicules soient utiles. On ne peut pas remplacer les professionnels de la location, mais on complète l’offre. C’est un service moderne qui se développe vite. Mes amis m’ont suivi et commencent à mettre leurs voitures en location. Aujourd’hui, on vit dans un monde où l’on doit tout partager et le commerce doit s’y adapter. »

S’il n’a pas encore eu de problèmes en deux ans, il lui arrive cependant de recevoir de mauvaises nouvelles dans sa boîte aux lettres. « J’ai déjà reçu des contraventions chez moi, mais les sites internet gèrent ça avec la personne en cause. C’est aussi pour ça que je préfère passer par un site, car ils sont là pour nous couvrir en cas de problème. »

Alexis TAYEB