Ils sont patrons
En toute
Franchise

L'enquête du Progrès Économie

La franchise continue de séduire les candidats à la création d’entreprise, y compris chez les néophytes, qui peuvent s’appuyer sur un modèle éprouvé. Un tremplin sur lequel entendent s’élancer de nouveaux aventuriers lyonnais, et d’autres patrons plus confirmés. Le Progrès Économie les a rencontrés.

La franchise a toujours le vent en poupe. En témoigne la tenue, jeudi à Lyon, de la 11e édition du Forum Franchise de la CCI Lyon Métropole (1). De quoi donner des idées à ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Formation, aide à la recherche d’un local… La présence du franchiseur et de son savoir-faire en background peut amener à lever les derniers freins à la création d’entreprise.

Même s’il existe des contreparties, à commencer par le versement d’un droit d’entrée, de royalties ou le respect d’un cahier des charges. « La franchise a quelque chose de rassurant », confirme Marc David, responsable Animation Réseaux Commerce à la CCI Lyon Métropole, « elle permet de réitérer un succès, à condition de bien choisir son réseau et d’avoir un franchiseur sérieux. ». Des réseaux justement, la Fédération française de la franchise en recensait 2004 en 2018 en France (1976 en 2017), pour 75 193 points de vente et un CA global de 62 milliards d’€.

Au niveau local, le recensement apparaît plus dur : « La franchise n’est pas un statut juridique », précise Marc David, à propos de sociétés pouvant avoir des noms éloignés de l’enseigne à laquelle elles sont liées. Sur le périmètre de la CCI, une estimation est avancée : 120 à 150 têtes de réseaux et de 6 000 points de vente, tous domaines confondus.

Le Ninkasi, enseigne de restauration-brasserie spécialisée dans la fabrication de bières, portée par Christophe Fargier, fera partie des enseignes locales présentes au Forum Franchise de Lyon.
À l’image d’autres franchiseurs rhodaniens,
telle La Vie Clair

Valérie Bruno

Un droit d’entrée de 17 000 euros

Le dynamisme s’illustre « dans les services au sens large » selon Marc David, aux particuliers et aux entreprises. « La finance est assez présente, avec des courtiers, la grande distribution alimentaire également, toutes les enseignes s’y sont mises […]. Il y a les cafés, les hôtels, la restauration avec le snacking… ». Un panel large, dont le Forum Franchise sera représentatif avec 150 exposants, une trentaine de workshops, des experts. « Il y a un coût, celui du droit d’entrée, de 17 000 €, en moyenne.

Il varie en fonction du savoir-faire, il faut que le franchisé soit aussi en capacité de se projeter dans l’avenir. Le contrat moyen est de 5 ans ; Quand on est dedans et que cela fonctionne, on continue ». Le cas pour les « franchisés-récidivistes » que Le Progrès Économie est allé rencontrer, tel Maxime Balouzat (Afflelou, P. 5) ou de ces nouveaux aventuriers (P. 4) qui ont choisi de relever un nouveau défi avec Le Ninkasi ou Pizza Cosy. Avec l’espoir d’écrire leur success-story.

Valérie BRUNO

(1) 9 h 30 à 18 h, Cité Internationale de Lyon. franchise@lyon-metropole.cci.fr

Avec Essentiel & Domicile

tout roule

pour Jean-Jacques Godet

2019 était un cap. Celui de la 20e agence, la 19e en franchise. À raison de cinq à sept nouvelles franchises par an, Essentiel & Domicile (Dardilly) poursuit sa croissance partout en France. Treize ans après avoir fondé son entreprise de services à la personne, Jean-Jacques Godet confirme son modèle.

« Dès 2006, nous avons fait le pari que proposer des services de qualité, avec du personnel qualifié, et des prix un peu plus élevés, serait pérenne », relate le chef d’entreprise de 59 ans. Parmi les neuf services proposés, le ménage, le maintien à domicile et le jardinage représentent 80 % du chiffre d’affaires (CA). « Nous comptons parmi les clients autant d’actifs que de retraités », constate celui qui a d’abord fait carrière pendant 25 ans dans des groupes de logistiques, Gefco et DHL, où il a géré jusqu’à 1 000 collaborateurs.

L’agence pilote de Collonges-au-Mont-d’Or ayant converti l’essai, Jean-Jacques Godet a sauté le pas de la franchise en 2014. « Le ticket d’entrée est d’environ 28 50 €, comprenant l’exclusivité d’un secteur, des outils de communication et des formations, avec une redevance de 5 % sur le CA », détaille le franchiseur. Brignais, Craponne, Écully, Genas, Collonges : en plus des 5 agences du Rhône, le réseau s’est étendu en Loire-Atlantique (4 agences), Ille-et-Vilaine (4), Isère (1), Seine-et-Marne (1), Haut-Rhin (1), Savoie (1), Loiret (1) et Nord (1).

« Le marché dispose d’une belle visibilité : en 2050, on estime qu’il y aura 30 % de retraités », analyse Jean-Jacques Godet pour qui le potentiel de développement, dans l’absolu, peut être de 300 agences en France. Ce ne sont pas les résultats du réseau qui démentiront ces perspectives. 4,4 millions d’€ de CA ont été réalisés sur les 9 premiers mois de 2019. Soit presque autant que sur la totalité de 2018. 150 embauches sont prévues en 2020 en France pour supporter une croissance estimée à +30 %, liées aux prochaines ouvertures à Rennes, Nantes, Brignais, Toulouse et Genas.

Yann FORAY

« Un franchisé doit bien étudier
son secteur d’implantation »

Clément Chevalier
Directeur de My Presqu'île (Tendance Presqu'Île),
qui fédère les commerces du centre ville

Quelle place occupe la franchise dans le centre-ville de Lyon ?


« Il y a globalement 40 % d’enseignes nationales et internationales dans le centre de Lyon, mais c’est variable selon les quartiers, avec un pourcentage par exemple plus élevé sur République/Grand Hôtel-Dieu. Il peut ici y avoir des franchisés mais aussi des filiales. Les indépendants représentent 60 % des enseignes du centre ».

Le commerce en franchise porte-t-il aujourd’hui une dynamique sur la zone ?

« Si une dynamique peut être portée par les franchisés, la force du centre-ville réside dans les concepts qui sortent du cadre des chaînes uniformisées, avec des concept-stores innovants, ou encore un tissu de créateurs, d’artisans… Des franchisés peuvent en effet être des locomotives, mais on a aussi des grands réseaux qui sont en difficulté, avec un maillage du territoire trop dense. C’est le cas dans le prêt-à-porter, il y a un resserrement sur ce segment-là. Les enseignes les plus porteuses cherchent à venir en centre-ville, malgré le poids des loyers, qui peut être un frein […]. Il y a aujourd’hui, par exemple, un potentiel sur les enseignes bio ».

Que recherchent les franchisés en venant dans le centre, au-delà du flux ?

« On vient chercher une image de marque, c’est certain, malgré la pression des loyers, qui ont tendance à augmenter. Il y a des secteurs, des rues qui restent plus accessibles, comme les rues de Brest ou Chenavard, avec parfois des cellules plus petites. Un franchisé doit bien étudier son secteur d’implantation. Il peut ainsi y avoir des pôles, par exemple, sur l’habillement, le sportswear, et cela peut être intéressant de surfer sur ces dynamiques […]. Notre rôle est aussi de préserver ces équilibres-là ».

Propos recueillis par V. B

Financer sa franchise :

les erreurs à éviter

Aurélien Calligaro se renforce dans l’Ouest lyonnais avec Stéphane Plaza

À 36 ans, Aurélien Calligaro est entrepreneur dans l’âme. Depuis 2017, c’est sous la franchise immobilière Stéphane Plaza que ce diplômé d’école de commerce (HEC Montréal, EM Lyon) écrit son histoire.

« Mes études achevées, j’ai créé un site internet qui proposait à la vente des produits manufacturés en France. En parallèle, je mettais un pied dans l’immobilier avec des investissements locatifs sur le Sud-Ouest Lyonnais », se souvient-il. L’essai est transformé puisqu’il enfile dès 2009 la double casquette d’agent immobilier indépendant et de courtier en prêt.

« La franchise s’est alors imposée à moi. Son coût est certes élevé, mais en contrepartie, on dispose d’une marque, d’un accompagnement et d’une puissance de communication. » Convaincu, il signe en 2016 avec le réseau Stéphane Plaza Immobilier, investissant près de 200 000 € dans son agence de Saint-Genis-Laval. Un secteur géographique qu’il juge particulièrement porteur. « La clientèle est attirée par la verdure, les prix accessibles et l’arrivée prévue du métro. »

Inaugurée en 2017, son agence a réalisé 400 000 € de CA la première année avec la seule activité transaction. Pour conforter sa position dans le sud-ouest de Lyon, il a inauguré en juillet une seconde agence à Brignais.

Daniel COHEN

Thierry Rolland a ouvert

son agence immobilière de

luxe

Ce n’est pas un secret : le marché de l’immobilier lyonnais se porte très bien. Celui de l’immobilier de prestige aussi. Les professionnels du secteur avancent leurs pions pour saisir les opportunités, à l’image de Coldwell Banker, réseau mondial américain créé en 1906 présent dans 49 pays à travers 3 100 bureaux.


« L’attractivité de la ville monte. Elle attire plus de gros investisseurs », observe Thierry Rolland. Le nouveau franchisé de ce réseau vise la vente de biens valorisés à plus d’1,5 million d’euros dans la métropole. Il s’agit du positionnement de Coldwell Banker, que Thierry Rolland a rejoint… un peu par hasard.

Cet ingénieur de formation, également diplômé de l’EMLyon, a eu plusieurs vies professionnelles dans les secteurs de l’ingénierie, du portage salarial ou encore du handicap. « Je souhaitais lancer une activité, j’étais à l’écoute. Coldwell Banker m’a contacté », raconte-t-il. « Je n’ai pas eu d’expérience dans l’immobilier, mais mon profil intéressait le réseau car je connaissais la région ainsi que la création et la gestion d’entreprise. Se lancer en franchise, c’était très rassurant ».

Entouré de deux consultants, Thierry Rolland cherche à en recruter une dizaine d’autres pour dynamiser le démarrage de la franchise. « Nous avons encore peu de recul pour annoncer des ambitions chiffrées », explique le franchisé, prudent. « Les opportunités sur le marché de l’immobilier de prestige à Lyon se situent dans les 1er, 2e, 3e, 5e et 6e arrondissements. Le marché est tendu, les volumes de ventes sur cette niche augmentent ».

Yann FORAY

Deux anciens informaticiens

cartonnent avec le

Ninkasi

Ils se sont rencontrés à Cegid, éditeur de logiciels lyonnais. Il leur a fallu une dizaine de mois pour ouvrir leur franchise Ninkasi à Champagne-au-Mont-d’Or, en mai 2018. Ce concept de restauration lyonnais, mêlant bière et burger, a été créé en 1997, par Christophe Fargier, qui possède aujourd’hui une vingtaine de franchises dans la région.

Un apport de 200 000 euros

« La restauration était un monde inconnu pour nous », raconte Fabrice Bert. « Se lancer en franchise offrait un accompagnement au démarrage et une formation de terrain, c’était rassurant pour nous et pour les banques ». Car un investissement d’1,1 million d’euros a été nécessaire, en plus du ticket d’entrée de 40 000 euros, pour démarrer l’activité. Un apport de 200 000 euros leur a été demandé. Après une première année d’exploitation, les résultats de l’enseigne qui emploie 18 salariés sont là : 1,5 million d’€ de chiffre d’affaires réalisés en treize mois. « 100 000 € au-dessus de nos prévisions », observe Fabrice Bert, pour qui la localisation du restaurant est idéale, « le long de l’avenue Général-de-Gaulle, entourée d’entreprises et de commerces ». Forts de cette première expérience, les deux associés ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. « Notre projet d’origine consiste à avoir deux ou trois restaurants. Nous espérons ouvrir la prochaine franchise en 2021, en région lyonnaise car nous devons être présents dans l’établissement pour que cela fonctionne », estime Fabrice Bert.

Avec Afflelou,

Maxime Balouzat

a eu une vision entrepreneuriale

Il avait à peine plus de 20 ans, lorsqu’il est devenu franchisé d’un magasin d’optique Afflelou, à Oullins. Il en a aujourd’hui 30. Co-propriétaire de 4 magasins Afflelou (le 5e, à Tarare, est en cours de vente), Maxime Balouzat a très tôt eu la vision de ce que pouvait être son avenir. « En 1re année de mon BTS d’opticien, j’ai fait un stage chez Afflelou à Villeurbanne […]. J’ai eu une promesse de place pour la suite », Salarié d’un magasin de l’enseigne à Meyzieu à son entrée dans la vie active, Maxime Balouzat voit le responsable de ce magasin partir pour ouvrir une boutique. De quoi lui donner des idées.

« J’avais envie de monter un magasin, j’ai appelé le siège. J’ai expliqué mon projet au développeur de l’enseigne […]. Il m’a dit qu’une ouverture n’était pas dans les projets, mais qu’un magasin était à vendre, à Oullins. Je me suis retrouvé avec des bilans du magasin dans les mains, je ne savais pas quoi en faire. Je suis allé voir mon ancien prof’de gestion, qui m’a donné des conseils […]. Je me sentais capable de le faire, mais mon jeune âge a été un frein. J’ai eu des refus de prêt. Il faut dire que j’empruntais 490 000 €… ». Il finit par accepter.

Le coup d’essai est un coup de maître. Maxime embauche à Oullins, un ex-camarade de promo, Arthur Desplaces… qui lui propose une association pour le rachat d’un autre Afflelou en franchise, à Tarare. Maxime cède la moitié du magasin d’Oullins à son associé, avec lequel il reprend celui de Beynost, puis Francheville et enfin Ecully (1,1 million d’investi). Avec un CA cumulé de 3,9 millions d’€ HT (23 salariés), la success-story est constituée. « La franchise a un côté rassurant, il y a du monde derrière, une notoriété. Le plus compliqué, c’est d’appliquer la même chose avec la même intensité dans chaque magasin. »

Valérie BRUNO

Jean-Baptiste Repellin goûte
à la franchise avec Pizza Cosy

En se lançant en juillet 2019 sur le concept de franchise Pizza Cosy (Lyon 4e), Jean-Baptiste Repellin n’en était pas à son coup d’essai en tant qu’entrepreneur, fonction explorée dans le monde du bâtiment. « Emballé » par le concept dont il était client sur la région stéphanoise, il a franchi le pas, en partant à l’abordage d’un secteur, la restauration, dont il ne connaissait pas les rouages.

Il n’a pas hésité à plonger dans cet univers, séduit « par le positionnement pizza premium » de l’enseigne, « avec des produits de qualité, frais, et une cuisson au feu de bois ». Il s’est associé sur ce projet avec son demi-frère, Jean Boutang. Le Pizza Cosy de la Croix-Rousse, « premier magasin sur Lyon intra-muros », a nécessité un investissement de 500 000 € tout inclus et compte 7 salariés.

L’objectif de chiffre d’affaires est de 675 000 € sur un an. Pour le gérant, entreprendre en franchise apparaît « rassurant. Le concept a fait ses preuves, il y a un positionnement de la marque, une identité visuelle, une architecture de magasin, une centrale d’achat… La franchise nous accompagne […]. Le moment le plus difficile a été l’ouverture. Quand c’est parti, on est dans le dur. Il y a 2 à 3 mois de réglages. On en retire beaucoup une fois que c’est passé. Il y a beaucoup de rigueur, d’exemplarité. Il faut être bon et qualitatif tous les jours. C’est une formation accélérée et sans filet ».

Après Sushi Shop

Qu Xinliang Yang

a diversifié son offre

Ses parents étaient restaurateurs traditionnels dans la région parisienne. Qu Xinliang Yang, 45 ans, a lui choisi le concept de la franchise pour se développer. En tandem avec son frère et associé, il a pris le temps de choisir. Pendant plusieurs années, il se souvient être allé Porte de Versailles, à Paris, sur le Salon de la franchise, pour s’imprégner des enseignes mais aussi « sentir le marché et les tendances ».

Celle des sushis s’est imposée. Les deux hommes ont sauté le pas en 2010 avec un restaurant Sushi Shop, en franchise, à Lyon-Bellecour : « On ne savait pas si le sushi était un effet de mode ou pas, s’il allait durer dans le temps. On peut gagner ou on peut perdre […]. Un contrat de franchise, c’est un peu comme un contrat de mariage », décrit le codirigeant. Unis pour le meilleur…

Selon l’entrepreneur, la présence de l’enseigne qui accompagne son franchisé a son importance : « On est épaulé au niveau marketing par exemple. La franchise apporte un savoir-faire, elle a mis en place des standards de production, d’aménagement… ». Un cadre à appliquer. Pour Qu Xinliang Yang, la recette a pris. Trois autres Sushi Shop sont nés : à Tassin et Confluence (2012), puis Jean-Macé (2017). « Confluence est un peu atypique, c’est le seul où n’y a pas de livraison, mais du surplace et à emporter ». Avec une centaine d’équivalents temps plein, il réalise environ 7 millions d’€ de CA sur ces 4 entités en consolidé.

Pour continuer à se nourrir de nouveaux concepts, les deux associés ont misé sur Bistro Regent (4 restaurants depuis 2014 : rue des Marronniers, Saint-Priest, Dardilly, Confluence – moyenne de CA : entre 700 000 et 1 million d'€ par site) et Ninkasi en 2018 à Tignieu (38) : « Avec 9 sites, il faut bien structurer les équipes, bien digérer les ouvertures, sur des marchés différents ».

Valérie Bruno